2 - Le Sova DE CoLomeie, VENDRED! 9 sUILLET 1993 —NFoRMATION Avant méme l'application de la loi 86 Le Québec ouvre la porte a l’affichage bilingue Alors ove la loi 86 w’esT PAS ENCORE ENTREE EN VIGUEUR, le Québec s’ouvre rapidement A Uaffichage en anglais. Une révolurion paisible. Alors que la loi 86 n’est pas encore entrée en vigueur, voila que les “touristes rooms” et quelques appellations du genre se sont mis a pousser comme des pissenlits dans la cour des Montréalais. A Québec, dans le bastion de la francophonie en Amérique, c’est leméme scénario. La trés courue Grande Allée offre aux touristes des “Bonjour ! Welcome !”. Plus surprenant encore est l’accueil des Québécois. La loi a beauredonner une place al’anglais dans 1|’affichage (ou une autre langue), ils ont 4 peine haussé les épaules. Un grand rassemblement contre la Loi 86 4 Montréal, a la mi-juin, s’est transformé en une rencontre intime pour les nationalistes purs et durs. Faut-il croire que les enjeux linguistiques n’arrivent plus a émouvoir les francophones de la seule majorité du continent ? Du reste, méme le budget provincial qui vient volontiers piger dans leurs poches, ne les a pas fait bouger davantage. Peut-étre y-a-t-il en quelques frissons lors dela victoire des Canadiens en finale dela Coupe Stanley, mais a part cela, c’est le calme plat. L’ absence de débat public ne veut quand méme pas signifier que le bilinguisme dans |’affichage est accepté d’emblée par la population. Il continue tout de méme de diviser les Montréalais si on en croit un sondage réalisé par Sondages pour le compte du quotidien Le Devoir en mai. Si la majorité (56,9 pour cent) des résidants de la région métropolitaine donne son appui 4 L’ajoutd’une autre langue auxcotés' du francais sur les affiches des commerces, il yen a tout autant qui défendent le statu quo (lire: l’unilinguisme frangais). Mais la Loi 86 ne tranche pas aussi aisémententre les langues de Gilles Vigneault et de Mordecai Richler. Chose certaine, c’est que le francais devient prédominant, mais pas seul 4 bord, 4 quelques exceptions prés. Le ministre responsable, Claude Ryan, y est allé de quelques précisions difficiles a suivre qui devront s’éclaircir d’ici le dévoilement des derniers réglements, 4 la fin de 1’été. Cen’est qu’al’automne que la loi sera en application. Laffichage commercial Le petit commercant pourra ajouter “Funeral Home” 4 son “Salon funéraire”, méme si les grands panneaux-réclame resteront Selon la Loi 86, la raison sociale des commerces peut s’inscrire en anglais, en autant que “Ja langue francaise figure defagon au moins aussi évidente”. Méme chose pour les musées, zoos, expositions, sites touristiques, congrés internationaux ou encore pour!’ affichage en matiére de santé et de sécurité publique. Pour tout autre affichage public ou publicité commerciale, le francais doit y figurer de fagon nettement prédominante, d’aprés le nouvel article 58 de la Charte de la langue francaise. En clair, la prédominance du frangais se mesurera a 1’oeil : deux fois plus de francais que d’ anglais sur une méme affiche, deux fois plus d’espace, des caractéres deux fois plus gros. Le bilinguisme (avec prépondérance du frangais) entre aussi par la porte arriére de l’Etat. Les sociétés gouvernementales telles Hydro-Québec, Loto- Québec, la Société des alcools du Québec se vendront désormais a l’étranger en deux versions. Les panneaux du ministére des Transports, dans un rayon de 15 kilométres des frontiéres, arboreront aussi |’ anglais. Seuls les services de transpport (métro, autobus, abribus) pourront garder leurs affiches intactes. L’unilinguisme anglais, ou]’utilisation d’une autre langue, sera permis dans l’affichage ou la publicité de produits reli¢és a 1’industrie Le mouvement cooperatif francophone 66 millions de membres Lassemblée annvelle du conseil canadien de la coo- pérarion s'est Réunie€ dans Vile-du-Prince-Edovard. L’occasion de faine le poinr. La coopération en frangais au Canada, c’est 6 605 982 membres, ce sont des chiffrs d’affaires annuels combinés totalisant 5 milliards et demi de dollars, et des actifs de prés de 61 milliards et demi de dollars. Pour le président réélu du Conseil canadien dela coopération, Raymond Gionet du Nouveau- Brunswick, il ne fait pas de doute que le mouvement coopératif est une force a prendre au sérieux. Mais la vitalité du mouvement coopératif francophone et acadien varie beaucoup d’une province a |’ autre. Ces disparités expliquenten grande partie le mandat qu’a regu leconseil d’adminstration du CCC de revoir sa structure et son mode de fonctionnement. Le présient Gionet n’exclut pas la possibilité que le CCC adopte une représentation régionale, un peu comme celle de la Fédération culturelle (que certaines provinces ont eu de la difficulté a accepter), mais il a aussi indiqué que de nombreuses options seront étudiées etsoumises al’ assemblée annuelle l'année prochaine en Alberta. L’assemblée annuelle du Conseil canadien dela coopération avait lieu en fin de semaine derni¢re dans la région Evangéline, a I’fle- du-Prince- L’ Alberta est justement l’une des provinces ou le mouvement coopératif en frangais est faible, de méme qu’en Colombie-Britannique, quin’a pas pu nommer un représentant au Conseil d’ administration du CCC. Le poste reste donc 4 combler. Soucieux de répondre a la volonté grandissante et légitime des femmes de participer a part entiére et a tous les niveaux au mouvement coopératif, le CCC a commandé une étude de type “recherche-action” portant sur “F’accession des femmes a des postes de pouvoir au sein des mouvements coopératifs francophones”. Au terme de cette recherche-action, deux guides de référence ont été produits, l’un intitulé “Devenez une dirigeant de coopérative” et s’adressant aux femmes; le deuxiéme intitulé !Un atout pour |’ avenir : la participation des femmes a la démocratie coopérative”, s’adressant aux dirigeants de coopératives. La Fédération nationale des femmes canadiennes-frangaises (FNFCF) suit le dossier de prés. Sa présidente, Gyslaine Foulem, ne nie pas que des femmes dirigent des coopératives, mais ce sont le plus souvent des coopératives d’artisanat. Ca n’est pas mal en soi, mais elle voudrait voir des femmes devenir dirigeantes des caisses populaires et des coopératives d’alimentation. “Je réve du jour ot on remettral’ Ordre du mérite coopératif canadien a une femme”, a-t-elle confié. (Le conseil d’administration du CCC ne compte qu’une seule femme : Aline Gosselin-Lemieux du Manitoba, qui a été élue secrétaire.) : APF culturelle (livres, cassettes...) ou encore a des événements ciblés pour des auditoires spécialisés. Le gouvernement seréserva aussi le droit de déterminer “les circonstances oi |’ affichage public etlapublicité commerciale doivent se faire uniquement dans une autre langue”. Il y aura donc possibilité de dérogations, contrairement a la Loi 101. Enseignement et travail Le grand changement en ce qui a trait a la langue d’enseignement, c’est l’admissibilité 4 1’école anglaise. Maintenant, tout parent qui a fréquenté 1’école anglaise au Canada peut envoyer ses enfants 4 - Pécole de son choix au Québec. Auparavant, les bancs des écoles anglaises étaient réservés Clin d'oeil strictement 4 ceux qui avaient étudié dans ces mémes institutions au Québec. Le ministére de |’Education créera du méme coup des classes d’immersion pour les jeunes éléves francophones. Le francais demeure la seule langue de travail au Québec, méme si on enterre la Commission de la protection de la langue francaise, qui jusqu’ici veillait au grain pour faire respecter ladite loi. C’est maintenant!’ Office dela langue frangaise qui devra se faire a la fois police et promoteur du francais auprés des entreprises, entre autres. Un mandat élargi qui, somme toute, ne devrait pas étre facile 4 remplir. APF Président-directeur : Jacques Baillaut Rédacteur en chef : Frédéric Lenoir Catherine Lannoy. Ventes: Jean-Yves Bergeron Vancouver, C.-B., V6A 2W3. impression: Horizon Publications Administration et gestion : Noélle Mathis Journaliste - photographe : Pierre Longnus Infographisme : Suzanne Bélanger, Eric Cété Correspondant national : Yves Lusignan (Agence de presse francophone) Collaborateurs : Claudine Lavallée, Marielle Croft Le seul journal en frangais 4 l'ouest des Rocheuses “SANS PEUR NI FAVEUR" Collaborateurs Arts et spectacles : Marie-Louise Bussiéres, Nigel Barbour, Marie Michaud, Marc Fournier, Yvan Brunet, Claire Bédat, Louis Anctil. Ouverture du journal : 9h a 17h, du lundi au vendredi Toute correspondance doit étre adressée au Soleil de Colombie, 980 rue Main, Tél : (604) 683-7092 ou 683-6487. Fax : 683-9686. L'abonnement annuel coiite 25$ au Canada, 30$ a I'étranger. Le journal Le Soleil de Colomble est publié par Le Soleil de Colombie Ltée. Enregistré comme courrier de deuxiéme classe. No 0046. - TPS No R 103242624 ainsi