Oe CARNET d'un PROMENEUR par Roger Dufrane SUR LA COLLINE D& DUNBAR Une trafinée blanche courait au flanc sombre des montagnes. En ce matin gris, alors qu'une lumiére plus vive qu'ailleurs cuivrait un coin de ciel, je me promenais sur la Colline de Dunbar. C'est un quartier de retrai- tés, de professeurs, d'hommes d'affaires, d'ouvriers, mélé en soqmme comme tous les quar— tiers de Vancouver. Le passant peut s'amuser A deviner la qualité sociale des résidents en observant le gofit déployé | A ee dans l'ornement des facades. Les unes, excentriques, se ma- quillent de peintures crues; d'autres, sans personnalité, sont d'un style de magazine; les plus belles, sobres, aux toits en pente, fondent leurs lignes harminieuses dans la RACES AEA: Pan tae ae ee Pour la diversité, ce quar. tier se préte admirablement & la flanerie. Les beaux ar- bres y foisonnent: sapins aus- téres en robe toujours verte et bouleaux dépouillés aux délicates ramures. Des pigeons trottinent sur la route. Des airs de piano sortent des mai- ‘sons; et voici que surgit le joyau de l'endroit: le Couvent > du Sacré-—Coeur. Il s'entoure d'un pare broussailleux aux arbres vé- tus de lierre. Un molosse y bat les halliers. Je me suis laissé dire que les prétres qui visitent le couvent sont bien avisés de porter la sou- tane. Le chien est entrainé & pourchasser tout ce qui ne porte pas la robe. Solidité et tradition, voila l'impression générale qui se dégage du domaine. Deux arbres vénérables flan- quent le portail d'tot se voit la noble et longue facade, avee ses hautes fenétres et ses lucarnes. Un rayon de so-— leil frappe les vitres. Ce n'est pas un couvent: c'est un ch&éteau. Ce n'est pas L'A- mérique: c'est l'Europe. Tout, en effet, entre les murs de cette respectable maison, rap- pelle les saines traditions du vieux monde. L'Ordre des Dames du Sacré- Coeur fut fondé par une Fran- gaise, Madeleine-Sophie Barat, au début du siécle dernier.La Congrégation se répandit peu & peu dans le monde entier. Elle comprend aujourd'hui pas loin de deux cents maisonsdis- persées dans une trentaine de pays. L'Ordre fondateur souf—= frit quelque peu des tiraille- ments entre l'Eglise et la Ré- publique frangaise; et c'est & Jette¢Saint-Pierre, prés Bruxel- les, que reposent les reliques de la fondatrice. Deux pensionnaires passent dans l'allée. Elles peuvent a— voir seize ans. A voir leur u- niforme grenat, leur jupe grise, leurs bas s'arrétant aux genoux, on se dit que les soeurs veulent les retenir le plus longtemps possible dans la candeur des enfances. Ne nous y trompons pas: l'éducation des filles, ici, est fort poussée. Crest le programme officiel avec quelque chose en plus, et qui est tout. A leur concert de Noél, les éléves chantent en anglais, en francais, en Es- pagnol et en italien. L'édu- cation, traditionnelle, rap- pelle les couvents aristocra— tiques de l'ancienne France; mais elle a su s'adapter ad- mirablement aux sciences hu- maines, en d'autres termes s'ajuster aux disciplines de notre temps. Parmi les pen- sionnaires se trouvent non seulement des Canadiennes, mais des Européennes, des An- glaises, des Mexicaines; et le nombre est appréciable des éléves qui accédent sans peine, dans la suite, aux universités. Le soleil a percé les nua- ges et il illumine toute la facade. Derriére les Vitres, des tétes curicuses appar ais- sent. Je pense aux magnifi- ques chateaux d'Angleterre et. de France. ut je me dis que . pour tout ce qui touche A la Civilisation et aux choses de l'esprit, l'Amérique devra toujours se tourner vers sa mére 1'Europe. Cdapfain Vantouver Gitle) rants de choix. "A LA-PORTEE DE TOUS” $] 50. C'EST TOUT CE QU'IL EN COUIE POUR S'AFFILIER AU CLUB DU CAPITAINE VANCOUVER ET PROFITER DE TOUS: LES AVANTAGES QUE CELA COMPORTE!!!! 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Organise par le ™ GREATER VANCOUVER VISITORS ET CONVENTION BUREAU *, ee restau La petite souris a sa maman: - Je ne comprend pas pourquoi tu as si peur des hommes, puisque les hommes} ont peur des femmes et que les femmes ont peur de nous, ey Le Soleil de Vancouver, page 5,7 mars 1969 tn? . conde, REMEMBRANCE par Guy Nemer Lfombre rose des fins de jour envahissait doucement .la campagne, car en octobre, les heures sont plus breves semble-t-il, et le crepuscule vient plus tét que d'habitude, Un grand calme se faisait sentir, déja l'on pressentait la venue de Jl'au- tomne et cette solitude qui succe- de géneralement au tumlte des joyeu- ses bandes que la belle saison rame= ne chaque annee en nos parages, Dans le petit atelier de peine ture ou regnait un désordre charmant Sylvie Morand recevait le Colonel Gerard, un vieil ami de retour‘au pays apres une absence prolongée de vingt annees l'Armée,mais dont ltamitie*lui était acquise depuis longtemps, toujours fidéle en dépit du temps et des cir- constances qui avaient entoure cet éloignement d'apres-guerre, , D'un geste machinal 1'6fficter se leva et vint staccouder dans la baie large ouverte sur le jardin, ou ltodeur des giroflées se répandatt a travers le feuillage, Sylvie etait assise devant le chevalet portant ue ne miniature a peine ebauchée,et ses yeux yréveurs se perdaient au loine tain, a lthorizor. que le soleil i- nondait. de ses dernieres flammes, Soudain, il rompit le silence tombe entre euxs ~--Ma chere Sylvie, permettezemoi de vous dire que vous n'avez pas changés je vous retrouve la méhe que Jadis,du temps ou nous venions “ici, a Metis-sur=mer, les mis de vacane ces, Comme c'est étrange n'est=ce= pas, et pourtant si loin déja...... Non vraiment, vous n'avez pas change.. Emue, elle secoua la téte et toujours pensive murmurat ----C'est beaucoup dire lorsque je... songe qu'il y a vingt automnes d'e= coules sur ces jours. vous faites si bien mention,Cher ami croyez qu'ils me pesent* sur les é= paules, et mign: coeur est las parfois ides -Wjeux et douloureux.souvenirs - qui l'agsailient. — ' a ~ + ‘ ~—<- Comme je vous comprends} Ce _s6tr,ma présence vous en rappelle u- -neautre’* encore vivarite en votre mé= * “smoire et toujours “regrettée n'est CeOMAS? 5 ah Gas feet ee Liartiste l'envisagea une se= puis elle avoua dans un elan de sincerite: —-- Reginald etait tout pour moi vous le savez bien, 5 —-- Je n'en aii jamais doute,Vous avez perdu le meilleur des fiances et moi, un veritable ami, celui qui ne s'oublie jamais, Mais soyez per= suadée qu'en donnant sa jeune vie sur le champ de bataille, il a bien merite de la-Patrie.Vous pouvez etre fiére de lui, il était digne de vo- tre grand amour, ---- Je le sais Colonel, et ce mtest une précieuse consolation.Tout de mee rien ne peut effacer l'image du Passé, Comme une relique, je la porte en moi, elle me suivra jusqu‘a la fin de mes jours, Oy eut une pause, reprit indecise: ---- Vous etiez aupres de lui, au dernier combat? —--- Reginald est mort entre 'mes bras. puis elle A-t-il parle, exprime un dé= sir? : Suspendue aux levres de l'of- (Suite page 12) environ au service de. heureux dont. 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