VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi 30 juin 1989 - 11 Récit d'un tour du monde Nuremberg Par Jean-Claude Boyer Dimanche, 14 octobre 1984. Matinée fraiche et ensoleillée. Je me réjouis, une fois de plus, d’avoir récupéré mes énergies en une nuit. Youppi! En arrivant a la gare de Nuremberg (sud de l’Allemagne), par le train de Francfort, je songe a I"histori- que «proces de Nuremberg», qui a 6tabli la jurisprudence des crimes de guerre et du génocide. Jeme mets aussitét a la recherche des charmes de la Vieille ville. Qu’elle est belle, mon Dieu! (Nuremberg était, parait-il, l'une des plus belles cités médiévales d’Allemagne; ses maisons bourgeoises a colombages ef pignons histo- riés ont été anéanties pendant la Deuxiéme Guerre.) Mur d’en- ceinte jalonné de_ bastions, innombrables pignons et lucar- nes, fleurs aux fenétres, saules pleurant surles eaux langoureu- ses de la Pegnitz... Heureux Nurembourgeois. Pour simplifier la relation de majournée, visitons d’abord les deux grandes églises rivales: St-Sébald (XIlles.) et St-Laurent (XIVe-XVe s.). Entrons dans la premieére par le beau portail dit «des mariages». L’intérieur, en grande partie gothique, me frappe par la profusion de ses oeuvres d’art : retable peint sur fond doré, chasse de saint Sébald dans un splendide monument de bronze (Nuremberg était une ville de fondeurs de bronze et de batteurs d’or), Supporté par des colimagons et des dauphins, et orné de nombreuses statuettes, fonts baptismaux, statues polychromes et reliefs exécutés avec cette minutie qui m’éblouit toujours. Scénes dela Passion. Série de vitraux. Et encore des sculptures: mado- nes déhanchées, martyre de sainte Catherine, Vierge de douleur. Je m’attarde devant un tabernacle entouré de décora- tions élaborées - que je renonce a décrire. Un Christ couronné d’épines, bouche ouverte, sem- ble porter dans son ame les souffrances du monde. Sou- _ dain, j’apercois le dos «ouvert» d'une statue; on y distingue diverses parties internes du corps, un serpent, dirait-on, et jenesais quoi d’autre. Curieux! Une carte postale m’apprend que cette sculpture, datant de 1310, représente une «femme du monde»! Je sors de St-Sébald l'imagination rassasiée. Pénétrons maintenant dans l’église gothique St-Laurent. Je m’arréte d’abord devant un excellent montage audio-visuel surlareconstruction de |’édifice aprés la Deuxiéme Guerre, puis devant une Salutation angélique - suspendue aux voites du choeur. La scéne est encadrée de six médaillons représentant | les autres «joies de la Vierge». Je remarque, au bas de ce bel ensemble polychrome, un ser- pent vorace mordant dans la pomme fatale (faute originelle et Annonciation: début des deux Testaments). Je me tourne pour admirer une rosace éclatante de couleurs; elle me tableaux, . rappelle les jeux réfléchissants du kaléidoscope. Un crucifix attire mon_ attention; ses extréemités ramifiées portent des médaillons. Je m/attarde, fasciné, devant des triptyques (ou polyptiques) aux _ infinis détaiis. Tiens, un barbu supportant une balustrade! Ce personnage, me renseigne une carte postale, représente le sculpteur lui-méme. Grand vitrail de l’arbre généalogique du Christ. Me voila maintenant saturé. Passons aux fontaines. N’en mentionnons que trois: celle des vertus, dont les eaux jaillissent du bout des seins, celle du paysan_ transportant une oie sous chaque bras, et, de loin la plus célébre, la «fontaine dom ou «belle fontaine». Celle-ci serait mémela curiosité laplus populaire delaville. On y distingue, au sommet d’une pyramide, les prophétes autour de Moise; sous eux, une quinzaine d’autres statues en couleurs. Superbe! Il faut comme cette touriste abaisser un tuyau pour faire couler |’eau ; une autre fait tourner sur lui-méme, au bout du bras, un anneau passé dans un des barreaux de la cléture en fer forgé qui entoure le monument. Pourquoi ne pas tenter la chance, moi aussi? Je tourne l’anneau plusieurs fois, le plus sérieusement du monde. Mon voeu? Que ce périple autour de la planéte s’avére magistral! - Prés de cette magnifique fontaine dorée (sur la place du marché), je rencontre une Frangaise-paquet-de-nerfs qui se dit ravie de parler a un «Canadien». D’aprés elle, ce serait unesorte de péché mortel que de manquer, a midi, le spectacle «horloger» de la place. J’y reviens donc, juste avant I’heure, et léve la téte vers le clocher de l’église Notre- Dame (en restauration), au milieu d’une foule de touristes endimanchés. Des échafauda- ges recouverts de filets verts éntourent une horloge a jaquemart. L’allemand que jentends me _ parait moins guttural que d’habitude. Midi tapant: des cloches, au loin, se mettent a sonner, la grande -horloge s’anime, les exclama- tions se multiplient. Ingénieux, ce mécanisme! Levée de trompettes, roulements de tambour. Les sept princes électeurs viennent préter ser- ment al’empereur Charles IV. IIs défilent a trois reprises, se retournant a tour de réle en passant devant le«Kaiser. Rien de semblable au Canada! Insérons _ ici un mot sur Jinsolite et l’animation dans les rues et places piétonnes. Un petit garcon aux yeux tristes se recroqueville dans un panier d’osier fixé sur le porte-bagages arriére de la bicyclette mater- nelle, les jambes al’abri dans un autre panier vertical fermé. Je ne peux m’empécher de sourire en observant de longues rangées de noix de coco a vendre: elles affichent toutes une expression humaine diffé- rente, aussi comique |’une que l'autre; de petites plantes vertes émergent des «cranes», comme pour rendre ces «tétes» encore plus vivantes. Un joueur d’accordéon interpréte... «Nou- velle agréable», cantique de Noél au titre toujours de saison. Ailleurs, un cornemuseux en ju- pe écossaise semble accompa- gner des danseurs de bronze saisis en plein mouvement. Le long d’une série de boutiques d’artisanat, des arcades expo- sent de grandes _ assiettes fleuries, des chapelets de tasses s’accrochent aux piliers. Dans une de ces boutiques, jiouvre de grands yeux devant une quantité prodigieuse de bibelots miniatures (figurines, animaux, maisons...). Une fée transformerait cette boutique, d'un coup de baguette, en univers fabuleux. Apres avoir dévoré saucisses grillées et petits pains d’épices, jemeproméne aloisirle long de la Pegnitz. Chaloupe rouge sur les eaux miroitantes, pont «dur Bourreau», Maison des Vins (XVes.)... Je lis sur une affiche de ruines: «Nuremberg 1945 - Plus jamais!», ces derniers mots en rouge sang. Le ciel nuageux de l’illustration est couvert de. réflexions griffon- nées en allemand - sur la folie humaine et la volonté de paix, sans doute. Au lieu d’aller visiter |’immen- se musée national germanique, ou se trouvent les oeuvres de Durer, je me contente, faute de temps, du musée des jouets. Un dépliant m’apprend que Nurem- berg était devenue si prospére que, grace ason développement industriel, on sut tirer parti dela pauvreté des campagnes avoisi- nantes en leur faisant fabriquer jouets, poupées, horloges, objets en bois de toutes sortes. Je regarde attentivement des trains foncer dans des tunnels, des assortiments de mobilier miniature, un petit carrousel, une voiture de pompiers d’avant l'homme des cavernes... J’en- tends un «boum», suivi de pleurs déchirants: un gamin voulant s’approcher la téte d’un jouet s'est frappé le front contre une vitre. ll est grand temps que je me rende a la maison de Direr (1471-1528), au pied des fortifications. Rénovée en 1971 al’occasion du 500e anniversai- re de la naissance de l'illustre peintre-graveur, cette demeure renferme des dessins originaux ou copies d'oeuvres essentiel- les créées ici-méme. L’art de - Durer en peu de mots: nouvelle conception des formes et de ‘espace, grande liberté de facture, exceptionnelle finesse chromatique. L’art, selon lui, est création (par analogie avec la nature) et connaissance (science et raison). J’admire, dans son atelier, des scénes de la Passion et |’Apocalypse. Un texte commente: «Ces oeuvres, qui traduisent le climat deffroi d'un monde angoissé a Ia veille de la Réforme, eurent un profond retentissement; carac- téristiques de |'imagerie alle- mande, elles révelent le cdté visionnaire de _ lartiste et Stigmatisent |'état desprit de toute une 6poque». Le génie créateur de Durer a marqué profondément la peinture alle- mande. En retournant a la gare, impatient de me reposer, je me procure des cartes postales, dont une sur le _ fameux «entonnoir de Nuremberg»: un savant verse dans le crane d’un cancre jubilant une bonne dose de science liquéfiée, alors qu’un patapouf en perruque grise a boudins fait la lecture des instructions d’un air parfaite- ment niais. Du Moliére tout craché! (C’est ici que fut fondée la premiére université scientifi- que d’Allemagne.) Une autre carte présente, en noir et blanc, la place du marché en 1945 et maintenant: horreur et paix. Je prends bientét mes aises, enfin!, dans le train qui me ramene a Francfort. ivi Canada Travaux publics Canada, 601, Projet No. 7100160: tion - Rénovations Dépét: 50,00$ (604) 666-5711. des soumissions. Ni la plus basse ni nécessairement retenue. APPEL D’OFFRE LES SOUMISSIONS CACHETEES, visant les entreprises ou services énumérés ci-aprés, adressées le Gestionnaire régional, Politique et administration des marchés de la Région du pacifique, (Colombie-Britannique) V6E 3W5 seront recues jusqu’a |’heure et la date limite déterminée. On peut se procurer les documents de soumission par|’entremise du bureau de distribution des plans, a l'adresse ci-dessus sur versement du dépdot exigible. PROJET Pour Transport Canada - Groupe et additions aérienne de |’Aéroport de Pitt Meadows, C.B. Encadrement métallique de 8.0m x 7.9m ajouté au rez-de-chaussée du batiment de la tour de contréle, le travail comprend le finissage des pilones de support et autres taches sur les lieux. Les trottoirs, conduits et ré-installation des services affectés. Coordination des travaux requise avec la compagnie en charge des services au public. Date limite: le 18 juillet 1989 4 11h00 (11 a.m. PDST) Les documents d'appel d'offre peuvent étre également consultés a l'Amalgamated Construction Assn. de C.B., Vanc. Informations techniques: |. Barrie, directeur de projet. Téléphone: Informations pour l’appel d'offre: (604) 666-0185. INSTRUCTIONS Le dép6t afférent aux plans et devis doit étre établi a l’ordre du Receveur général du Canada. Il sera remboursé sur retour des documents en bon état dans le mois qui suivra le jour de | ouverture aucune des soumissions ne sera Travaux publics Public Works Canada 1166 rue Alberni, Vancouver, d’avia= - a la tour de contréle Canada Les scouts et guides francophones font la féte! Suite de la page 3 nos jeunes, soit le Comité de Parents de L’Association des Scouts et Guides de Maillard- ville ainsi que des bénévoles du mouvement. Cela a été une grande réussite, appréciée par ‘les personnes invitées. Aussi, je tiens a souligner que le recrutement d’animateurs et de jeunes se poursuit tout au cours de l’été, donc si ‘il y a des personnes intéressées a joindre te mouvement, ils n’ont qu’a écrire a: District Scouts et Guides de la C.B. (secteur francais) - 1013 Brunette Avenue P.O. Box 1130 Maillardville, C.B. V3J 624 ou encore appelez au 520-3137. Alors, FELICITATIONS pour le beau travail et surtour MERCI de travailler si fort pour nos jeunes francophones. ‘Lalibrairie du Soleil Au 980 rue Main.