Critgue Liparane La femme abandonnée Ce court roman est inspiré d'une nouvelle de Balzac qui porte le méme titre. Mais alors que I'héroine du XIX° siécle se voyait mise au ban de la société, celle de Madeleine Chapsal refuse d'étre une victime. La romanciére place son intrigue dans le Paris des années 1920, au sein d'une société aristocratique du faubourg Saint-Germain, qui sauvegarde encore une vie luxueuse de privilégiés dans le milieu élégant d'hétels particuliers. Si ce cadre plutét désuet laisse le lecteur indifférent, il l'est en- core plus par I'attitude des personnages qui l'habitent. Une mére, Louise de Nueil, qui adorait son mari décédé trois ans auparavant, déverse tout son amour sur son fils, Louis, qui frappe par la beauté de ses vingt ans. Il flatte sa mére qui accomplit toutes ses volontés, mais se désespére de voir son fils unique mener une vie entiérement dissipée qui ruine sa santé. Pour se rétablir, Louis est envoyé en Normandie dans une autre famille aristocratique. Dans une campagne ennuyeuse, il voit un jour une femme qui - surprise! - est elle aussi d'une extraordinaire beauté. Immé- diatement il tombe amoureux, mais la femme, Fanny de Lussanges, s'est retirée 1a pour se remettre d'une grosse peine d'amour. L'imprudente avait quitté son mari pour une espéce de Dom Juan qui n'avait de cesse de la courtiser et qui la quitte au bout de quelques jours, comme il le faisait de toutes ses conquétes. Fanny finit quand méme par succomber au charme de Louis, mais elle l'avertit qu'elle ne sera pas abandonnée une seconde fois. Aussi, quand elle s'apergoit que Louis porte ses attentions sur Caro- line, la fille de la maison agée de dix-sept ans, elle prévient le danger en décidant de prendre les devants : c'est elle qui abandonne le jeune homme. Louis finit par épouser Caroline, bien que Fanny soit toujours dans ses pensées. II se montre bien vite impatient et détestable envers sa jeune épouse qui n'y comprend rien. La fin est on ne peut plus mélodra- matique : Louis se tire une balle dans la téte au moment ot Fanny, tou- jours éprise de lui autant qu'il l'est d'elle, l'appelait au téléphone. Ce roman est écrit en courtes phrases et dans les dialogues les échanges sont rapides. Madeleine Chapsal parséme son texte de com- 8