24— Le Soleil de Colombie, vendredi 30 mars 1984 Les Anglais au Québec, | Suite de la page 1; du recensement général de 1981. Publié l’an dernier le recensement fait ressortir trois rendances que Max Yalden souligne : «L’érosion de ]’élé- ment francophone qui se pro- «duit) dans la plupart des provinces , déclin de la. présence .anglophone au Québec, l'augmentation: encourageante du nombre des! Canadiens officiellement| bilingues. ! _. Minorité par minorité «Pour nos minorités de langue officielle, 1983 n’a pas été une année exceptionnelle mais elle aurait pu étre pire». C'est ainsi que Max Yalden résume ce qui passe au Québec et dans les neuf provinces ou les _ franco-, phones sont minoritaires.: Voici mot pour mot son, analyse de 1l’€évolution du bilinguisme dans chaque pro- vince : *Québec «La révision lon- guement attendue de la «Charte de la langue fran- ¢aise» (Loi 101) a abouti au dépét et a la ratification d’une les Francais ailleurs série d’éclaircissements et de. réformes 4 la loi de 1977.» Bien qu'ils aient moins de portée qu’on ne l’avait espéré, ils ont pourtant révélé une attitude moins fermée 4a légard du statut et de l’emploi de l’anglais. : Le défi que doit relever la collectivité anglophone est de «s'adapter aux réalités d’une province essentiellement fran- cophone, tout en préservant ses caractéres distinctifs». Cer- tains, surtout parmi les jeunes, ont quitté la province. «Mais, contrastant nettement avec la situation d’il y a quinze ou vingt ans, beaucoup de ceux qui sont restés ont manifesté une volonté de com-. poser avec le milieu.» Beau- coup plus d’anglophones sont maintenant bilingues (65 pour cent dans le groupe des 15 a 24 ans), et la négo- ciation raisonnée semble se substituer aux heurts d’antant. ' °En Colombie britannique, la Fédération des Franco- Colombiens est intervenue avec efficacité pour empécher des restrictions dans le pro- gramme d’éducation dans la langue de la minorité. °Au Manitoba, en dépit de la situation actuelle, 1l’attitude du gouvernement, arrétée de concert avec la minorité fran- cophone, a fait dire a bien des gens que le Manitoba «a assumé ses __responsabilités constitutionnelles envers les Franco-Manitobains d’une facon a la fois honorable et pratique». Un effet salutaire du débat a été «d’aiguillonner les indifférents». °En Ontario sans donner au francais un statut officiel, YOntario développe néan- moins progressivement les ser- vices en langue frangaise. Les tribunaux provinciaux vont consacrer le frangais comme langue officielle et l’adminis- tration a fait un geste positif en vue de permettre aux Franco-Ontariens de choisir la langue d’instruction de leurs enfants, bien que subsistent nombre d’obstacles d’ordre pratique. Au Nouveau-Brunswick, l’expérience-test de bilinguis- me intégral officiel 4 l’échelle provinciale est «encore loin de son objectif d’égalité de servi- ce en anglais et en frangais». Toutefois, la province fait le nécessaire pour combler les lacunes et renforcer 1|’appli- cation du programme. _ eEn Alberta la population francophone se heurte aux mémes -difficultés, mais les gouvernements fédéral et pro- vincial travaillent, a petite échelle, a renforcer la position de la minorité. *La Saskatchewan a l'un des taux les plus élevés d’assi- milation du pays et la commu-. nauté francophone pourrait étre en péril si la tendance actuelle se poursuit. «Le res- pect des garanties constitu- tionnelles, légales et politi- ques», est une grande priorité, tout comme |’établissement d’un réseau amélioré. d’ensei-, gnement francophone. Dans V’Ile-du-Prince- Edouard, seul un_ effort fédéral-provincial concentré et majeur peut permettre au francais de se maintenir en tant que langue vivante. ~°En Nouvelle-Ecosse, on cons- tate des changements concrets remarquables pour la popu- lation acadienne, en particu- lier au chapitre de l’éduca- tion. °A Terr-Neuve, grace a Yamélioration des sources journalistiques en frangais, la sensibilisation aux questions linguistiques s’accroit. «Cher Monsieur Jacques» La te du concours de Radio-Canada «Lettre a ago ier» a été désignée dimanche 25 mars. Il s’agit de Sylvie Hébréard, 19 ans, originaire d’Alsace et tra- Cher Monsieur Jacques, Je vous écris parce que je vous ai vu a la télévision hier soir. Vous étiez habillé trés trés vieux un peu comme superman! Et puis vous avec demandé aux gens de vous écrire et 1a j'ai pas trés bien compris pourquoi. Mais ¢a fait rien puisque ¢a vous fait plaisir. Quant ca a été fini,, jétais bien embétée parce que je ne savais méme pas qui vous: étiez. Alors j'ai: demandé 4’ maman : -Maman c'est qui Jacques Cartier? et maman elle m’a répondu : —Com- ment veux-tu que je le sache? Demande a ton pére! Maman, elle est toujours comme ¢a' quand elle fait la cuisine, surtout quant ¢a brile. Et ca brale souvent parce: que papa appelle toujours maman parce qu'il ne trouve jamais rien. J'ai été chez papa et j'ai demandé : —Papa, c’est qui, Jacques Cartier? Il est de la télé et il veut que les gens lui écrivent. Et 1a, papa a répondu quelque chose de dréle : —Ala télé? Encore un pistonné! cS Alors 1a jai plus rien demandé du tout et j'ai atten- du l’école pour demander 4 la maitresse qui était trés con- tente que quelqu’un lui pose une question pour une fois. Et la, elle ne pouvait plus s’arré- ter. Elle nous a dit que c’est vous qui avez découvert le Canada en 1534. Mais alors avant, Ca existait pas? Elle nous a dit que vous étiez marin sur de grands voiliers.. (un peu comme Marlo Brando sur le Bounty’) et que vous avez fait d’autres voyages aprés en 1535, en 1541! Je savais méme pas que ¢a pouvait exister tellement vieux! Elle nous a dit que c’était un copain a vous qui vous prétait ses bateaux. Moi’ vaillant depuis neuf mois au Canada comme jeune fille au pair. Voici ce qu’elle a écrit 4 Jacques Cartier. aussi j'ai un copain qui s’ap- pelle Francois et lui aussi, il est premier de la classe. Mais lui ne préte jamais rien pas méme son vélo, alors, pensez, des bateaux! Et puis elle a dit que vous avez vu des Indiens, des vrais avec les plumes et tout et la on était vraiment tous trés contents pour vous (sauf Francois qui est vrai- ment trés égoiste). Et puis vous avez méme trouvé des trésors, des pierres qui valent cher et puis de l’or, et vous les avez donnés a Francois. (C’est pas moi qui donnerais quel- que chose 4 Francois). Et puis la, votre copain n’était pas content du tout parce que soi-disant, vous vous étiez fait avoir et les trésors c’étaient pas des vrais! Du coup Fran- cois ne voulait plus vous pré- ter ses bateaux et c’était béte parce que sans bateaux vous pouviez plus rien découvrir! La, on était tous trés trés trés tristes et on a juré que si on voyait Francois on lui cassait la figure! Quand je suis rentrée chez moi, j'ai dit 4 maman : Je veux étre marin comme mon- sieur Jacques et maman m’a dit que j’étais trop jeune et je lui ai dit que pour décou- vrir des pays il n’y avait pas d’age et 1a elle a répondu quelque chose de vraiment béte : —D’abord tu es une fille et puis il n’y a plus rien a découvrir! qu'elle a dit! Et 1a je n’ai plus rien dit parce qu'il n’y avait plus rien a dire. Je suis allée dans ma chambre et je vous ai écrit cette lettre. Aprés, je me suis endormie et jai révé de bateaux, d'Indiens et de foréts ... ‘ Moi aussi un jour jirai au Canada! Sylvie Rectificatif Suite a notre article «Sur. la pelouse d’a cété» (criti- que sur la piéce «Les Voisins» présentée par la Troupe de la seiziéme et parue dans Le Soleil d vendredi 23 mars 1984), nous aimerions apporter les corrections suivantes :; la conception des décors,| des costumes et des acces- soires est de Violette Paré,, et non de James Tinning et. de. Catherine Aitchison; comme le suggére notre article. Ces derniers ont participé a la fabrication des décors et des costumes. ; Christophe, spécialiste des batraciens nouille d’avril. Jean-Francois Fournel, insolence a votre égard, vous remercie néanmoins de votre attention. Suite de la page 1 Cet article n’a pas de suite. Et pour cause, ce portrait de batracologue est une gre- l’auteur de cette Une école francophone en Alberta Suite de la page 1 vraissemblance elle se situera dans le quartier franco- phone, a proximité de la Faculté Saint-Jean. Pour y ins- crire leurs enfants, les parents devront satisfaire a l’article 23 de la constitution (Un des parents doit étre francopho- ne) et savoir qu'il existera des liens trés étroits entre l’école et les paroisses, Enfin, 1’école suivra le réglement provincial qui prévoit des cours d’anglais _ a partir de la deuxiéme ou troisiéme année. Expo 86 ~ Pour les frites, c’est le moment © Par Annie Granger Si vous voulez chanter, danser ou jongler devant des millions de spectateurs sur le site de l’exposition 86, c’est le moment de vous y préparer : un directeur de la program- mation vient d’étre nommé, il s'agit d’Erik Perth; il a deja. commencé a faire passer des auditions. Si vous voulez avoir votre stand de frites ou de beignets et vendre ceux-ci aux quinze millions de visiteurs d’Expo 86, dépéchez-vous, la date limite pour le dépét des demandes sur ces concessions individuelles de casse-crotite est le ler mai prochain. Pendant les six mois que durera cette exposition inter- nationale, on prévoit que les visiteurs engloutiront 300 tonnesde frites, 120 tonnes de fromage italien, plus de deux millions d’hamburgers et quils boiront plus de quinze millions de boissons non- alcoolisées. : En plus des comptoirs et des stands placés ¢a et la sur les 66 hectares de l’Expo, il y aura huit restaurants familiaux a prix raisonnables, treize Ace jour ' vingt-huit. pays, sept provinces, un état américain et six grosses socié- tés canadiennes ont accepté davoir leur pavillon. On attend bientét la décision de quatre autres états. D’ailleurs début mai, les _ participants des pays et de nombreux observateurs (70 délégués) se réunissent pour un tour de table. «Nous sommes pas mal avancés, si l’on compare notre exposition avec une autre du méme type, comme celle de la Nouvelle Orléans qui ouvre dans deux mois et qui n’a.que vingt pays présents. Nous sommes pas en retard», explique Gail Flitton, respon- sable des relations avec les médias. ” cafétérias-restaurants Ciel débits de nourriture rapide. Il faudra également compter sur les restaurants des différents pays présents. Apparemment l'Union Soviétique, le Chine et la Grande Bretagne (et sire-, ment la France) parlent d’avoir leur propre restau- rant. ‘Les stands de souvenirs ne - sont pas oubliés. Dés le 2 avril les responsables d’Expo 86 commenceront 4 recevoir les appels d’offres pour les stands de= jouets, de tricot, — de. films ... On a méme prévu la présence des artisans sur le terrain. Ils pourront vendre leurs bijoux, poterie, dentelles de mai a octobre 86. _ - Serge Joyal Monsieur, Le courrier m’a bien appor- té vos lettres du 27 février, des ler, 6 et 12 mars derniers, et les piéces en annexe, ainsi que la pétition datée du 27 février, concernant le financement du programme Kaléidoscope du Centre culture] colombien. Je vous remercie de m’avoir écrit a ce sujet et vous prie de’ croire que j'ai pris bonne connaissance du contenu de: vos missives, de la documenta-' tion jointe et de la pétition. Jaimerais maintenant vous souligner que ma position a légard du financement du, programme Kaléidoscope demeure la méme. Mes colla- borateurs du bureau régional du Secrétariat d’Etat pour la Colombie britannique m’ont dailleurs informé qu'un représentant du Ministére dé l'Education de la province les a assurés de leur intentio dévaluer une proposition visant le maintien du _pro- gramme Kaléidoscope, et ce, avant le début des négocia- tions entre le gouvernement provincial et le gouvernement du Canada. Je vous exhorte donc de nouveau 4 intervenir auprés des autorités provin- ciales du secteur de 1’édu- cation. :s Par ailleurs, vous semblez vous interroger sur la perti- nence de _ |’institutionnalisa- tion des services permanents. Encore une fois, il s’agit 1a d'une des mesures adoptées par le Secrétariat d’Etat afin -de réaliser les objectifs -du cielles. D’ailléurs, vous trou- verez une description de ces, mesures dans la brochure inti- tulée «Le programme de pro- motion des langues offi- cielles du Secrétariat d’Etat du Canada, nouveau mandat, nouvelle structure». répond a Vincent Pigeon De fait, le nouveau mandat que le Cabinet a confié au Secrétariat d’Etat donne prio- rité au soutien de projets qui visent 4 donner des institu- tions permanentes aux com- munautésdes organismes fran- cophones de la région métro- politaine de Vancouver m’ont permis de constater a quel point la mise en place d’un centre communautaire est pertinente 4 cette priorité et de découvrir le sérieux avec lequel on envisage ce projet. C’est pourquoi le bureau régional prévoit y consacrer environ 10% des sommes affectées au soutien des acti- vités de la communauté franco-colombienne. J’ai donc peine 4 comprendre votre rai- sonnement selon lequel une proportion de 10% menace ‘['existence: méme des activi- tés culturelles. En vertu de son nouveau mandat, le Secrétariat d’Etat doit réviser le modéle tra- ditionnel de l’aide apportée aux organismes jusqu’a ce jour. Je ‘comprends trés bien que tout thangement aux régles établies provoque un certain malaise chez les orga- nismes visés, puisque ceux- ci sont appelés a s’interro- ger sur leurs programmes d’activités. Toutefois, une ‘evaluation de l’ancien pro- gramme d'aide aux groupes minoritaires de langue offi- cielle nous a permis de consta- ter les résultats enregistrés depuis le début. C'est d’ail- leurs ce qui a motivé la révision des objectifs, des priorités et des méthodes. Ainsi, mes collaborateurs du bureau régional ont la res- ponsabilité de mettre application les changements adoptés. Dans un autre ordre didées, je vous signale que je suis Sagiatait du travail accom- en pli par mes collaborateurs du bureau. régional de la Colombie britannique. IIs représentent fidélement les intéréts du Secrétariat d’Etat, en fonction des besoins de l'ensemble de la communauté et des réalités de la région. Ils veillent 4 ce que les projets /soumis 4 mon approbation soient conformes aux objec- tifs et priorités du Programme des communautés de langue officielle. En outre, ils s’assu- rent du respect des conditions ‘et critéres de financement des activités. proposées par les organismes. Enfin,: ils me tiennent au fait des réper- cussions et des résultats de ces mesures sur le développement des Franco-Colombiens. Vous comprendrez donc limportance de l’évaluation des activités des organismes, avant et aprés leur déroule- ment, et celle des respon- sabilités de mes collaborateurs et des responsables des orga- nismes. : 3 Cela étant dit, je ne suis pas en mesure de satisfaire aux exigences posées dans missives, c’est-a-dire renverser la décision du bureau régional et rappeler l’agent responsa- ble du Programme de pro- motion des langues officielles. Par conséquent, je me vois dans l’obligation d’accepter a regret votre démission comme membre du Comité consul- tatif chargé d’étudierla faisa- bilité d’un centre commu- | nautaire-école 4 Vancouver. En terminant, je continue de croire que l’orientation et — les priorités nouvelles du Secrétariat d’Etat favoriseront — encore plus le développement des Franco-Colombiens. Veuillez agréer, Monsieur, — l’expression de mes sentiments les meilleurs. Serge Joyal. vos — ~~ 2 |