L’ Insecte Intrinsecte. Depuis toujours, |’6tre humain cherche frénétiquement des croyan- ces auxquelles s’accrocher. Terrifié a l’idée de cesser définitive- ment d’exister, il s'invente un Paradis, un Nirvana, un Ciel des Vé- rités Eternelles, un Olympe. Et pour accompagner le tout, il sem- ble impératif d’ajouter un ou des dieux, quelques prophétes, et des démons, question de faire plus imagé, plus folklorique. Pour mériter cette vita aeterna, les Hommes ont conclu qu'il était impératif de suivre certaines régles de conduite, d’adopter certai- nes valeurs. C’est d’ailleurs ainsi que les faibles seraient vengés post-mortem des forts. Etrangement, les adeptes des différents dogmes, d’abord séduits a l’idée que leurs antagonistes immoraux auraient a patir de leurs mauvaises actions aprés leurs trépas, en sont venus a vouloir que tout un chacun ait acces a cet autre monde idyllique et ont alors décidé d’imposer leurs moralités. Cette philanthropie a engendré les guerres de religions, I'Inquisi- tion, les autodafés, les lapidations, la charia, la loi du talion, le fa- natisme. On voulait le salut des Ames et on l’aurait, quitte a recou- rir aux méthodes les plus drastiques. Tout ¢a, sans se rendre compte qu’on se battait pour des chime- res. Il faut admettre que d’envisager un trépas final n’est guére réjouissant. En outre, ¢a confére a l’existence une complete ab- surdité. Pourquoi travailler, souffrir, dépérir, avoir des enfants, si ce n’est que pour finalement aboutir dans le néant ? La vie terrestre est-elle en soi si réjouissante? Viols, guerres, in- ceste, maladies: sont-ce la des raisons de célébrer? Certes, il faut du stoicisme pour ne pas espérer en |’'au-dela. Mais il faut aussi de la naiveté pour procréer quand on est athée. Exposer notre progéniture aux maux de I’humanité sous prétexte qu’on a la foi, passe encore, mais si on n’a méme pas espoir de les guider vers un lieu de délices éternels et d’amplitude infinie, a quoi bon ? Et pourtant, ni les croyants, ni les athées ne prennent en considé- ration les faits: ce qui nous attend aprés le décés, ce ne sont ni les sublimes félicités ni l'inanité, c’est tout simplement l’'amibe. Rien 8