Les créditistes n’avaient pas vraiment le coeur a féter jeudi soir dans la salle qu’ils avaient louée a V’hétel Vancouver. On avait pour- tant bien fait les choses: ballons, panneaux, tribune, et méme orches- tre. Seulement, un détail avait été oublié: iln’y avait guére de raisons de faire la féte ce soir-la du cdté du Crédit social. Les organisateurs de la soi- rée, vu la tournure qu’on pris les musiciens s’éver- tuent 4 jouer pour rien. Vers 22h, Rita Johnston ap- parait sur l’écran de télévision géant, de sa_circonscription de Surrey. L’assis- tance, clairsemée, se tait pour écouter son chef. Son dis- que la nouvelle finit d’abrutir. A proximité des ascenseurs qui ménent a la salle créditiste, un grand panneau écrit a la main au feutre noir par un petit malin indique: «Bureau -des démissions du Crédit Social. Ins- Il ne reste plus beaucoup de raisons de rester dans cette am- biance morose, si ce n’est l’arri- vée, imminente, de Rita Johnston. La voila, enfin. Nouveau discours, avec derriére elle, les grands pon- tes du parti, visiblement crispés. Bouquet de fleurs pour la premiére ministre déchue, embrassades, tout cela sur fond de «R-I-T-A, B.C is withRitaJ.»,1’insupportable chan- son qui a accompagné Rita John- événements, ait bien essayé de cours, improvisé, crivez-vous ici.» ston depuis sa nomination au lea- ; sauver les apparences en réduisant. est digne, presque Mais les molosses__ dership en juillet. Vu les circons- : de moitiélagrandesallelouéepour touchant, sa du service d’ordre _ tances, on aurait pu trouver mieux. / la circonstance. Le dernier carré _‘meilleure prestation s’empressentdele Rita Johnston, avec le bouquet de restant a pourtant eu bien dumala __ diront plus tard les Bye bye Rita J remiser aussit6t leurs qu’on lui a mis dans les mains, : s’animer. Mines déconfites, regards experts. Dés la fin f dans une salle, & se tourne une derniére fois vers ses désabusés, les créditistes n’ont de l’allocution, un journaliste se propre circonscription. Déception l’abri des regards de la presse et _ partisans pour les saluer d’un signe de la main. Bye bye Rita J. Renaud Hartzer contenue sur l’écran, flottement chez les partisans de ’hétel Vancouver des partisans créditistes déja forte- ment démoralisés. précipite vers la premiére ministre { méme pas le coeur a tendre!oreille | pour lui annoncer sa défaite dans sa pour écouter l’orchestre dont les Tribune libre . L'effet de levier | et la démocratie Les élections provinciales ont donc eu lieu avec les résultats que l’on sait. Je crois qu’ il serait bon de se pencher sur les raisons de l’Enorme disparité entre le pourcentage des voix recueillies lors du scrutin et le nombre de siéges obtenus par chacun des partis 1’ Assemblée législative. Il est.évident que si l’ensemble de la province ne formait qu’ une seule | circonscription électorale, la proportion des voix et des siéges serait identique (systtme de la représentation proportionnelle). Seulement voila, la province est divisée en 75 circonscriptions et le(1a) candidat(e) ) ayant obtenu le plus grand nombre de voix dans chacune de celles-ci se voit assurer un sige a Victoria (syst¢me majoritaire a un tour). La situa- tion se complique par la présence de trois partis importants. Expliquons- t LES OBLIGATIONS D’EPARGNE DU CANADA _Unmoyen par excellence pour ; faire fructifier vos epargnes. Vous avez réussi a épargner? 7 I, Bravo! Maintenant, faites vraiment fructifier vos ' @pargnes... avec les Obligations d’épargne du Canada. Cette année, " vous pouvez les acheter a leur valeur nominale /’ 4 votre institution financiére du 17 octobre au 1" novembre. Votre paiement peut étre daté du 1° novembre, jour ou vos obligations commencent a rapporter de l’intérét. nous. Supposons une répartition identique des voix pour chacun des partis dans chaque circonscription. En présence de deux partis, un parti peut théoriquement accaparer l’ ensemble des si¢ges de 1’ Assemblée avec 51% des voix. Effectivement, s’il obtient 51% des voix dans chacune des circonscriptions, il obtiendra 100% des siéges & 1’ Assemblée. En pré- sence de trois partis, la proportion théorique nécessaire au vainqueur descend a 34%. En présence de quatre partis, elle tombe 4 26% et ainsi de suite. Ceci révéle l’existence d’un formidable effet de levier. Les chif- fres cités ci-dessus représentent, j’en suis bien conscient, des chiffres limites, mais permettent de faire deux constatations. En premier lieu, plus lenombre de partis de quelque envergure formant le paysage €lectoral de la province est élevé, moins le parti arrivant en téte aura besoin de voix pour s’assurer une majorité confortable a 1’ Assemblée. Par ailleurs, plus !’écart entre le nombre de voix obtenues par chacun des partis perdants est réduit, plus grand sera, toutes autres choses restant égales, le nombre de siéges attribués au parti gagnant. Dans le cas de trois partis importants, le parti gagnant est statistiquement assuré d’obtenir la majorité absolue al’ Assemblée avec un peu plus de 34% des voix. En fait, les Néo-Démo- crates ont, avec 40% des suffrages, obtefiu 68% des siéges. Cet effet de levier joue évidemmenten sehs inverse pour les partis perdants. Le Crédit Social n’a ainsi, avec 24% des suffrages, obtenu que 9% des siéges. Ceci montre que la percée inattendue du Parti Libéral sur la scene provinciale a assuré au NPD beaucoup plus de siéges qu’il n’en aurait obtenu par ailleurs et constitue probablement la raison principale de ce que d’aucuns ont qualifié de raz-de-marée néo-démocrate. Ceci montre également comment, en respectant strictement les régles de la démocratie, une _ majorité parlementaire trés importante peut n’étre le reflet que d’une fraction minoritaire de l’électorat. : Ces constatations ouvrent évidemment des perspectives assez - précises pour chacun des trois partis et pour les différents groupes de pression. Je me propose de vous en faire part la semaine prochaine. En attendant, pour savoir comment, dans d’autres pays, la répartition des sidges refléte mieux la répartition des voix, ouvrez votre dictionnaire aux définitions des mots «ballottage» et «apparentement» (en cas de systéme majoritaire 4 deux tours), mais attendez-vous alors a des gouvernements de coalition. 4 PREMIERE ANNEE Sires. Les Obligations d’épargne du Canada sont entiérement garanties par le gouvernement du Canada. Elles ne perdent jamais de valeur. Encaissables en tout temps. 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