Le Moustique ! ... Pacifique Le Secrétaire essaya de la réconforter : - D'accord! S'il avait pris un ou deux verres de trop, a présent il serait dessodlé. || aurait dd rentrer. Mais tu sais, Mimi, les hommes!...Ah!... Peut-6tre qu'il y a une bonne femme l[a- dessous... Ce n'est pas grave, Mimi, il va te revenir, crois-moi! Cet argument n'apporta aucun réconfort a Mimi. - P't-6tre ben qu’on Ia tué, dit-elle timidement, sans regarder l'homme assis a son bureau. - Tué Chassagne? Tu es folle! Pourquoi aurait- on fait cela? - J’sais pas. J'ai peur. - Sais-tu dans quel café il est allé 4 Landiéres? - D'habitude il va au Lion d'Or. - ll avait rendez-vous? - Ouais. Je crois. - Tu sais avec qui? - Non. J’sais pas. - Pour une affaire de marché noir? - J’sais pas... Il était évidemment difficile d'obtenir des informations car le cerveau de Mimi, qui avait toujours fonctionné au ralenti, était encore plus embrumé qu’en temps normal. Il était tard, le Secrétaire avait fini sa journée, il renvoya Mimi chez elle et lui promit de faire rechercher Chassagne dés le lendemain matin s'il n'était pas encore revenu chez lui. On ne sait jamais, aprés tout... Le 16, a l'ouverture de la Mairie, Mimi était la. Le Maire, déja prévenu, organisa une battue avec cinq volontaires pour ratisser de chaque cété de la route reliant le village a Landiéres, trajet qu'avait dd prendre Chassagne a I'aller ou au retour s'il y avait eu un retour. A la fin de la matinée, Charles Ardelot trouva son cadavre. Bien entendu, il n'avait plus un centime sur lui. Pauvre con de Chassagne! Il faudra m'attaquer pour avoir mes sous! Eh bien, voila, c'était fait! On ne retrouva pas non plus la bicyclette, ce qui fit dire aux gendarmes, venus tout de suite de Landiéres, que l'assassin l'avait prise pour s'enfuir. Logique ! On avait affaire, d'aprés Volume 7 - 5e Edition ISSN 1704-9970 Mai 2004 eux, a un vagabond trés malin car le moment et le lieu avaient été choisis avec soin. Chassagne avait di étre tué au début de l'aprés-midi du 14 juillet, A une heure ou, sous ce soleil de plomb, il n'y avait personne dehors. Et méme siil était venu quelqu'un, l'assassin l'aurait vu de loin puisque, de la butte de Champloup, la route était droite comme un | de chaque cété sur plusieurs kilométres. La mort de Chassagne alarma tout le village ou l'on préférait garder I'habitude de voir les gens mourir dans leurs lits. A l’épicerie, chez le boucher, il n’y eut jamais autant de conversations. Chacun donnait son avis, supposait, affirmait sa conviction. Des gens qui s'ignoraient la veille échangeaient leurs versions du crime. L’ennui du quotidien était rompu. Cependant deux personnes. se remémorérent chacune un incident, insignifiant en soi, mais qui prit un soudain relief a la lumiére de cet événement. Pierre Ardelot, le fils de Charles, qui avait alors dix-sept ans, était allé au cinéma de Landiéres le soir du 13 juillet. 11 en revenait sur son vélo aux environs de minuit quand, juste sur la butte de Champloup, deux hommes avaient surgi sur la route et avaient failli le renverser. , - Ben quoi! Vous étes cinglés? L'un d'eux avait braqué sur son visage une forte lampe électrique et l'autre avait dit : - Laisse! C'est pas lui! Ils l'avaient relaché et Pierre était remonté sur sa selle en les traitant une seconde fois de cinglés. Le fait que les deux hommes semblaient attendre quelqu'un de précis, et aussi la coincidence des lieux poussérent Pierre Ardelot et son pére a rapporter cet incident a la gendarmerie. Pernelle Sévy. Suite dans le prochain Moustique