«Fin de carnaval» au Waterfront Theatre

Lettres, arts et spectacles

La communauté sur scéne

Roger Gaudet, le metteur en scéne, choisit ce texte ~ar il refléte
selon lui les préoccupations de la communauté. En outre son désir
de relancer le théatre professionnel pour adulte et de développer
une audience est Iégitime. Le public ne demande que ga. Le
théétre amateur n’est cependant pas le meilleur moyen d’y

arriver. Mais avait-on le choix?

Par Marie-Louise Bussiéres

Le texte de Joseph Topol, Fen
de carnaval, parle d'un petit
fermier tchécoslovaque, récalci-
trant, qui refuse de donner ses
temese ase lihtat, afin > <de
peut-étre réaliser les réves de
la commune. On joue la carte de
Vintimidation avec lui mais rien
n'y fait. L’action rebondit de
fagon inattendue durant le
carnaval annuel mené par les
Masques (personnages de la féte)
et le hussard.

Jen’ai pas toujours saisi les liens
trop subtils avec notre commu-
nauté sauf pour la premiére scéne
qui fut rajoutée au texte original
et certaines pressions ressemblant
étrangement 4 celles subies par
les organismes culturels.

Au début de la représentation,
Gérald Mercier, présidait l’ou-
verture du Centre communautai-
re francophone et quelques
acteurs disséminés dans la salle
lui donnaient la réplique avec
beaucoup de dynamisme. Une
scéne bien construite, comme
quoi il faut faire confiance a
Vimagination et, peut-étre a
Vavenir, se décider a écrire ses
propres textes. La soirée promet-
tait beaucoup d’inégalités car

~ action était mal soutenue par les

acteurs inexpérimentés et la mise
n/jscéne souvent incohérente.

Mais malgré les maladresses je dis

bravo a Roger Gaudet pour le
risque qu'il a pris.

Que la troupe de La Seiziéme
ait da montrer une image de la
communauté si faible dans ses
moyens me dépite un peu. Ce
n’est pas faute d’avoir démontré
beaucoup de volonté. Que Roger
Gaudet ait pu ramasser une
équipe aussi importante et
dynamique prouve que le
potentiel est la et la clientéle
aussi. Une salle remplie ne
dément pas du désir des gens.
Que faudra-t-il au gouvernement
fédéral, ayant la responsabilité
de défendre le biculturalisme, et
a nos leaders en général pour
réaliser l’ampleur du _ besoin
culturel? I lui manque un coup
de pouce bien placé pour fleurir
et ne sait s’accommoder de
reproches.

Le groupe de fétards dont
Vaction se voulait endiablée ne
réunissait pas a transporter le
public. Par contre les masques
colorés dont ils étaient affublés
(Jean-Jacques Plante) et les
costumes (Nicole Dextras) rete-
naient l’attention.

Une heureuse surprise m’atten-
dait cependant, la découverte
d'un acteur de talent, Yvan
Morissette, dont la présence
rehaussait le spectacle. Dans sa

meilleure scéne ot le fermier

habille son fils pour la féte, il est
soutenu magnifiquement par
Gérard Malo.

Quelques bons moments per-

mettaient aussi d’apprécier le jeu »

de Sylvain Demers, Gérald
Mercier et de Jean-Jacques
Plante. J’ajoute que Andréa
Rankin, Héléne Davis et Patric

~ Demers seraient intéressants s’ils

corrigeaient diction et maintien
sur scéne. L’intervention du
musicien Glen Watts réussissait a
créer une ambiance de carnaval.

Un spectacle de théatre pour
étre réussi doit assembler de
facon cohérente des éléments. On
ne fait pas du théatre pour faire
du théatre. On doit se donner des

objectifs créatifs précis et
politiques s'il y a lieu. Par
exemple, une troupe peut

décider de développer l’aspect

*

Yvan Morissette dans le réle d’Henri

corporel ou multidisciplinaire du
théatre, une tendance actuelle,
comme elle peut axer sa
démarche sur le classicisme ou
les techniques conventionnelles.
Mais il faut qu’elle se branche.

Je ne vois malheureusement
aucune des priorités officielles
sorienter vers la _ culture.
Posons-nous ensemble la ques-
tion. L’ame d’une communauté
ne passe-t-elle pas par son
expression créatrice? Coupez-lui
les moyens d’exister et cette
communauté étouffe.

~"Peindre 4 Kelowna ~

Six artistes, cinq artisanes,
soixante oeuvres exposées: le
Centre culturel francais de
l’Okanagan avait bien fait les
choses pour cette exposition
d’arts visuels qui s'est déroulée du
22 au 24 mars dans ses superbes
locaux de Kelowna.

Boix de bouleaux, collines
pelées et chaudes lumiéres d’été,
l’Okanagan était bien le point de
ralliement de ces artistes
francophones, tous originaires de
la région de Kelowna.

Shala Neyestani, qui exposait il
y a quelques mois au Centre
culturel colombien, laissait ses
influences persannes.

Les sérigraphies de Robert
Vignola, beaucoup plus moder-
nes et beaucoup moins figuratives

que le reste des oeuvres exposées,
ressortaient du lot avec leur subtil
équilibre de masses et de couleurs
(comme dans Mass in motion) .
Claire Cichon et Suzanne Morin
donnaient la parole aux paysa-
ges de méme que
Simone Hébert, qui se détachait
par le nombre de toiles exposées
(vingt-deux a elle seule!)
Yannick McCarthy, avec ses
deux portraits d’Amérindiens,
était discréte mais convaincante.
Couture, tissage, crochet,
broderie, c’est un duel a l’aiguille

que se livraient Martine Karp,.

Jeanine Boutin et Raymonde
Nolius, duel arbitré par Joan
Boutin, qui présentait des
sculptures en porcelaine.

C.H.B.

... C’est voir les productions de l’ONF
sur vidéocassettes.
Disponibles au bureau de
l’Office national du film du Canada
Service de location vidéo

1161, rue Georgia ouest, Vancouver
Tél. : (604) 666-0718/0716

Le Soleil de Colombie, vendredit 27 mars 1987 - 5

_ «Tin men»: tragicomique

Coup d'oeil

Par Elise Fontenaille

_ Oyez, braves gens, la triste
complainte d’un malheureux tzn
man (vendeur de facade en
aluminium). I] est petit, gros,
laid. Il perd sa femme, son
travail, son appartement, sa
licence de t2n man. Il ne lui
manque que la corde pour se
pendre: ah ah ah! Et ¢a vous fait
rire? Eh oui c’est franchement
dréle!

1963 - Baltimore. Deux tin men
rivaux se haissent cordialement.
Bill Babowsky (Richard Drey-
fus) s’'acharne sur le malheureux
Ernest Tilley (Danny DeVito). Il
commence par réduire sa voiture
en bouillie, il finit par lui piquer
sa femme (Barbara Hershey,

marrante comme tout avec ses
grosses lunettes et des bigoudis
plein la téte!)

Barry Levinson, le réalisateur,
sait de quoi il parle: son pére a
été t2n man. Tout ce qu'il raconte
sur le métier, il l’a vu de ses yeux,
méme|’€pisode hilarant ot deux
ttn men se font passer pour des
photographes de Life chargés
d’un reportage sur les facades en
aluminium pour vendre leur
camelote.

Incroyable? Mais vrai! assure
Barry Levinson.
© Spécial - fans: Richard Dreyfus
tourne en ce moment a
Vancouver. Dans Stake Out
d’Emilio Estevez, il joue le réle
d’un policier.

Tin men de Barry Levinson, ©
avec Danny DeVito, Richard
Dreyfus et Barbara Hershey.

Bons baisers de Nagoya

. Courage, estimé lecteur! Votre calvaire touche asa fin. Ceci est
ma derniére chronique Coup d’oeil.

Quand vous lirez ce Soleil, je serat au Japon, grace a labonné
“japonais” du Soleil de Colombie: Japonais entre guillemets,
puisquil s'agit dun professeur de frangais [anglophone]
originatre de Victoria, Raoul Holland, quit vit au Japon et lit Le
Soleil - auidemment, n’en doutons pas - chaque semaine! Vous
voyez bien que Le Soleil est un journal de renommée

internationale!

A bientét tout de méme: je vous mitonne une enquéte sur les
Japonars francophones, vous m’en direz des nouvelles... |

Agenda

¢ Il vous reste jusqu’au 2 avril pour
voir Un homme et une femme,
vingt ans aprés au Ridge. Sur l’air
de Cha-ba-da-ba-da, avec Claude
Lelouch (réalisateur), Jean-Louis
Trintignant (homme) et Anouk
Aimé (la femme).

Du 27 mars au 2 avril, 19h15 et
21h30, au Ridge, 16éme et Arbutus
(738-6311).

¢ Fin de Series au Centre culturel
colombien! C’est au groupe de Paul
Plimley que reviendra l’honneur de
clore la série de concerts de jazz du
CCC. Ces sept “Concerts de
musique créative de |’Atelier des
nouveaux orchestres” étaient
parainnés par le Coastal Jazz and
Blues Society: pour les amateurs
de jazz, c’est donc la derniére

National

Oftice
national du film Film Board

du Canada

of Canada

occasion de se mettre au courant —
des nouveautés avant le Festival
international de jazz cet été a
Vancouver.

° Oriane est un film franco-véné-
zuélien de Fina Torres qui a obtenu

a caméra d’or au Festival de

Cannes 1985. Le mystére d’une
femme morte, le secret de son
passé, le jeu de mirroirs avec sa
petite-fille; voici les éléments de
cette fresque de qualité aux tons
sépia.

Oriane, du 3 au 9 avril 4 19h30 au
Vancouver East Cinema, 7éme et
Commercial (253-5455).

e Au Centre culturel colombien,
Chantal Morin joue les prolonga-
tions. Elle donnera deux s
supplémentaires, le 2 avril 4 20h30
et le 3 avril 4 22h30.

Au CCC, 795 Ouest 16éme
(874-9105).