2 Le Soleil de Colombie, Vendredi 21 Juillet 1978. PUBLIE PAR Téléphone: 879-6924 os 2 LES HEBDOS REGIONAUX aE — LE HEIL . LE MINI-QUOTIDIEN DE LANGUE FRANCAISE DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE Directeur: André Piolat Rédacteur: Jean-Claude Arluison Secrétaire: Lyne Paradis’ Mise-en-page: Richard Lussier EEK LE SOLEIL DE COLOMBIE LTEE, $213, rue Cambie, Vancouver, C.B., V5Z 2W3 Courrier de deuxiéme classe sous le numéro d’enregistrement 0046 DE COLOMBIE TF Association de la Presse § francophone Hors-Québec | Pensez aux petits “Un probleme ‘‘Imposant’’ Imaginons tout d’abord que vous n’étes pas journa- liste, donc que vous avez de l’argent a investir, puis analy- sons quelques-unes des pos- sibilités qui s’offrent 4 vous. Vous pouvez investir dans la prospection pétroliére — et demander immédiatement une déduction fiscale, car Ottawa encourage ce genre d'entreprise. Vous pouvez investir dans la construction d’immeubles locatifs — et demander im- médiatement une déduction fiscale, car Ottawa encourage la construction de ce genre dimmeubles. Vous pouvez investir dans la production cinématogra- phique canadienne — et de- mander immédiatement une déduction fiscale, car Ottawa encourage la production de films canadiens. Mais si vous voulez lancer une affaire, vous ne pouvez pas demander de déduction fiscale immédiate, car la pros- pection pétroliére, la cons- truction d’appartements lo- catifs et la production ciné- matographique sont jugées plus importantes, au Canada, que la formation d’entre- prises. Pourtant, rappelons que Ventreprise indépendante crée des emplois, augmente le PNB, améliore la balance des paiements, favorise l’in- vention de procédés et de produits nouveaux et dimi- nue la dépendance par rap- port a l’étranger. Eh bien! malgré cela, les lois fiscales actuelles encouragent I’inves- tissement dans le pétrole, les appartements et les films plu- tot que dans l’entreprise in- dépendante. Faut-il alors s’étonner que la petite entre- prise manque de capitaux d’investissement au Canada? Avant la réforme fiscale et Pintroduction de limpdt sur les gains en capital, les chefs d’entreprise pouvaient s’adresser 4 de nombreux in- vestisseurs pour obtenir les fonds nécessaires pour créer toutes sortes d’entreprises lo- cales. Mais l’impot sur les gains en capital a tué tout en- couragement a investir dans T’entreprise indépendante et les chefs d’entreprise consta- tent que leur source de capi- tal est tarie. Pour tenter de remédier a la situation, le gouvernement a créé la Banque fédérale de développement, organisme public qui peut investir dans lentreprise privée. Mais la bu- reaucratie a-t-elle jamais pu remplacer de facon satisfai- sante le fonctionnement libre du marché privé? Ces derniers mois, Ottawa a laissé entendre que I’on re- connaissait la gravité du pro- bléme. Aussi les fédéraux ont-ils décidé que quiconque perdrait son investissement pourrait déduire de son re- venu la moitié du montant perdu. La situation s’est amé- liorée, certes, mais ces me- sures sont-elles suffisantes? Si on accorde 50%, pourquoi pas la totalité du montant? Pourquoi l’employé qui es- saie de récupérer les pertes subies lors d’une tentative malheureuse ne pourrait-il ré- duire son revenu imposable de |’équivalent du montant perdu? Les investisseurs sont des gens intelligents, qui ont de argent a placer et qui le pla- cent 14 ot le rendement est le meilleur. Tant qu’Ottawa refusera de traiter sur le méme pied l’investissement dans les petites entreprises et l'investissement dans |’in- dustrie pétroliére, les appar- tements ou les films, l’entre- prise indépendante sera loin d’avoir les fonds qu’il lui faut. Et un Canada affligé d'un sec- teur des petites entreprises se distinguant par sa faiblesse ne sera jamais qu’une nation - faible. EDITORIAL Réve,utopie? La communauté gréco-canadienne de Vancouver achéve actuelle- ment la construction de son centre culturel. Son coit? Deux millions de dollars. Le centre culturel italien avait cofité un million et demi. Quant au centre culturel que les Sino-Canadiens vont batir dans la ville chinoise de Vancouver, il cofitera, dit-on, six millions et demi de dollars. Avant eux, d’autres communautés avaient construit des complexes ou.acheté des locaux. Mentionnons le centre culturel et récréatif juif, le club allemand, la salle des Russes, le centre ukrainien et le club autrichien. Les Franco-colombiens, minorité de langue officielle, appartenant a l'un des peuples fondateurs du pays, auront-ils un jour un centre digne d’eux? Est-il utopique de le penser? Peut-étre est-il absurde de poser la question? Il semble que trop de francophones se refusent 4 regarder la situation en face. Le probléme est pourtant simple: sommes-nous incapables [et si oui, pourquoi?] de réussir la ou ont réussi des communautés dites ethniques? Un francophone ayant abordé le sujet au cours de l’assemblée générale d’une association de Vancouver, en prenant l’exemple du centre culturel italien, s’était vu répliquer que les Italiens étant plus nombreux que les francophones, il était normal qu’ils aient pu se doter d’un tel centre. C’est un mauvais argument, car aux francophones viennent s’ajouter les francophiles et tous ceux qui étudient le francais depuis les enfants des écoles élémentaires jusqu’aux adultes qui suivent des cours du soir. Par conséquent, le marché potentiel d’un centre culturel francais est bien plus important que celui du centre italien ou que celui de n’importe quel centre -appartenant 4 une communauté ethnique. Un autre argument souvent avancé est que les groupes ethniques, immigrants dans leur nouveau pays, ont ressenti le besoin de se regrouper pour se sentir en sécurité. C’est ce qui a entrainé la création des divers quartiers: chinois, italien, indien, grec. Les francophones n’étant pas, eux, des immigrants, mais se sentant, en tout cas, se considérant chez eux d’un océan a l'autre, ne se sont pas regroupés, sauf 4 Maillardville. Piétre argument, car il tombe en dehors du sujet. Il n’est pas question de la constitution d’un quartier francais, mais de la construction d’un complexe. Réve, utopie? Beaucoup de choses bien réelles sont sorties... du réve et de l’'utopie. Songeons donc a ce que pourrait étre ce complexe francophone. II pourrait abriter les bureaux de la Fédération des Franco-Colombiens, de la Fédération Jeunesse Colombienne, du Centre Info, du Soleil de Colombie, une garderie d’enfants, un restaurant, une cafétéria, un laboratoire de langues et bien entendu le Centre Culturel Colombien, ce qui supposerait une bibliothéque, une galerie d’art, des salles pour les cours, une salle de spectacles. Il est décevant et irritant a la fois, de constater que bien des francophones estiment la chose irréalisable sans méme juger bon de se pencher sérieusement sur la question des modes possibles de financement. “Impossible n’est pas francais!”. L’aurait-on oublié? Jean-Claude ARLUISON . , orpnpheemntiniicasiipatijesiornndote be, 7) e Et toi? = “Canadian”. Et moi? “Pensez aux petits” est un message adressé sous _ forme d'éditorial parla Fédération canadienne de Ventreprise indépendantex Le Canada “it’s not toi but me”. Telle est la conclusion que l'on peut tirer a la suite des propos énoncés, la se- maine derniére, par. le conseiller Lorne Leech, de- vant une délégation d’un groupe de résidants de Saint-Boniface et du Comité ad hoc pro-Saint-Boniface qui, depuis le mois de fé- vrier, tentent de garder le siége des comités commu- nautaires de Saint-Bonifa- ce—Saint-Vital, a Saint-Bo- niface, et ceci pour des rai- sons historiques et culturel- les. . On peut dire, de prime abord, que la semaine du Canada a porté des fruits plutét secs (du moins pour ceux quis’échinent a faire respecter leurs droits). Sur- tout lorsqu’on pense, 4a la fois, au théme de la semaine: “Le Canada c’est toi et moi”; et aux affirmations gratuites du conseiller Leech qu’on peut résumer comme suit: Le Canada “It’s you and ” me. A vrai dire, M. Leech n’a: pas affirmé ouvertement qu'il était raciste. Mais lors- qu'il dit: “French-speaking residents of Saint-Boniface should give up their fight for increased bilingual services and “become Canadians”,du- ring Canada Week”, il a malheureusement conclu a la nécessité de préserver la race dite supérieure de tout croisement, et 4 son droit de dominer les autres. “I, for one, am fed up with this French-English thing. It’s time we all became Canadians”, a-t-il ajouté.Jus- tement, M. Leech, le temps est venu de devenir Cana- diens, bilingues. Et pour répondre a la question: “Do you know what this week is’’?, que vous avez délica- tement posée. au porte-paro-’ le de la délégation, M. Lu- cien Loiselle, laissez-nous vous dire, et sirement a votre grande déception, que c'est aussi bien “La semaine du Canada” que “Canada Week”. : Qu’adviendrait-il des opi- nions du conseiller Leech et de bien d'autres ‘‘Cana- dians”’, si jamais on exi- geait l’application intégrale de la Charte de la ville de Winnipeg (ce qui sera si- rement le prochain plan d’action de ceux qui veu- lent faire respecter leurs droits)? On pourrait tout droits)? On pourrait tout bonne- ment répondre en posant la méme question qu’a adres- sée le conseiller Georges Provost au conseiller Jim Ernst: “When will the main informational signs at city hall become bilingual in accordance with a require- ment in the City of Win- nipeg Act”. Espérons ne pas obtenir la méme réplique, c’est-a-dire “Never”, telle que l’a si bien formulée le conseiller Ernst. Les plus intelligents chan- gent habituellement d’idée avant les autres. Espérons que le conseiller Leech ainsi que ses acolytes en feront preuve. “La Liberté” de Saint-Boni- face, jeudi 6 juillet 1978. : | H : | } j a) : ‘ Ba Mees He Mt asi BS BRN PRN ONCS SS