Ces réves se concrétisent dans le silence, des étres prennent forme et se font apprivoiser comme la fleur dans le conte de Saint- Exupéry. Et le réve devient réalité. Réalite peuplée d’étres hu- mains, animée de musique, de chant et de danse, d’ot le besoin chez l’auteur d’ajouter a cette mélodie le son des mots et le rythme des poémes La référence au Petit Prince méne tout droit au monde de |’en- fance, monde de nostalgie qui hante l’esprit de l’artiste. Lorsque jouvre ce livre, dira auteur de l’'avant-propos, j’ai la merveilleuse sensation de redevenir un enfant. Réve d’enfant que le poéme Echelle vers la lune corrobore fort bien -- la petite fille, poussée par la curiosité « ...prit sa longue échelle Et! accrocha au croissant de lune » pour s’assurer que c’est bel et bien le nid du poéte, un poéte réfu- gié au creux du croissant « tenant son luth endormi » Artiste de l'enfance, Francine Gravel ne peut se soustraire dans ses toiles comme dans ses poémes au réve de l'enfant. Le per- sonnage au premier plan est entouré d’un environnement pure- ment enfantin -- des petites maisons en rangée, comme des petits cubes au toit pointu et aux fenétres symétriques, des fleurs et des arbres alignés dans un ordre qui temoigne de beaucoup d’applica- tion et de concentration. Un ciel parsemer d’étoiles et souvent gar- ni d’un croissant de lune, parfois d’une pleine lune qui remplace souvent un soleil qui hélas se fait rare, parce que c’est la nuit qui incite au réve. Des oiseaux blancs -- colombe -- symboles de paix et de pureté, de proportions géantes en comparaison aux cabanes minuscules qui garnissent les toits des maisons. Pour tout dire, des tableaux qui présentent un monde imbibé de naiveté, d’innocence et de simplicité enfantines. Tels sont le charme de la peinture et la frai- cheur de la poésie de Francine Gravel. Simon Henchiri Francine Gravel, Dans un coin de Paradis, Saint-Constant (Québec) Broquet, 2004. 24