Une fable qui nous vient de Nelson ... Le rosier et le mdrier. « Comme je suis beau ! Comme je suis pur ! » dit un jour un rosier aun mirier sauvage qui poussait aux abords d’un jardin. Le ma- rier fut d’abord étonné d’une déclaration aussi hautaine. Sa confiance en lui-méme fut davantage ébranlée. Il se sentit dévalo- risé. On lui avait souvent dit que les mdriers étaient vus d’un mau- vais cil parmi les habitants du potager. Mais, aprés avoir réfléchi un peu, voici ce que le mdrier répondit au rosier arrogant : « En effet, vous étes d’une beauté et d’une grace incomparables et nul n’oserait douter de votre pureté ». Le rosier fut fort flatté de ce compliment et s’inclina orgueilleuse- ment jusqu’a terre en signe de remerciement. Le jardinier qui jus- tement passait par la, le voyant ainsi penché, courut vers la re- mise chercher de la ficelle et un tuteur. Il souleva la plante souve- raine qu’il croyait s’étre affaissée et l’attacha au tuteur enfoncé dans le sol. Le marier, témoin de tant de soins, se dit en luicméme: « Voila une chose a retenir. Le rosier est bien traité, certes, mais est-il libre ? Jamais je n’accepterais d’étre lié ainsi. Je préfeére la latitude dont je jouis. » La-dessus, il leva la tte avec mépris et s’accrocha a un poteau soutenant des perches destinées a retenir la chévre du voisin. Le rosier, a tous les jours, formait de nouveaux boutons et deve- nait de plus en plus attrayant. Les passants s’extasiaient a sa vue tout en humant la fraiche odeur qu’il dégageait. Quant au marier, il passait inapercu : méme la chévre lignorait. Il est devenu tout a coup aigre et envieux. « Pourtant, se dit-il, le rosier est tout autant épineux que je le suis ... Ah, je sais bien. Je suis différent. On trouve les roses sur les autels et dans les salons ; dans les par- loirs et dans les maisons. Nos fleurs & nous, sont petites, chétives et sans éclats. Pourquoi ai-je été créé ? Longtemps aprés ma mort, on fera encore de grands efforts afin de m’éviter. Il est a re- marquer, cependant, qu’on aime mes fruits succulents. Mais, on les récolte un peu comme on prend le miel des abeilles ; avec ex- tréme précaution et du bout des doigts. » 25