ks ra ‘VOUS MEN IDIREZ TANT JAQUETTE, VESTE ET GILET ROUGE, Le mot veste a au Québec un sens assez vague. II] est employé souvent 4 la place de veston. La veste est en frangais un vétement de des— sus, court, avec manches, ouvert devant et couvrant le torse. Le veston désigne la veste du complet d’hom- me qu’il est préférable de ne pas appeler costume ou ha- bit. Le terme mé@derne est complet ou comptet-veston. Il est bon de savoir que ‘le complet peut étre droit croi- sé. Le mot jaquette est ré- servé 4 la veste du tailleur de femmes et au vétement masculin de cérémonie. Le mot jaquette a une histoire intéressante. Il est descendu du mot jaque (venant du pré nom Jacques), nom donné au paysan francais au Mo- yen-Age ; il signifia ensuite le justaucorps que portaient les hommes de ce temps. Le mot anglais jacket vient du frangais et donna A son tour le mot jaquette_A notre langue. Sous l’influence du sens anglais moderne, on ap- pelle jaquette la chemise pu- | blicitaire protégeant un livre relié ou broché. Le gilet est un vétement court porté sous le veston. Il désigne aussi le sous-vétement. de flanelle, de coton ou de laine. En outre, on trouve le gilet tricoté, ouvert devant, que les dames portent sur leur robe. Le fameux gilet de sa- tin rouge que Théophile Gau- tier porta le soir de la re- présentation d’Hernani de Victor Hugo, en 1830, devint le symbole de la lutte des Romantiques contre la litté- rature classique du siécle précédent. Le/mot gilet vient de l’espagnol (Jileco) qui le prit 4 l’arabe (jaleco) qui, lui, l’?emprunta au turc (ye- lec). \ LA LANGUE EST UN JARDIN PUBLIC. Pour moi, la langue est un jardin public. Bien entrete- nu, le jardin communal res- pire l’ordre et symbolise V’urbanité des habitants. Bien employée, la langue est un signe de confiance en soi, et de respect de soi-méme. La ‘moindre pe- tite ville est fiére de son jardin publiq, si petit soit- il, et tient A ce qu’il soit toujours bien entretenu. De méme, un peuple ne doit pas tolérer l’usage constant et exclusif d’expressions mal venues et vulgaires dans les communications avec son prochain. Car comme le jardin communal, qui ap- partient A tout le monde, la langue est un bien qui re- léve du domaine public. Si le jardinier cultive sa terre. qu’il fertilise A l’aide d’en- grais bien choisis, et donne a ses plates-bandes et a ses allées les soins constants qu’elles demandent, pour la grande satisfaction de la po- pulation, de méme la langue d’une collectivité demande des soins, pour étre un mo- yen d’action et l’expression de l’identité. La langue doit donc étre soignée et respec- tée, cultiveée comme un jar- din 4 usage collectif. Triste spectacle qu’un jardin né- _gligé, triste spectacle d’une langue laissée A-t*abandon. Le joual, anglicisation vio- lente du frangais, ne sera jamais que la preuve d’un abandon, d’une déposses- sion ; certainement pas.la marque d’une identité cul- turelle. D’ailleurs on ne pourrait pas plus se féli- citer de voir notre langue envahie par les mauvaises maniéres de langage, qu’ad- mirer un jardin abandonné qui est envahi per les mau- vaises herbes. Sans les soins demandés par la communau- té, le jardin public dépérit, et la petite ville s’en trouve dépréciée. Sans la volonté collective de revaloriser no- tre langue laissée 4 l’aban- don trop longtemps, le Qué- CE SONT DES CAOUTCHOUCS, ET CA... CEST UNE CLAQUE ! pec se trouverait, A COUrt terme, pour ainsi dire dé- valué. S’il devait @tre le seul moyen d’expression des Québécois, le joual ne ré- sisterait pas longtemps de- vant l’anglais, langue fertile et riche. Et, avec lui, il en- trafmerait tout un peuple dans un abfme de vulgarité et d’in- compréhension. LE QUEBEC EST-IL HEXAGONAL? Sous le ciel francophone, on trouve dans les textes admi- nistratifs, les manuels tech- niques, surtout dans le do- maine de la gestion, de la fi- nance et aussi de lascience, des expressions assez lour- des, plutdt hermétiques qui reviennent constamment. C’ est ce qu’on appelje l’hexa- gonal. .Les formules sont tarabiscotées, les abstrac- tions nombreuseg, et, il faut le dire, la plupart du temps le style est simplement mau- vais. Vous allez reconnaf- tre quelques-unes de ces ex- pressions chéres aux tech- nocrates modernes: dans 1’ optique, dans le cadre de (concernant serait si sim- ple), 1’éternel enfant chéri des ‘‘managers’ (direc- teurs, gestionnaires, etc.), la ‘structure (qui est sou- vent notre bonne vieille or- ganisation), la gamme, la promotion (alors que stimu- lation serait plus clair), le complexe (le complexe inté- gré de la Place de Québec dont je parlais il y a quel- ques semaines et qui est simplement un centre com- mercial), le poster des psy- chédéliques, l’option (qui se Substitue a4 choix alors qu’ option en francais n’est que l’action de choisir). A ce vo- cabulaire que seuls les ini- tiés au courant peuvent vrai- ment remettre dans le con- texte, viennent s’ajouter des mots dans le vent: A gogo que nous ont pris les Améri- ‘nouveaux lui monte 4 la téte “la Révolution cains et qui chez eux cade | rapidement ‘‘gogo’’:(a gog girl is a must dans une dis- cothéque, autre mot dans le vent). Et puis nous avons le mini ceci et le maxi cela, accompagnés bien sfr chez nous du bilinguisme et du bi- culturalisme suivis du cha- risme. La langue évolue car elle est vivante. Elle prend 14 of elle les trouve les expres- sions qui lui manquent pour exprimer les nouvelles réa- lités de la civilisation quise transforme et se modernise.{ C’est tout 4 fait normal. Mais{ parfois, la mode des mots et la langué~ala fiévre, di- Vague, comme arjourd’hui, dans les brumes d’un hermé- tisme jaloux. C’est.cela la maladie de l’hexagonal. Li- mité d’abord 4l’hexagone, c’ est 4 dire 4 la France des technocrates, elle contamine parfois la langue adminis- trative du Québec. Je lis: Comment environner} son enfant? (sans doute pour dire quel milieu donner 4 so enfant, comment l’entourer) Une autre phrase au style lapidaire mais peu clair: **Le Québec jouit de son in- dépendance neers a Qu’en termes galants ces choses-1a sont dites... **Le frangais_ a connu par- eille invasion ge termes am- poulés pendapt les remous def ous dit An- dré Rigaud dang un des nu- méros de Vig“et Langage. Il paraft, dit=fl, que l’acces- sion aux fonctions supér- ieures de gens voués auxem- plois subalternes en serait} la cause. Il s’agit de ceux dont Chateaubriand disait qu’ ils étaient tombés brusque- ment de la médiocrité dans} l’?importance. a 1212, ru SALON LUCIEN BELLIN e Denman (coin aveBeachi VANCOUVER _- Tél: 683-4622: ACTIVITES , - VICLURIA: ‘Secrétariat et centre culturel 301 rue Richmond: Reunions du conseil general GAIS 1€f samedi du mois 2 19 h 30 at LE CLUB Pour protéger les semelles de ses chaussures, on met des caoutchoucs qui sont de simples demi-chaussures. Au Canada on emploie des ‘‘claques’’. C’est un régionalisme. (Office de la langue frangaise). CANADIEN-FRANCAIS ° = LE SOLEIL, 26 MAI 1972, XIll