Wiss LE MINI-QUOTIDIEN DE LANGUE FRANCAISE i DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE Directeur: André Piolat -2 Le Soleil de Colombie, Vendredi 3 Mars 1978 | LE REIL coun = DE COLOMBIE Rédacteur: Jean-Claude Arluison Secrétaire: Francine Bélanger PUBLIE PAR 2K LE SOLEIL DE COLOMBIE LTEE, 3213, rue Cambie, Vancouver, C.B., V5Z 2W3 Courrier de deuxiéme classe | sous le numéro d’enregistrement 0046 Téléphone: 879-6924 oo | s LES HEBDOS Association de la Presse REGIONAUX francophone Hors-Québec eas) ERR Nea iF Md o Pensez aux petits La sélection naturelle Notre société repose sur un ensemble de conceptions er- ronées. Nous présumons par exemple qu’elle est essentielle- ment égalitaire, ce qui est une erreur des plus coiiteuses. Tous les animaux sont égaux entre eux, comme I’a dit George Orwell, sauf que certains sont plus égaux que d’autres. Les humains ne sont pas égaux entre eux, ce qui expli- que pourquoi certains font d’excellents menuisiers tandis que d’autres excellent dans les langues romanes. Il en va de méme pour les industries. Nous en sommes évidem- ment arrivés maintenant a un point ou toutes nos industries ont atteint un méme niveau ... de médiocrité. C’est un fait établi que, dans beaucoup de secteurs, les producteurs asiatiques cou- pent I’herbe sous le pied de leurs homologues canadiens. Notre économie est dominée par les filiales de multinatio- nales établies a l’étranger; généralement, c’est le siége social qui fait affaire sur les marchés internationaux, ex- cluant ainsi les petites succur- sales comme celles qui existent au Canada. En vérité, comme les ani- maux mentionnés par Orwell, certaines de nos industries sont plus égales que d’autres. Il y en a méme qui, avec un peu de soins et d’attention, pour- raient se développer et profi- ter A tous les Canadiens. La transformation des pro- duits de la péche provenant des eaux canadiennes pourfait cer- tainement se faire ici aussi bien qu’en Scandinayie, par exem- ple. Quant 4 la machinerie lourde nécessaire a l’extraction du pétrole dans |’Arctique, il serait naturel d’en confier la fabrication aux Canadiens; aprés tout, y-a-t-il dans le monde libre un autre pays qui _ puisse revendiquer une portion de l’Arctique? La Fédération canadienne de l.entreprise indépendante.., étudie depuis quelque temps les possibilités de créer des industries typiquement cana- diennes. Une combinaison ju- dicieuse de petites, moyennes et grandes entreprises aux stra- tégies novatrices pourrait créer les emplois intéressants et ré- muneérateurs dont nos travail- leurs ont besoin. Elles fini- raient bien par remplacer un jour les nombreuses filiales étrangéres qui n’ont d’autre fonction que d’aider leurs so- ciétés-méres a contourner les barriéres douaniéres proté- ' geant l’industrie canadienne. . La F.C.E.I. a recommandé létablissement de comités sec- toriels qui, pour le compte du “ gouvernement, chercheraient 4 identifier les industries ayant le meilleur potentiel a long terme. Des recommandations précises seraient formulées sur les moyens de les développer et de les renforcer. Il s’agira surtout d’industries capables de satisfaire d’importants be- soins locaux (présents ou fu- turs), et de se hisser a l’avant- garde de la technologie. Presque toutes les nations industrielles de quelque impor- tance ont une stratégie de dé- veloppement sélective; celle-ci consiste généralement a établir des barriéres non tarifaites sé- Iectives, telles que des polliti- ques d’approvisionnement des organismes gouvernementaux favorisant des compagnies lo- €ales, plutdt que de dépendre exclusivement de tarifs élevés appliqués a tous les produits. En écoutant la voix du bon sens, le Canada pourrait se doter d’industries prospéres, capables de faire face a la con- currence étrangére. Charles Darwin (qui ne cro- yait certainement pas en l’éga- lité) I’a résumé pour nous: c’est le principe de la sélection na- turelle. “Pensez aux petits” est un message adressé sous forme d'éditorial parla Fédération canadienne de lentreprise indépendante© _ ee ee ee eee ee ee ee EDITORIAL Un peu d’optimisme s.v.p. Le réseau francais de Radio-Canada, sur la Céte du Pacifique, est-il a la veille de disparaitre? C’est ce que se demandaient les personnes présentes aux audiences de la Commission de la Radio-Télévision Canadienne, a l’hétel Hyatt-Regency 4 Vancouver, la semaine derniére, en écoutant la lecture du mémoire présenté par la Fédération des Franco-Colombiens a l’occasion de la demande de renouvellement du permis de CBUF-FM. Méme les membres de la Commission écoutaient, stupéfaits, la lecture de ce mémoire. Commencant par dire que le réseau devrait s’appeler Radio-Montréal ou Radio-Québec, le mémoire dit que CBUF-FM est écouté trés distraitement, que sa programmation est la plupart du temps incomprise par la majorité de la population franco-colombienne qui n’a jamais vécu ou méme visité le Québec. Que sur 130 heures de diffusion par semaine, seulement 47 étaient consacrées a la vie franco-colombienne alors que les 83 autres heures étaient de la diffusion du réseau national. Déclarant cette programmation néfaste, le mémoire accuse Radio-Canada de contribuer 4 l’assimilation des francophones en les forcant a écouter les stations radiophoniques anglaises pour se tenir au courant de la vie provinciale. Il accuse aussi d’une rotation trop rapide de son personnel et du peu d’intérét 4 embaucher du talent local. Condamnant la lenteur de Radio-Canada a étendre le réseau de postes relais de CBUF-FM, le mémoire demande que le renouvellement du permis soit conditionnel aux huit demandes de la Fédération: : 1. Qu’un Comité consultatif soit créé et composé de membres du personnel de direction de Radio-Canada de notre province et de délégués d’organismes franco-colombiens. 2. Que le Comité consultatif ait le mandat de recommander a Radio-Canada les services radio et télévision nécessaires pour répondre aux besoins de la communauté franco-colombienne et a leurs aspirations. 3. Que 75% du temps d’antenne de CBUF-FM soit de la programmation provinciale. pee 4. Que linstallation des réémetteurs 4 Kelowna et Kitimat soit terminée d'ici le mois de juin et que la puissance en watts du réémetteur a Prince George soit augmentée. 5. Que les demandes de licences pour l’installation d’un réémetteur a Victoria, Port Alberni, Powell River-Comox, Kamloops et Dawson Creek soient présentées par Radio-Canada d’ici la fin de cette année. 6. Que CBUF-FM s’assure une continuité de services avec un personnel adéquat en nombre et sensibilisé 4 la communauté franco-colombienne. 7. Que Radio-Canada s’assure un programme de formation afin d’assurer une reléve locale du personnel de CBUF-FM. 8. Que Radio-Canada voie 4 remédier aux problémes de réception dans le Grand Vancouver. Stupéfait, M. Camu, président du CRTC, qui présidait cette audience, fit remarquer que le ton négatif du mémoire semblait indiquer que le poste CBUF-FM n’avait nullement aidé a la survie des francophones en Colombie-Britannique et a promis d’étudier les recommandations du mémoire et de les prendre en considération lorsqu’ils décideront sur le renouvellement ou non du permis en juin. Sil y a une critique a faire, ce n’est pas sur les réclamations du mémoire, certaines de ces demandes sont raisonnables. Toutes les stations, Radio et TV, des réseaux francais et anglais de Radio-Canada hors Toronto et Montréal réclament, elles aussi, plus de programmation locale. La critique est sur le ton négatif de tout le mémoire, qui passe sous silence tout le progrés qui a été accompli par Radio-Canada en C.-B. durant les dix derniéres années. Disons en défense des auteurs du mémoire, qu’aucun d’eux n’était parmi ceux qui pendant des années ont combattu pour obtenir la radio francaise en Colombie-Britannique; ils n’ont pas connu le temps ou le seul frangais entendu sur les airs était 20 minutes de chants folkloriques, diffusés le dimanche soir 4 23h00, par une station anglaise de New Westminster. Remarquant sur la sévérité du mémoire, M. Camu déclara qu'il espérait que cette sévérité était due au proverbe qui dit: “Qui aime bien chatie bien”. _ Cette remarque laisse a espérer ce que sera la décision finale de la Commission sur le renouvellement du permis de radiodiffusion de CBUF-FM, notre radio francaise sur la Céte du Pacifique. A! 3 André PIOLAT ITPA Aan Ns Me