Le Moustique Evidemment, avec la civilisation, les remontées de poisons ont diminué et la truite des lacs d’altitude s’est faite plus rare. Il y a eu aussi des interférences de plus en plus grandes entre le développement de champs cultivés, leur irrigation et leur drainage, l’'abreuvage du bétail dans les cours d’eau d’une part, la croissance urbaine et routiére, l'abattage des arbres dans les foréts, le transport des troncs et le nettoyage des coupes d’autres part, et enfin habitat du poisson et le maintien de débits d’eau de qualité suffisante. 3. Et notre savoyard la dedans ? M’étant attaqué a la piste de Joseph Guichon, il me reste a y revenir. Je repris donc contact avec Guy Rose, et lui demandai des renseignements précis sur son grand-pére. || me fit envoyer des papiers dont beaucoup parlaient de I’hdétel Quilchema, construit par son grand- pére en 1908, et maintenant trés connu pour sa bonne cuisine et les bons vins qu’on y sert, son golf et ses ouvertures sur la vie en plein air. Et je me rendis vite compte qu’il ne s'agissait pas d’un seul savoyard, mais de toute une famille, et méme de plusieurs familles. L’histoire est assez prenante, et, méme aprés étre retourné dans la vallée voici quelques semaines, avoir longuement parlé avec Guy, obtenu de lui des copies de documents et apres mon retour a Victoria, avoir consulté les archives provinciales, jai impression d’avoir seulement commencé a comprendre la saga des Guichons et des autres savoyards qui sont venus en Colombie-Britannique au moment de la ruée vers l’or dans le bassin de !a Fraser... Page 6 Volume 3 - 11% édition Un Savoyard en Colombie-Britannique au milieu du dix-neuviéme siécle. (suite) Novembre 2000 Et voici ce que je sais maintenant de l'histoire. 3.1. Les débuts. Joseph était le quatrieme (ou le cinquieme) fils d'une famille de paysans pauvres de Chambéry-le-vieux, petite commune proche de Chambéry, capitale de la Savoie. II travaillait en louage dans |a famille Barbe, plus aisée que celle de ses parents. Le louage consistait pour les parents de familles pauvres et nombreuses, a placer leurs plus jeunes enfants comme apprentis, puis serviteurs dans les familles plus aisées. L’enfant devenait redevable en tout envers la famille qui louait ses services. II était nourri et habillé et quelquefois recevait un peu d’argent de poche. En échange, il devait consacrer tout son temps et toute son énergie au service de la famille qui le louait. Apparemment, Madame Barbe était assez bonne patronne, car elle avait mis Joseph a |’école, ou il avait appris a lire, écrire et compter. En 1857, il avait treize ans. Ses trois fréres, Charles, Pierre et Laurent, étaient partis en Amérique, attirés par |’or de la Californie. Arrivés a San Francisco en 1857 par lristhme de Panama (Il y avait alors un chemin de fer qui allait de Colon a Panama. Le canal n’est venu que cinquante ans plus tard), ils virent trés vite que la ruée vers lor était finie en Californie et qu’il leur fallait chercher autre chose. Au début de 1858, ils se joignaient aux foules qui se précipitaient vers le Caribou. Aprés quelques essais, Charles et Laurent renoncérent a la profession risquée et peu rémunératrice de chercheurs d’or. Pierre s’obstina. Ses deux autres fréres se lancérent astucieusement dans les transports de fret a dos de mule, entre Lytton et les champs auriféres. 2 Suivre....