a hs de, Vancouver ssur. -la bande. canal 7 a Vancouver et canaux 3 et 8 a Victoria Programme de la télévision VOL.3 NO.10 Vendredi ler décembre 1978 Le Soleil de Colombie. Yepaeed ae décembre 1978 ee francaise de Radio-Canada Un spectacle total, sensible et nuancé Le romancier et dramaturge ‘russe Ivan Sergueievitch Tour- gueniev a exercé en Europe, du temps de son ami Flaubert, une influence assez marquée. En plus d’avoir fait connaitre la lit- térature russe en France, il fut le premier a révéler a |'Occi- dent tout ce que l’ame slave pouvait recéler de richesse et de mysteére. Mais vinrent Dostrojevski et Tolstoi, les deux géants qui fi- rent atteindre au roman des pro- fondeurs nouvelles. La sensibi- lité fine, quasi féminine de Tourgueniev fut vite éclipsée par le tragique psychologique tout en clair-obscur du premier et par les vastes dioramas cos- miques du second. Néanmoins, |’éblouissement passé, on revint aussi a Tour- gueniev; parce que les. frémis- sements de la sensibilité, l'ap- pétence sensuelle, les _ senti- ments délicats et les inquiétu- des de |‘’A4me moyenne sont aus- si devla condition humaine. Toungueniev est, a; liaise et... tout uinmeme, ¢ ans la. peinture, .,.,, impressionniste des paysages et des états dame, mise en évi- dence par un style «élégant, précieux, tout en nuances». La piéce Les amateurs de théatre télé- visé ne devraient pas manquer de voir Un mois a la campagne dans une magnifique réalisation de Richard Martin, aux Beaux Dimanches du 3 décembre a 20 h 30, a la chaine francaise de Radio-Canada. Cette piéce, la plus célébre de Tourgueniev, est une comé- die dramatique qui nous mon- tre comme sous la loupe, la re- cherche de l’amour dans une famille de l’ancienne noblesse russe. A sa maniére, Tourgue- niev analyse les gestes et les sentiments de ses personnages a mesure qu'ils se découvrent eux-mémes, se questionnent, jouent a cache-cache avec leur lucidité ou leur candeur. Evidem- ment, tout est tracé en délica- tesse et en nuances, non seu- lement @ cause de sa facon épi- curienne de dépecer les Ames, mais parce que c'est également .la maniére de vivre et de sentir de cette classe. Toute propor- tion gardée, Tourgueniev nous y apparait comme une sorte de Proust avant la lettre, allant chercher avec de fines aiguilles les motifs, les impulsions, les désirs. Ainsi, Nathalia Petrovna, qu'on a qualifiée de «dame Bovary de la steppe», subit de facon plus ou moins mélancolique sa vie a la campagne auprés d'un mari trop distrait et trop simple pour elle. C’est.donc avec une volup- té friande qu'elle «tricote de la dentelle» . sentimentale avec Mokhailo Rakitine, un vieil ami de la famille, intelligent, plein de noblesse, distillant par tous les pores une bonté rare. Amou- reux de Nathalia jusqu’au fond de |’ame; eRakitine sait qu'elle se joue plus ou moins de lui; RA Piew eee ML ee te Du HA Pa Tee BAIRD OO EON ah mL «ll vous faut persuader Vera en personne... mais sa seule présence le com- ble. Dans comme toute Russe digne de ce nom, passe sans transition de la. trentaine, Nathalia, 'enthousiasme a l'incertitude, des sentiments les plus mars a des naivetés enfantines. Aussi, quand Alexis Belaiev — un étu- diant engagé comme précepteur de son fils — vient s’installer dans la maison, Nathalia est in- consciemment subjuguée par sa grace, sa beauté et le respect qu'il lui voue. Les vacances a la campagne tournent a la mé- lancolie, a la souffrance... La réalisation Richard Martin, qui connait presque par coeur Un-mois a la campagne, tant il aime cette piéce, a voulu en faire un spec- tacle total: c’est-a-dire non seu- lement faire revivre un grand texte, mais le présenter de fa- con a ce qu'il parle a tous les sens, qu'il s'‘impose au specta- teur, qu'il l’enveloppe, |'enva- hisse. Tourgueniev se préte particu- ligrement bien & cette concep- tion de la mise en scéne et le réalisateur, avec une intuition, une astuce des plus intelligen- «Nathalia Petrovna venez par ici» re ee ei 2 ba te tes, a su jouer sur deux ta- bleaux: l'impressionnisme sen- suel et le contraste dramatique. Il améne celui-ci, lentement, graduellement, sans que nous le sentions trop... Et tout.a@ coup, nous sommes plongés au coeur “méme des étres. Du plan d’en- smueaasiaageon ~qui semble presque fixe, qui nous imprégne de |'ambiance, il passe par des mouvements de caméra sinueux et insinuants, aux gros plans. Il suit les divers niveaux de conscience des protagonis- tes et il exerce ainsi sur nous une sorte d’emprise. Cette piéce, assez longue, ne nous laisse ainsi pas un ins- tant de répit. Deux des princi- pales séquences de gros plans et de champ-contre-champ (les téte-a-téte Véra-Nathalia et Ra- kitine-Alexis) nous rappellent les puissantes figures d'Eisens- tein. Nous ne sommes plus des spectateurs derriére un mi- roir sans tain; mais des ames _pénétrent dans d’autres ames et qui s'y reconnaissent comme dans un miroir... A la fois maitrise sensible du réali- sateur et justesse, sincérité, profondeur du jeu des comé- diens. A ce propos, on remarquera le retour foudroyant de Dyne Mousso qui, aprés une trop longue absence, nous rappelle comme elle est une grande co- médienne. Elle nous touche, nous retient, nous émeut. Le réalisateur a su lui faire donner le meilleur d’elle-méme dans un jeu a la fois retenu et intense. Elle a tout de Nathalia: sa fi- nesse, ses réserves et ses co- quetteries, sa sensibilité frémis- Sante et ses emportements, ses incertitudes, sa défaite devant la passion et sa sincérité... fluc- tuante. Quant a Pascal Rollin, on aime- ra son sourire fascinant tout chargé de bonté profonde... son aisance, sa noblesse et |'intelli- gence qu'il a de si bien rendre celle du personnage. Et il sait reproduire a la perfection la rou- La distribution Nathalia Petrovna: Dyne Mousso; Mikhailo Alexandrich Rakitine: Pascal Rollin; Vera A- lexandrovna: Sylvie Gosselin; A- lexei Nicolaitch Belaiev: Daniel Gadouas; Ignati Illitch Schpie- guelski: Miche! Dumont; Arca- di Sergueitch Islaev: Léo llial; Adam Inanitch Schaaf: Jean Dalmain; _Lisaveta Bogdanova: Andrée Saint-Laurent; Afanassi lvanitch Bolchintsov: Yves Mas- sicotte; Kolia: Renaud Boisjoli; Matvei: Francois Trottier. L'équipe de réalisation Musique: Antoine Padilla Décors: Camille Prud'homme assisté de Pierre Despars Ensemblier: Charles Dupas Chef machiniste: Guy Patenaude Art graphique: Mario Leclerc «Rakitine et moi, nous a sons nous OCCUDEr de votre Ain sig «Tu aimes ma femme n’est-ce pas?... = * 7 4 me ah SS ‘@N\' «/l est un peu délicat... geur, la colére contenue des gens de qualité. Sylvie Gosselin, toute de frai- cheur et de spontanéité, sait jouer avec conviction |'univers intérieur ambigu d'une jeune fil- le amoureuse, alors que Daniel Gadouas, en Alexis, donne de la présence a ce jeune homme un peu gauche et naif, néanmoins - spontané et plein de gentillesse. Il faudrait dire aussi comment, grace a la musique, aux décors et aux costumes raffinés tout en camaieu (bleu, vert et bei- ge), nous croyons vraiment vi- vre au temps de Tourgueniev.: Ce spectacle nous donne cons- tamment \'impression d’enten- dre de la musique de chambre. Ce qu'il faut, semble-t-il, pour Un mois a la campagne. René Houle a] . ae ) Y = ) ‘: Faites- -en un garcon agile et adroit» L $ Al AL. he Effets spéciaux: Gilles Roussel Costumes: Claudette Picard assitée de Christiane Bastien wv taas Madguillage: Jacques Lafleur Coiffures: Paulette Fernandez Cameramen: Claude A. Bédard Georges Laramée Jacques Valliéres Robert Beauchemin Aiguilleur; Robert A. Quellette Contréle de I'image: Robert Tremblay André Binette Jacques Delafontaine Claude Rouette Bruiteur: Jean-Pierre Déry Eclairage: Jean-Guy Corbeil Assistant 4 la production: Pierre P. Girard Script-assistante: Monique Brossard Direction technique: Serge Riendeau Richard Martin Perchistes: Réalisation: