16 - Le Soleil de Colombie, vendredi 15 maz 1987 Suite de la premiére page multipliait, c’est 14 que je verrais le plus grand danger pour notre communauté lorsqu’arrivera l’an 2000. N’oublions pas que nous ne représentons que 1,7% de la population totale de la province. Tomber beaucoup plus bas serait une catastrophe. Admettons que nous puissions lancer une grande campagne de natalité chez les Francophones, qu’est-ce qui attend ces enfants? En simplifiant un peu, l'on pourrait affirmer que pour survivre dans sa langue , toute société a absolument besoin de voir ses droits reconnus dans les domaines suivants: © L’EDUCATION Le droit a l'éducation restera la revendication majeure des mino- rités de langues officielles tant que les gouvernements provin- ciaux, et en particulier, le gouvernement de la C.B., ‘n’auront pas l’honnéteté de reconnaitre et d’appliquer les dispositions de l'article 28 de la Constitution canadienne. I] faut également obtenir de pouvoir gérer nos écoles et de pouvoir mettre sur pied une commission scolaire provinciale francophone qui s’assurerait de la qualité de lenseignement dispensé en fran- Cais. Il faut avoir accés a des cours d’éducation continue en frangais et a des programmes au niveau post-secondaire en francais. ®@ LA JUSTICE Le droit a légalité devant la justice est un droit élémentaire pour la plupart des pays civilisés. Tant que l'article XIV.I du Code criminel n’aura pas été pris en application en C.B., il n’y aura pas d’égalité devant la loi. L’article XIV.I reconnait a Paccusé le droit de se défendre dans l'une ou l’autre des deux langues officielles. Le procureur général de la C.B., M. Brian Smith, a répondu trés favorablement 4 ma requéte et annoncera publiquement Yapplication de l'article XIV.I dans les plus brefs délais. Ceci est une étape essentielle de franchie. © LA JEUNESSE Dés que l’on parle de l’an 2000, cest bien sir a notre jeunesse qu’on devrait aussitét songer et a mon avis c’est la que se gagnera ou se perdra la bataille. Or si ces jeunes n’ont pas accés a une éducation de qualité dans leur langue a tous les niveaux, ils s'assimileront. De plus, il faut leur faire prendre conscience que |’assimi- lation est une perte importante a une €poque ou toute. une génération de jeunes anglopho- nes fait des pieds et des mains Congrés '87 a ee Treize ans, un défi ¢ Trop de Francophones en C.B. ne savent rien de leurs droits, de l’existence de services en francais. Toutes nos associations locales peuvent les mettre au courant de la réalité francophone en C.B. pour devenir bilingue. Je suis personnellement fort encouragé de voir que le dossier jeunesse est trés actif et que la cooperation entre FFC et Emploi et Immigration se _ renforce constamment. Jaimerais maintenant ‘me pencher sur un phénoméne qui transforme petit a petit la réalité de l'Ouest :.]’immersion. Un des dangers inhérents a l'immersion est qu’elle a souvent eu tendance a provoquer la mort des petits Programmes-cadres de francais par osmose, les parents ne faisant pas toujours la différence entre les deux programmes. L'immersion peut méme mena- cer nos rares écoles francophones en s'installant simplement dans la méme école. L’école Brodeur a Victoria a ainsi été menacée cette année. I] ne fait aucun doute que la cohabitation se montre généralement fatale pour les écoles francophones. Il faudra donc rester vigilants. Ayant assisté au congrés annuel du BCPF il y a deux semaines, j’ai été heureux de voir que la présidente nationale ainsi que la présidente provinciale de CPF (Canadian Parents for French) se rendent compte du danger qui plane sur l’école Brodeur. Mes discussions avec toutes deux m’aménent a croire que le danger peut étre évité. D’un autre cété, le phénoméne de limmersion a montré la volonté d'une partie non négligeable de la population anglophone de voir ses enfants devenir bilingues; ce qui par contrecoup semble avoir fait tomber les barriéres traditionnel- les qui se dressaient entre les deux communautés. Plus l’assimilation s’intensifie, plus le modéle traditionnel du Francophone bilingue par néces- sité et de l’Anglophone unilingue se transforme de facon radicale. On pourrait envisager une génération anglophone bilingue ainsi qu'une génération franco- phone unilingue de langue anglaise, ce qui sear une tragédie. Garder a la C.B. sa modeste dualité linguistique et culturelle est sans aucun doute d’abord la responsabilité du gouvernement fédéral et dans une moindre mesure celle du gouvernement provincial. Je dirais méme que le Québec a un réle déterminant a jouer dans la préservation de nos communautés. Mais c’est avant tout aux. individus de se prononcer et de décider s'ils veulent garder leur langue ou non. _ voici une petite liste de ce qui pourrait se faire: a Yoccasion; ses enfants seront ¢Le complexe d’antan du Francophone devrait disparaitre totalement pour faire place 4 une profonde fierté d’étre francopho- ne. N’oublions pas que le Québec est devenu une puissance économique, culturelle, etc. au sein du Canada. ell faut que davantage de Francophones suivent l’exemple d’Olga Kempo et se présentent a des élections municipales, pro- vinciales, nationales. ° Il faut absolument tenir plus de place au sein des médias anglophones pour faire découvrir la minorité a la majorité. e Il faut propager une culture vivante et de qualité. e Il faut utiliser et encourager nos propres médias (Le Soleil, Radio-Canada...). ell faut mettre l’accent sur l’excellence dans tout ce que nous entreprenons et s’y tenir. e Il faut développer les services de base en francais et convaincre le secteur privé que des services bilingues peuvent augmenter sa clientéle et donc ses bénéfices. Bien que partout sur le continent nord-américain il y ait un retour aux sources de la part des Francophones _assimilés depuis quelques générations (voir l'engouement pour Jack Kerouac), il n’y a aucun doute que la place de la langue francaise dans le monde est menacée. Ironiquement, le pro- bléme de survie des Francopho- nes en C.B. rejoint celui du Québec et méme de _ la francophonie internationale. Florian Sauvageau, co-auteur du rapport sur la politique de la radiodiffusion canadienne, souli- gne souvent le fait que méme la France se voit envahir dans sa langue et sa culture par la domination mondiale des médias américains. ey | eee Comme il faut malgré tout terminer sur une note optimiste, jaimerais soulitner deux exem- ples qui devraient devenir symboliques pour nous: La ténacité est payante. Paul Picard, président de |’ Association francophone de Kootenay-Ouest, sest battu pendant presqu’un an pour pouvoir avoir accés a Radio-Canada dans sa région. II vient de gagner cette bataille et nous montre donc un bel exemple de réussite. Léo Piquette, député en Alberta, par sa modeste question en francais a rallumé bien des passions. Mais son geste et le brouhaha quil’a suivi ont montré au reste du Canada la situation précaire dans laquelle se trouvent les minorités francophones de l’Ouest. Jespére qu'il y aura d’autres Léo Piquette si l’on ne | veut pas que le soleil se couche sur les minorités francophones de l'Ouest. Yves Merzisen, président de la FFC Deux hypothéses pour l’an 2000 Les Franco-Colombiens de l’an 2000 . = Je ne sais pas quel effet ¢a vous fait un tel théme. Quant a moi, jaisenti un léger vent de panique aprés l’avoir entendu pour la premiére fois. En ]’an 2000 et si nous continuons sur la méme voie, le Francophone moyen de Colombie s’exprimera en francais sans doute plus a l’aise de communiquer en anglais qu’en francais; il y aura toujours quelques individus qui donne- ront temps et énergie pour réaliser un réve en utilisant les ressources du milieu; d'autres se joindront aux organismes franco- phones subventionnés oi ils occuperont un poste de direction. Le phénoméne le plus intéressant et, nul doute, le plus significatif pour la population francophone de la province, sera lapport de la population anglophone bilingue. En effet, les statistiques indi- quent que, d'ici 10 ans, hors Québec, il y aura _ plus d’Anglophones parlant francais que de Francophones. Quelle sera donc la politique fédérale en matiére de bilinguis- me et de support aux associa- tions? Un revirement quelconque est inévitable. Qui seront les hauts fonctionnaires fédéraux chargés de la mise en application des dites politiques? On peut supposer qu’ils seront anglopho- nes, bilingues, bien intentionnés - et sans doute plutét enclins a supporter leur minorité et non la notre. Qu’adviendra-t-il de la population francophone hors Québec? Outre le fait qu’elle sera doublement minoritaire, qui sait! D’un autre cété, soyons positifs: sil’on joue bien ses cartes, nous en sortirons gagnants. Suite a ces trois questions l’on peut émettre deux hypothéses de travail qui inévitablement néces- “sitent la participation de la F.F.C. La premiére hypothése: status quo au niveau des politiques de développement de la Fédération, d’ot. épuisement graduel des ressources humaines au profit des régions de 1’Est, vieillissement des structures et lent naufrage dans les eaux troubles du folklore. La seconde hypothése: approche dynamique et systématique au développe- ment communautaire par la Fédération, favorisant la prépa- ration d’un plan de développe- ment a long terme, en fonction des besoins réels de la population et des ressources disponibles, et sa mise en application. Cette deuxiéme hypothése qui dailleurs pourrait trés facilement se transformer en scénario, est d’autant plus réalisable mainte- nant que certains organismes francophones ont si mettre en place des structures permanentes viables. Jusqu’a ce jour, la F.F.C. - alourdie par un systéme bureau- cratique ou les mécanismes de contréle sont plus nombreux que les résultats et sujets a la réorientation annuelle de ces a a i se es me me es es ee ee es es ce eS ee CONCOURS de PHOTOS Remplissez ce formulaire d'inscription et validez-le le 24 mai aux Jardins Van Dusen NOM PRENOM ’ ADRESSE CODE POSTAL TEL: Radio-Canada CBUF-FM/Vancouver ler Prix: Un appareu photo 35 mm sas dan priorités de développement - n’est pas en mesure de prendre en main les rénes du développement de la communauté francophone en Colombie. Par contre, c’est le réle qui lui revient et quelle pourrait assurer avec aisance si elle se dotait des moyens nécessaires. Par exemple: __ © Un conseil d’administration—_ dynamique et visionnaire compo- sé diindividus suffisamment matures pour laisser la place a d'autres lorsque leur portion du réle aura été réalisée ; © Un président entrainé 4 prendre des décisions, qui sache diriger, voire méme prendre des risques personnels, dans l’exerci- ce de ses fonctions ; ° Une structure bureaucratique allégée dont le réle serait essentiellement politique aug- menterait l’effet de rayonnement des différents organismes de notre communauté : Je m/’arréte ici. La clé est sans doute au niveau des élections a la présidence. Je me suis laissé dire que deux candidats s’affrontent: (1) Le status quo (lére hypothése) et (2) la prise en main de notre destinée (2@me hypothése), c’est-a-dire la mise : en place d'une équipe de direction capable d’étre, par ses actions et la nature méme des individus qui la composent, lélément catalysateur des im- menses ressources inexploitées de notre communauté. ; Claude Roberge Vancouver alti eet ‘-_ “SOLE” DE COLOMBIE.