Arts et Spectacles a7 sonore Du 22 au 31 octobre fa compagnie la Seiziéme, francophone, et Pink Ink, anglophone, présentent pour la premiére fois a Vancouver, la _ version bilingue de Polygraphe, du québécois Robert Lepage. Une expérience théatrale passionnante (1), qui revét ‘une signification particuliére au moment ou le Canada est appelé a se prononcer sur son avenir. Le Soleil a rencontré les deux metteurs enscéne, Roger Gaudet pour la Seiziéme, et Sandhano Schultze pour Pink Ink. - Le Soleil de Colombie : Deux metteurs en scéne pour une méme piéce, ce peut étre une source de problémes infinis comme un_ partenariat stimulant. Comment avez vous réussi 4 travailler ensemble ? - Roger Gaudet : Lasolution que nous avons retenue, c’ est que, face aux acteurs, il faut qu’il n’y ait nous avons retenue, c’est que, face aux acteurs, il faut qu’il n’y ait qu’une téte, en |’occurrence, Sandhano. Moi, j’écoute, je regarde, je réfléchis et je lui fais part de mes remarques en téte a téte. Nous en discutons et décidons ensemble. C’est une méthode tout a fait enrichissante et qui fonctionne bien. - Sandhano Schultze : Avant de commencer, nous avons discuté tous les deux trés longuement pour confronter nos interprétations du texte. Ce qui facilite notre travail, c’est que nous partageons la méme approche du théatre, la méme envie de bouleverser les schémas conventionnels. Pour moi,cette L'information, une priorité a TVD. OU VA LE MONDE ? Chaque jour, a TV5, : Steven Mitchell Photo une information immediate, abondante et universelle. Des bulletins quotidiens de nouvelles en provenance d'Europe, via satellite. Polygraphe a partir du 22 octobre Le bilinguisme en scene conventionnels. Pour moi,cette mise en scéne a deux est une expérience formidable. mise en scéne a4 deux est une expérience formidable. Habituellement, le metteur en scéne est seul face aux acteurs et au texte. Ici, il y ace “feed-back”, cette confrontation permanente. - Comment avez-vous résolu les problémes liés au bilinguisme dans cette piéce ? - S. : La piéce est trés visuelle, viscérale méme. Ca rend les problémes linguistiques plus faciles 4 aborder. Il y a des scénes sans dialogues, ot l’image est trés forte. - R. : Le bilinguisme n’a pas vraiment posé de probléme. A chaque role sa langue. Lucie et Francois se parlent en frangais, Des reportages-verité, saisis sur le vif aux quatre coins du monde. Des magazines qui font le point sur la situation internationale. Des enquétes passionnantes. Priorité a l'actualité dans le monde a TV5, cable 35%, Peut varier. Consultez votre cablodistributeur. Andrew Mcllroy et Andrew Wheeler. ? ‘ Frangois se parlent en frangais, mais s’adressent en anglais 4 David, comme dans la vie de tous mais s’adressent en anglais 4 David, comme dans la vie de tous les jours lorsqu’on discute avec un. anglophone. - Quel sens attachez-vous a la présentation d’un spectacle bilingue a la _ veille du référendum ? - R. : Ce n’est pas a cause du référendum que nous avons choisi de monter Polygraphe. Mais ilest vrai que cela prend une signification particuliére aujourd’hui. Moi, je suis franco- colombien, Sandhano est anglophone d’origine allemande, Caroline, l’interpréte de Lucie, est québécoise, Andrew Wheeler (Frangois) est anglophone mais vient de Montréal et Andrew Mclllroy (David) est anglophone. Nous n’avons aucun probléme a travailler ensemble, au contraire. - S.: C’est une piéce sur les choix que chacun doit faire, sur la maniére de vivre chacun avec ses choix. Le contenu de Polygraphe n’afienavoiravec la constitution, mais c’est vrai que cela tombe particuliérement bien. Tant mieux siles gens |’interprétent ainsi. Pour nous, le Canada est un pays qui fonctionne. Nous le montrons avec cette piéce. Peut-étre sommes-nous des réveurs, mais c’est notre métier de réver. Propos recueillis par Frédéric Lenoir (1) cf le Soleil, 25 septembre 1992, p 17. Polygraphe, de Robert Lepage. Vancouver East Cultural Centre, du 22 au 3loctobre. Réservations au 254-9578. Le Soleil de Colombie L'Ftranger au théatre Frederic Wood Albert Camus dans le texte Prés de 400 personnes ont assisté, mercredi 14 octo- bre, a la piéce de théatre L'Etranger, présentée par l'‘Alliance frangaise de Vancouver. Un beau succés pour cette adaptation qui a séduit le monde entier. ujourd’hui, maman est morte.» Lorsque les célébres premiers mots du roman de Camus ont résonné dans le théatre Frederic Wood, plein a craquer, le spectateur savait d’emblée qu’il allait retrouver, incarné sur scéne, le roman V’Etrangertel qu ill’ avait lu. Sans trahison, sans déviation. Al’image du succés rencontré par les centaines de représentations données dans plus desoixante pays, L’Etranger a été chaleureusement applaudi par prés de 400 spectateurs vancouvérois. Une bonne partie du public était constituée de jeunes, étudiant en francais. Une centaine de places étaient occupées par des éléves de -12éme année d’immersion pour qui L’Etranger figure au programme de |’année scolaire. Fidéle au texte et a l’esprit de Camus,,|’adaptationde la troupe du Théatre en Piéces de Paris ne Fidéle au texte et a l’esprit de Camus,,|’adaptation de la troupe du Théatre en Piéces de Paris ne s’est pas autorisée de trés larges libertés. Tout juste quelques lignes dites par le narrateur ont-elles été reprises 4 la premiére personne. L’écriture, sobre et dépouillée, se refléte dans la mise en scéne, conformément 4 la volonté des auteurs de |’adaptation de ne pas s’immiscer dans le débat sur l’interprétation du roman. “La . seule présence réelle, c’est celle du texte : notre interprétation philosophique de L’ Etranger, on Va gardé pour nous afin que la part de l’imaginaire du lecteur se retrouve chez le spectateur” explique Jacky Azencott, co- metteur en scéne et interpréte des roles de Raymond et du juge. Un enjeu intellectuel Réussir a transmettre sur scéne les €motions qui se dégagent de la lecture du roman relevait du tour de force. “Ce n’était pas du tout un texte fait pour le théatre. Au départ, c’était un enjeu intellectuel” reconnait Jacky Azencott. “Nous sommes passés par une sorte d’adaptation cinématographique, scéne par scéne, comme pour le découpage d’un scénario” poursuit-il. La piéce, composée d’une vingtaine de courtes scénes, entre lesquelles le plateau est ponglé dans l’obscurité, se découvre ainsi a la partie du roman, expédiant le second volet (le procés et la prison) en quelques scénes. “C’est assez amusant car les professeurs dans les écoles font presque toujours étudier la deuxiéme partie” remarque le metteur en scéne. “Cette partie nous a beaucoup moins intéressés car il y a un changement de nature dans V’écriture méme. La premiére partie est un texte superbe, dans une épure totale. Avec une telle économie de mots, Camus parvient pourtant a@ créer toutes les images et @ rapporter toutes les sensations” s’ enflamme Jacky Azencott d’un ton passionné. La sensorialité de I’ Algérie Lorsqu’en 1985, Jacky, avecl’aide de son frére Robert, décide de mettre en scéne L’Etranger, il a dans |’idée de créer un spectacle sur la guerre d’Algérie, période mettre en scéne L’Etranger, il a dans l’idée de créer un spectacle sur la guerre d’Algérie, période douloureuse et 4 bien des égards encore taboue de l’histoire de France. Portant sur un sujet trop sensible pour trouver un financement, le projetéchoue.C est alors que Jacky Azencott relit L’Etranger (“Quand on le relit a 40 ans, cela ne fait pas le méme effet qu’a quinze ans”) etretrouve chez Camus une “extraordinaire acuité sensorielle pour évoquer l’Algérie, la lumiére du soleil, la chaleur, la pénombre”. Restait pour Jack Azencott, né au Maroc et qui a grandit a la frontiére algérienne, 4 convaincre les héritiers de Camus pourobtenirles droits et 4 modifier son premier projet d’adaptation pour lequel il n’avait pas pu trouver de financement. Le succés est immédiat, la piéce remporte le prix du Festival Offd’ Avignonen 1987. Les acteurs Patrick Potot (Meursault), Jacky Azencott et leur technicien partent alors entoumée travers le monde sans interruption pendant deux ans consécutifs, et sillonnent encore aujourd’hui la planéte quelques mois par an, parfois remplacés par d’autres comédiens, au gré de leurs emplois du temps (comme Marie Maffre dans le réle de Marie). Modeste, le metteur en scéne ne revendique pas la paternité de cet engouement : “Notre succes tient aussi a Camus : c’était quelqu’un* maniéred’unesuccessiondeplans- quiavaitun goittrés prononcé de - séquences d’un long-meétrage. ce qui est populaire, et cela, nous Par choix délibéré, ne le soupgonnions pas nous- Vadaptation se concentre mémes au départ”. essentiellement sur la premiére Renaud Hartzer Vendredi 23 octobre 1992