4 Le Soleil de Colombie, Vendredi 11 aott 1978 TN | peu Sous le projecteur Conversation avec ANNE HONNE-HYME Dans le but de savoir ce que pensent les lecteurs et lectrices du Soleil de leur journal, j'ai interrogé une abonnée de vieille date, depuis le début, plus de dix ans, ce qui ne nous rajeunit pas. —Madame ou Mademoiselle...? —Quelle curieuse question, il n’est plus de mode de le dire, et ma liberté, alors. —C’est au sujet...? —Du Soleil, je m’en doute. Ah, comme autrefois, c’était un journal merveilleux, il y avait des articles . trés bien, par exemple ceux de... —Vous étes abonnée...? —Vous me coupez la parole. Je suis abonnée par devoir puisque francophone et aussi par plaisir, mais oui, il y a encore des articles intéressants, par exemple... —Alors, tout est parfait? —Laissez-moi parler. Non, tout n'est pas parfait. Certains articles sont trop longs, d'autres n’ont rien a voir avec la francophonie, par exemple... —Vous croyez que...?_ . —Ne m'interrompez pas tout le temps. Je ne lis pas tout, je ne pense pas que quelqu’un le fasse, chacun en prend a son usage comme dit Voltaire, mais ce qui ne _ m'intéresse absolument pas c'est... —J’aurais pourtant cru que...? —Ne parlez pas 4 ma place. La page du rire n’est pas: gaie et les plaisanteries arriéres dans tous les sens du mot mais on devrait... —Quelle bonne idée...? —Ne m’empéchez pas de m’exprimer. Je sais que le Soleil est pauvre, cassé, fauché, décavé, sans un, les groupes francophones qui n’existeraient pas sans lui devraient... —Mais il y a...? : —Ne parlez pas sans arrét. La _publicité. Ah si tous les commergants de langue frangaise agissaient comme leurs collégues allemands ou italiens. Mais chez nous, la réclame est affaire d’intérét, non d’amitié. Il y a méme des commergants qui ne veulent pas vendre. notre journal, ainsi... —Pas croyable. ~—Un peu de silence. Les SR exceptions qui font de la publicité sont de braves commercants que Von peut compter sur les doigts. Grice leur soit rendue. Que le ciel bénisse leur entreprise et ruine leurs concurrents, par exemple... —A ce point? : —Il y aurait beaucoup a faire, un peu pour chacun. Voyez les groupes francophones, ceux hors de Vancouver sont plus florissants, plus vivants, a croire que la ville du Soleil est 4 l’ombre. Ce qu'il Spudreit... —Quelle idée...? —Je n'ai pas fini. Il y a aussi les articles qui ne sont que des traductions et copies de revues. Je vais vous en citer... —Tant que ¢a? —Ne m’empéchez pas de dire le pire. Il y a les articles que l'on trouve dans le Province ou le Sun, mais pas dans le Soleil, interviews de personnalités importantes du monde francophone. wee honte, ainsi.. —Cest pas vrai? —Puisque vous m’interrompez sans arrét, je me tais, ou plutét non, je vais écrire moi-méme au Soleil et leur dire le fond de ma pensée. —Bravo. Alors, lectrices, si vous approuvez ou désapprouvez ANNE HONNE-HYME, prenez une feuille de papier et faites-le savoir au Soleil. Vous ne manquez ni de courage ni d’idées et si vous écrivez, personne ne viendra vous interrompre : par Keith SPICER Courtoisie du Vancouver Sun VANCOUVER. Contrai- rement a ce qu'une certai- ne presse partisane voudrait nous faire croire, Pierre Trudeau n'est pas un mar- chand de bonbons. C’est un grand musicien, Schweitzer de l’4me cana- _ dienne. Voici Vhistoire véritable du concert télévisé im- promptu que le premier ministre a donné la semaine derniére. Bien qu’il ait été brillamment improvisé, il se- rait injuste de le dénoncer comme du simple électora- lisme au pifométre. Ce fut une fugue de génie aux grandes orgues George Gal- lup de la politique canadien- ne, un récital destiné a remettre le premier minis- tre au diapason avec chaque segment de la société natio- nale. Les talents musicaux et politiques vont souvent de pair. Les présidents Harry Truman et Richard Nixon aimaient chatouiller le piano, 4 défaut de l’oreille. L’ancien premier ministre britanni- que Edward Heath et l’ac- tuel chancelier allemand Helmut Schmidt soufflent tous deux en jouant Le Clavier Bien Tempéré de Bach dans des églises de passage. Néron lui-méme, nous dit- on, tripotait l’'archet pendant que Rome brilait. Pourquoi done Pierre Trideau ne pourrait-il pas nous balancer un petit numéro 4 la console des fréres Casavant?: Pour vous aider a suivre la musique, nous avons l’hon- neur de vous offrir aujour- d’hui l’authentique partition l’ Albert’ esacecetetetenecetetetenenesetetecenenecen sasananattanatettetanetetat egeananenegetenenees pour orgue du premier mi- nistre. Ceux qui, enfants, sont montés en douce pour espionner l’organiste aprés la messe reconnaitront les noms cocasses de ces pistons qu’on tire pour chaque effet: -Bourdon royal: Pour atta- quer, un son berceur et solennel. Ce jeu sert a dé- sarmer les monarchistes,les- quels bliment M. Trudeau parce qu’il préfére — Dieu sait pourquoi - passer ses quelques jours de repos estival au Maroc plutét qu’a Terre-Neuve pour accueillir lavion de la reine. D’un gofit parfait pour accompagner deux allusions un tant soit peu crispées faites d’entrée en matiére: le premier mi- _nistre se ferait une joie - premiére nouvelle! - de ren- contrer la reine aux Jeux du Commonwealth d’Edmon- ton. -Hohlflote echo: la “tona- lité creuse” de la flite alle- mande. Ce jeu convient par- faitement au doigté avec lequel M. Trudeau annonce son théme: les problémes du Canada ne sont pas si drama- tiques que cela, puisque les six amis du premier minis- tre au Sommet de Bonn lui ont dit le mois dernier que leur propre économie et leurs problémes d’unité na- tionale leur donnaient aussi des maux de téte. Jusqu’aux prochaines élections - au moins - nous entendrons souvent ce jeu-la, car il masque avec grace |'incapa- cité de notre gouvernement qui, ne sachant prendre en main les questions économi- ques et constitutionnelles, prétend que le désordre est planétaire. -Krummhorn ou cor de chasse: un jeu alerte, fan- tasque et claironnant, idéal pour annoncer de grandes décisions requérant peu d’ef- forts - par exemple s’en revenir du Maroc pour ren- voyer dans leurs cages des conseillers en élections trop voraces, rappeler plusieurs ministres (lesquels? Mysté- re...) en vacances et s’inci- ter 4 prendre des mesures “beaucoup plus audacieu- ses”. -Vox angelica, ou la vois - des anges. C’est en effet ce que croit entendre le public Poéme L’eau et les montagnes, lair plein de bonheur sur les flots, une bulle dorée hors du temps, été... le rire d’une fille, le doux tintement d’un glacon, le vert bleuté de paren; été... Si vous étiez 1a, vous que nous aimons tant, la bulle exploserait - dans nos coeurs en été! Nigel BARBOUR _ - Vancouver lorsqu’il apprend les nouvel- les réductions d’impéts et de dépenses gouvernementa- les. Vous aurez beau dire que c’est la troisiéme fois en neuf mois que vous enten- dez ce leitmotiv, les mesu- res d’économie ce coup-ci . sont un régal: $2 milliards. De l’avis général, le chiffre est sorti d’une boite 4 malice quelques heures ou quelques “minutes avant que le pre- mier ministre aille sur les ondes. Mais, de Bach 4a Schweitzer, la faculté d’im- proviser n’est-elle pas la marque sfire du génie de Vorgue? -Unda Maris: “Vagues de la Mer”. Il ne peut s’agir que de la fierté du premier ministre quand il nous parle d’énergie marémotrice ou solaire, ou des autres sour- ces d’énergie renouvelable que son gouvernement en- tend développer. -Flite-a-cheminée: ou, en extrapolant un peu, “fldte!” ala cheminée. Ce jeu indi- que aux hommes d'affaires qu'on en n'est plus au temps ou, avec les impdts galo- pants, la paperasserie et les lois prosyndicales, leurs pro- fits s'envolaient en fumée. -Trémolos ou Voix Céies- tes [aux choix]: Les vieil- lards ne trembleront pas tous d’anticipation en enten- dant les voix du Paradis. Ce piston, tiré deux fois, pou- vait quand méme assurer les électeurs de l’Age.d’Or qu’ils - ne géleraient pas dans un purgatoire non chauffé (vu le prix du combustible), et qu'ils ne rétiraient pas non plus dans I’enfer de l’infla- tion. -Viole d’Amour: De toute évidence il s’agit d’une repri- se de ce je-ne-sais-quoi qui, chez M. Trudeau, trouble si fort les Lolitas. Ici le pre- mier ministre a dit - deux fois également - que les jeunes Canadiens mouraient d’envie de trouver un tra- vail, sinon un travail dur. En dépit de sa pointe de sen- sualité, ce jeu, il faut le dire, se fond bien avec la couleur ~ généralement puritaine du jeu trudeauesque. -Piccolo: la toute petite flite fait écho aux hauts cris des contribuables “de reve- nus moyens” (c’est-a-dire, en général, d’ége moyen) qui, confesse M. Trudeau, sont “pressurés par trop de gou- vernements, trop de régula- tions”. Ce petit embellisse- ment devrait nous faire ou- blier bien vite que, selon la plupart des hommes d’affai- res, Ottawa est le plus grand des pressoirs. ‘-Vox Humana: pas seule- ment une voix humaine, mais la voix du demi-million de fonctionnaires fédéraux qui bientét vont se mettre a hurler si M. Trudeau adopte réellement “la croissance zé- ro” et une politique sala- riale “trés ferme” envers ceux qui dépensent nos im- pots. 18 millions d’autres voix, ou a peu prés, chante- ront des actions de grace. -Solo principal: le support idéal pour le nouvel hymne . de M. Trudeau, dédié a la libre entreprise. Réduire le gouvernement “de |’inté- rieur”, retourner “certaines fonctions au secteur privé”, lever “le frein sur l’initiative privée”, “alléger la lourde patte du gouvernement”, voila qui semble un_ parfait prélude pour laisser les affai- — res a la main invisible du grand compositeur du capi- talisme, Adam Smith. -Hautbois: Variante an- cienne de l’expression “aux abois’’, ce qui est exacte- ment la situation du gouver- nement par rapport au Mi- nistére des Postes. “Ecoeu- ré”, tout comme le commun des mortels, par la pagaille de ce ministére casse-téte, le premier ministre nous pro- met de le transformer en Société d’Etat. Avec un peu ‘de chance, cette nouvelle Société sera aussi forte qu’Air-Canada pour faire gréve, aussi ingénieuse que Radio-Canada pour caser les- . petits copains et aussi acro- batique dans ses comptes que la Société Energique Atomique du Canada. Pour tout dire, notre pre- mier ministre nous a donné une représentation éblouis- sante. Une piscine a la résidence officielle de M. Trudeau? Ce | n’est qu'un début... Béni d’un si grand talent, le pre- mier ministre mérite un orgue dans sa salle de bil- lard. Un orgue avec tous les pistons. Le dernier Congrés du Nouveau Parti Démocratique de Colombie-Britannique a décidé en Assemblée Prenitre, -ge'mettre a l'ordre du jour de son proghain os-en 197 1a question des droits linguistiques en duga on de la minorité francophone de la hak réparer cette: discussion, le comité @écidé de peecens; une commission Voulez-vb va ei alors des réunions et du travail de cette ¢ Si oni, remplissez et renvoyez-nous le formulaire ci-joint. NOM = ADRESSE. —— TELEPHONE - = Renvoyez a Jeanne Dancette, 1526, ‘Ith Ave. - New Westminster, B:C.:V3M 2K3, tél: 525-8136. =