QO Les géants de la céte Ouest Epine dorsale de l'économie de la Colombie-Britannique, 1’industrie du bois fait face aujourd'hui a une pénurie d'arbres. I] n’en a pas tou- jours été ainsi. A vrai dire, lorsque le capitaine Cook longe le littoral en 1778, il lui semble qu'il y en a beaucoup trop ! Ce pays si accueillant a premiére vue depuis le pont de son navire est recouvert ‘arbres gigantesques trop épris pour étre brilés et trop gros pour étre coupés. Cook et d’autres navigateurs du XVIIIe siécle se rendront quand méme compte que ces arbres fournissent d'excellents mats et gréements ainsi que du bois pour la cuisine du bord. Mais, pendant de nombreuses dnnées, le sapin de Douglas, le cédre et la pruche ne pourront concurrencer d'autres trésors de la cote du Pacifique, ’c’est-a-dire la fourrure et, plus tard, l’or. Les arbres géants de la Colombie-Britannique seront d’abord considérés plus comme une barriére que comme une richesse naturelle. L’homme blanc voulait des fourrures, mais il apprend que la forét renferme aussi d’autres trésors. John Kafka Par contre, pour les Indiens du littoral, ces arbres possédent une grande valeur. Ils arrivent 4 faire tomber ces géants en les taillant avec des haches de pierre, en les sciant avec des andouilleurs sertis de dents de castor ou de porc-épic, et en les brilant 4 leur base. Une fois évidé et travaillé,:tout arbre abattu peut de- venir un beau et solide canot, capable de rivaliser avec les plus fins voi- liers. On le transformera également en un majestueux totem; on le faconnera pour en faire des ustensiles de cuisi- ne ou des planches pour construire des maisons en bois; on se servira des branchages pour confectionner des piéges compliqués et des nasses de péche; on utilisera méme l’écorce du cédre pour tisser des vétements, des serviettes et de la literie. \ L'age d'or Les Européens auront certes connais- sances des richesses que leur offre la forét..En 1787, 4 Londres, des hommes d'affaires voient tout de suite l’avantage, pour le méme prix, d’avoir les cales de leurs navires remplies lors du voyage de retour. La fourrure, principale richesse commerciale de la Colombie-Britannique, ne prend pas beaucoup de place de sorte qu'on pourra empiler du bois et le vendre en Chine a un prix intéressant. Les premiéres scieries, mues par des roues a aubes, vont exporter du bois aux Etats-Unis pour répondre a la demande créée par la ruée vers l’or en Californie 4 la fin des années 1840. Localement, le commerce du bois reste- ra minime jusqu’a cette autre ruée vers l’or, cette fois en Colombie- * Britannique, qui débutera 4 la fin des années 1850. Mais une fois construits les "saloons" et les hétels des villes miniéres, la demande dégringole. Un recensement effectué en 1870 indique qu'a cette époque 2300 personnes tra- vaillent dans les mines, 1300 dans le commerce de la fourrure, 400 dans des fabriques diverses et une poignée seulement dans 1’ industrie forestiére. Méme lorsque des milliers de chercheurs d'or s'installent dans la province, la forét demeure plus un probléme qu'une richesse proprement dite. : Cependant, vers la fin du XIkxe siécle, l'industrie forestiare renait. Lientrée de la province dans la Confédération canadienne et la promesse d’une ligne ferroviaire la reliant aux provinces de 1/Est vont amener la création de nouvelles scieries pour fabriquer des dormants de rail et des poutres de pont. Le prolongement du chemin de fer jusqu’a la cote du Pacifique en 1886 ouvrira la porte des marchés des Prairies. En outre, comme la forét américaine se trouve déja surexploitée, le bois de la Colombie-Britannique connait d'intéressants débouchés aux Etats- Unis. L'ouverture du canal de Panama en 1914 donnera également 4 la Colombie-Britannique un accés aux marchés européens. Résultats ? La \\, coupe du bois attire un nombre de plus Yen plus grand de forestiers. Vol. 3 no 3 LE COURRIER de la S.H.F.C. SEPTEMBRE 1990