VOLUME 8 ~ 2° EDITION: ISSN 1704 - 9970 ll y a tout juste 60 ans, le 5 Janvier 1945, la ville de Royan, station balnéaire de la céte atlantique francaise, était bombardée par aviation alliée. La moitié de la population fut tuée. On ne publia jamais le nombre de morts car il vaut mieux, dans le cas d'un "friendly fire", adopter pour le public un profil bas. On dira peut- 6tre que comparé au chiffre incalculable de victimes du récent tsu- nami de l'océan indien, la tragédie de Royan n'est qu'un épisode d'importance secondaire et qu'aprés 60 ans on ferait mieux de "oublier. Mais quand il s'agit de la mort donnée sciemment, es- comptée sans état d'ame, cela dépasse I'anecdote. Lorsqu'un homme assassine son semblable, il est bien entendu puni par la loi. Mais s'il en tue plus d'un millier on peut parfois le décorer. Le général Royce cherchait un lieu sdr ou de jeunes pilotes an- glais et américains dont il avait la charge pourraient sans risques s'exercer a bombarder une ville. Royan lui parut la cible idéale. La France était alors libérée de l'occupation nazie. Mais, pour des rai- sons laissées obscures, on n'avait pas libéré Royan, se limitant a "'encercler. Une unité de la Kriegsmarine y était restée prisonniére, sans navires, sans aviation, sans défense anti-aérienne. Groupée dans un quartier éloigné du centre de la ville, elle attendait, comme les civils, l'armistice pour la levée du siége. Cette absence d'armes défensives plut au général Royce: ses ap- prentis-pilotes ne risqueraient rien. Evidemment il faudrait compter sur quelques dégats... Ce qui semble incroyable c'est que ce plan (farfelu ou démoniaque?) fut accepté d'un coeur léger par le géné- ral frangais ayant le commandement des Forces de ‘Atlantique. La ville fut rasée a 5 heures du matin. Quelques mois plus tard, un deuxiéme bombardement acheva sa destruction. La encore il S'agit d'un test puisqu' on y expérimenta avec succés une nouvelle invention : la bombe au napalm. Ce qui avait été épargné par mi- racle en janvier flamba dans les vapeurs d'essence. On ne connut jamais, la non plus, le nombre des victimes dont certaines sont encore enfouies sous la ville reconstruite. L'écrivain américain Howard Zinn (professeur d'Université a Bos- ton) participa a cette deuxiéme opération. Lorsqu'au retour a sa 27