Critigqae Miparanre La mauvaise vie Frédéric Mitterand est apparenté 4 l’autre Mitterand, Francois, qui fut prési- dent de la République frangaise au cours des deux derniéres décennies du XXé siécle. Dans le livre qu’il publie sous le titre La mauvaise vie, Frédéric Mitte- rand n’évoque jamais ce lien de parenté et le lecteur pourrait croire qu’il a affaire 4 un homme discret. Puisqu’il s’agit d’une autobiographie, la discrétion serait surprenante. En fait, l’auteur dévoile les secrets de sa vie et s’il faut en croire le titre, il la juge mauvaise. Le livre commence par une visite au Maroc ow I’auteur joue le réle de « parrain protecteur et attendri » (13) envers un jeune enfant. Il a d’ailleurs déja adopté son frére plus 4gé qui a maintenant vingt ans et vit 4 Paris sous la tutelle de ce pére adoptif et célibataire. Frédéric Mitterand s’intéresse donc aux petits garcons. « Je me demandais si je serais capable de me donner tant de mal pour une petite fille. Les gargons touchaient évidemment 4 quelque chose de plus intime et de plus ambigu »(18). Il n’approuve pas cette attirance et déclare : « |’entreprise de corruption était 4 l’ceuvre sans méme que j’en aie pleinement conscience » (19) et s’il se défend de toute mauvaise intention, ce n’est pas ce que croit une Marocaine qui, le voyant dans la rue avec le jeune enfant, lui crie des insultes. Frédéric Mitterand a découvert graduellement son homosexualité. Attiré dés l’Age de six ou sept ans par les garcons, il les remarque et écrit ce qu’il se rap- pelle d’eux. Les détails sont surtout physiques : la couleur des cheveux, les poils sur les jambes, la sveltesse des corps, la peau claire ou sombre, etc. Le livre porte sur toutes les rencontres qu’il fit pendant son enfance et qui se sont poursuivies a |’4ge adulte. « Ceux que j’ai croisés et que je n’ai pas oubliés. Ce fut parfois l’affaire d’un instant ou de quelques jours tout au plus, et depuis ils n’ont pas cessé de m’accompagner sans le savoir »(31). L’auteur a bonne mémoire et bien longue est la liste de ses rencontres. Qu’il s’extasie devant le torse musclé d’un plagiste en Espagne ou qu’il admire les corps bronzés des jeunes Thailandais, de telles descriptions deviennent répétitives et sans grand intérét. Certains lecteurs s’offusqueront de cette mauvaise vie que |’auteur a menée et y verront les actes répréhensibles d’un dévoyé qu’ils souhaiteraient voir défé- rer en justice. Mais Frédéric Mitterand est issu de la respectable bourgeoisie parisienne et fréquente la bonne société. Il a atteint une grande notoriété en France grace a des émissions de radio et de télévision et peut-étre est-il intou- chable. En serait-il de méme si le boucher ou le boulanger du coin déballait les mémes agissements?