Allocution prononcée au banquet du 65¢ anniversaire de la Société francophone de Victoria le 14 octobre 2006. Mesdames, Messieurs, Il y trois semaines, une journaliste de Radio-Canada m’a demandé quel est l’avenir de la francophonie a Victoria et en Colombie-Britannique. Comme je ne suis pas prophete, je lui ai dit que pour répondre a sa question il convenait de faire un recul dans le temps pour m/’aider a prédire cet avenir. Reculons donc a 1960. Comme francophonie en 1960 il n’y avait que quel- ques églises francaises dont une a Port-Alberni qui est aujourd@’hui completement anglicisée, une autre a New Westminster, de courte durée, et d’autres qui sont en voie de bilinguisation sauf celle de Victoria, la paroisse Saint-Jean-Baptiste, la seule qui est encore francaise. En ce qui concerne le francais, c’est tout ce qu'il y avait. Pas de radio, pas de télévision et pas d’école! Ajoutons a nos lacunes, nos associations fran- cophones maintenues uniquement par le bénévolat. Fort heureusement, au cours des ans, tout cela a bien changé. Aujourd’hui, nous avons des écoles francaises répandues a travers la province et un conseil scolaire francophone pour les gérer. De plus, nous avons la radio francaise et quatre chaines francaises de télévision : Radio~Canada, TV5, RDI et TVA. Et nos associations francophones sont subventionnées par Patrimoine Canada. Il y a donc un revirement drama- tique. Pour répondre a la question de la journaliste : Y a-t-il un avenir pour les francophones de Victoria et de la Colombie~Britannique? Je réponds oui a condition de continuer a aller de l’avant. Quant a nos objectifs, parce que c’est une autre question que la journaliste m’a posée, personnelle- ment j’en vois deux. NOVEMBRE 2006 La SFV a 65 ans! HZ lye. de 682 ayyuercaye dy, SPY Je suggére une université francaise pour la Colombie~- Britannique. Vous allez me dire que ce n’est pas possible, qu’il n’y a pas assez d’étudiants pour justi- fier des études post-secondaires en francais. Pas immeédiatement, je concéde, mais je vous rappellerai que lorsque le programme cadre a commencé il y a X nombre d’années, il y avait seulement douze éléves. Aujourd’hui, on compte environ quatre cents éléves a l’Ecole Victor-Brodeur. II ne s’agit pas d’une universi- té de vingt mille ou de trente mille étudiants; dans PEst, il existe des universités de deux, trois, cing milles étudiants. A part la formation donnée en francais, il y a d’autres avantages et j’y reviendrai. Il nous faudra aussi un jour un hopital francais. Pourquoi? D’abord pour la raison évidente que les malades francophones pourraient se faire soigner en francais. Voyons d’autres avantages! Dans cet hopital, les médecins, les malades et les employés de soutien communiqueraient entre eux en francais et Vaffichage serait en francais. Bref, on trouverait une ambiance francaise. Comme a Vuniversité, toutes les communications et tout le travail se feraient en francais. Pourquoi cela est-il important? Parce qu’il est difficile sinon impossible de maintenir sa langue si on ne travaille pas dans sa langue. Sans cela la langue francaise risquerait de devenir une langue folklorique ou une langue morte. C’est une des raisons pour laquelle le gouvernement du Québec a adopté la loi 101, il y a quelques décennies. Cette loi permet aux travailleurs et aux travailleuses du Québec de travailler en francais. Pour nous, a part l’avantage de sauvegarder la langue, ces institutions contribue- raient a freiner l’assimilation chronique qui sévit dans l’ouest du Canada. Voila, mesdames, messicurs, comment je vois ’avenir de la francophonie a Victoria et en Colombie- Britannique. Il existe bien sar d’autres mesures a prendre afin d’assurer cet avenir chez nous; ce soir, jai voulu vous en exposer deux. Dt Gérald Moreau