12 Le Soleil de Colombie, Vendredi 22 septembre 1978 Dimanche a Vernon par Roger DUFRANE Suite Le camp Vernon n’a rien des camps de vacances. Il tient du camp de boys- scouts et du camp de ma- noeuvres pour soldats de métier. A six heures et demie, petit déjefiner, por- ridge a l’'anglaise et oeufs au bacon. Inspection a 7 heures et demie. Aprés quoi, les cadets se rendent dans de petits pavillons oi des moni- teurs militaires les instrui- sent des consignes de la journée. Marches et exerci- ces de tir jusqu’au déjefiner. L’aprés-midi, sports jusqu’a quatre heures et demie. Repas a cing heures et demie, et liberté jusqu’au couvre-feu qui se sonne a dix heures. Une expédition baptisée “rambler” marque l'apogée du séjour. Pour une semai- ne, les cadets s’enfoncent. dans la montagne. On se camoufle dans des huttes de branchages pour la nuit. On marche 4 la boussole et a la carte pendant le jour. On observe la flore et la faune. On se nourrit de plantes et de rations. Les offices religieux du dimanche se célébrent sous une chapelle de rondins en V renversé et ouvrant sur le vide de la vallée. A neuf heures les catholiques, a4 dix les protestants. Je ne suis pas militariste. Et pourtant l’armée me plait par son cété simple et enfan- tin: musique, panache, disci- pline. J’aime les cymbales, les clairons et les tambours. Mon coeur bat aux défilés musique en téte. Quant a la discipline, je n’ai jamais su m’y astreindre; mais je l’ad- mire chez les autres. La télévision gate nos enfants. Les cadets les corrigent. Port de l’uniforme, tét lever, corvées, tout cela fagonne les garcons et les filles, less burine en citoyens cons- cients des devoirs civiques. Le camp de Vernon m’a impressionné par son allure martiale et son esprit de corps. Des officiers sévéres et fraternels. Des sergents aboyeurs et pourtant sympa- thiques. Exercices et repos. A la cantine, le soir, on s’amuse, On critique les cuis- tots. On les chante et on les charrie comme dans toutes Vancouver people’s law school 2110C-12ieme Avenue Ouest Cours gratuit: Le tribunal de la famille les 25, 26 et 27 septembre 1978. Un cours gratuit de trois sessions, concernant le tri- bunal de la famille, comman- dité par le Vancouver Peo- ple’s Law School, aura lieu a lauditorium de la librairie publique de Vancouver, au 750 rue Burrard. L'instructeur David Hart expliquera les procédures du tribunal de la famille a suivre, concernant la pen- sion alimentaire, la déten- tion et l’emprisonnement et Vavis de séparation. Les ‘amendements apportés par la nouvelle Loi sur les rela- tions familiales de la C.-B., seront aussi discutés. Le cours sur le tribunal de la famille, aura lieu du 25 au 27 septembre, de 19h30 a 21h30. Le cours est gratuit et accessible a tous, mais il est préférable de s’inscrire a l'avance au numéro suivant: 734-1126. Séminaire gratuit: Préjudice personnel le 28 septembre 1978. Si vous prévoyez intenter une poursuite judiciaire pour préjudice personnel, prenez note d’un séminaire a venir, offert par le Vancou- ver People’s Law School, intitulé Préjudice Personnel. L’instructeur J.J. Camp discutera a savoir s'il y a lieu ou non de poursuivre, qui poursuivre et les procédures a suivre. Les réclamations de 1’I.C.B.C. ne seront pas discutées. ‘ Le cours de préjudice personnel aura lieu le 28 septembre de 19h30 a 21h30, a la librairie publique de Vancouver, au 750 rue Bur- rard. Le séminaire est gratuit et accessible 4 tous, mais il est préférable de s’inscrire a l'avance au numéro suivant: 734-1126. Spectacles La Vancouver Society for Early Music présente a nou- veau, cette année, Tafel- musik, banquet agrémenté de musique. Cette soirée pour gastro- nomes-mélomanes aura lieu au Pacific Ballroom de l'H6tel Vancouver, le ven- dredi 22 septembre a 18h30. Le Cecilian Ensemble et des artistes invités se char- geront d’enchanter les convi- ves. Prix des places: $18.75 ($17.75 pour les étudiants et les personnes de I’Age d’Or). Des places sont également a la disposition de ceux qui ne souhaitent pas diner (ser- vice du bar) au prix de $3.50 ($2.50 pour les étudiants et les personnes de l’Age d’Or). Pour de plus amples rensei- gnements et pour réserver vos places, vous 6étes priés - de téléphoner au 732-6026. WORDSAND, exposition de Richard Kostelanetz, jus- qu’au 29 septembre a la galerie d'art de l'Université Simon Fraser. La galerie est ouverte le lundi de 13h30 a 16h00 et de 17h00 a 20h00; du mardi au vendredi de 10h00 a 13h00 et de 14h00 a © 16h00. Elle’ est’ férméé‘le * samedi et le dimanche. les garnisons du monde. A Vernon, les cuistots tradi- tionnels sont remplacés par une société civile que con- tréle l'intendance militaire. Par jeune garcon et par jour, il faut 100 livres de beurre, trois mille oeufs, 1500 litres de lait, 1500 livres de boeuf, 200 livres de jambonneaux et saucisses... “Des saucisses qui rebondissent contre les murs!’ me dit un cadet en riant. Sur les marches d’une cabane, une cadette, jolie et déja femme, presse contre sa poitrine un énorme our- son en peluche. La mascotte du régiment? Non! Une di- version a son cafard. Je demande 4a un cadet si il s’ennuie. “Pas du_ tout! Quand vient l’ennui, je cire mes bottes!” Je redescends en flanant vers la petite ville. Dans le ciel, les mauves et les pour- pres du couchant, mélés de teintes orangées, se déche- vellent. Le paysage du ciel va doucement se confondre, pour la nuit, avec celui de la terre. La-haut, derriére nous, les cadets, dans leur dortoir, se livrent 4 une Des mots a Un mot a la mode: le spot publicitaire. Je ne suis pas tellement convaincu que ce: mot est nécessaire a la langue frangaise. Le spot publicitaire est une annonce rapide faite au cours d'une émission. Puisque spot veut dire tache et que, pour la plupart des gens, ces annon- ces entachent effectivement les émissions qu’ils préfe- rent d'une publicité en- nuyeuse, je propose qu’on se serve plutot du francais tache, les émissions étant passablement salies par les annonces dans notre société de consommation. Un autre mot a la mode: Un savon de lessive en poudre s’appelle en francais moderne un dé-: bataille d’oreillers, jusqu’a ce que survienne le sergent . qui d’un coup de voix fera. tout rentrer dans l’ordre. Et voila envolé notre di- manche, un dimanche qui par son dépaysement se continuera en ce lundi 7 aofit et se prolongera longtemps dans notre souvenir. Les voyages prés ou loin nous marquent pour la vie. C’est seulement en voyage qui nous vivons vraiment, déta- chés que nous sommes alors de la monotonie quoditienne. Le voyage donne des yeux neufs, un corps neuf, un coeur neuf. En route pour Vancouver! Nous désertons l’hétel a six heures du matin. L’auberge cowboy somnole et la cais- siére avec. Elle nous a prété hier soir un réveille-matin. Dans les rues de Vernon la déserte, les feux rouges et -verts alternent leurs si- gnaux encore inutiles. On entend distinctement, 4 deux pas de la gare, le jet d’eau du square de I’Hitel de ville. Le trafic de la route va bientét reprendre. Sans plus attendre, embarquons-nous! [A SUIVRE] la mode tersif. Mais on trouve également le mot détergent. Lequel est le bon? L’un et l'autre ont des antécédents de valeur. Le détersif était jadis un reméde qui nettoyait, une purge, par exemple. Le mot vient du latin detersus, par- ticipe passé de detergere, qui signifiait nettoyer. Detergens était le partici- pe présent de ce verbe et donna en fait l’adjecvif déter- gent qui, de nos jours, est devenu un substantif. Donc, les deux sont bons. Vous avez le choix, mesda- mes, entre détersif et déter- gent, pour votre lessive. [Le mot du jour par Louis- Paul Béguin] L’Aquarium de Vancouver Commencant mardi 5 sep- tembre, continuant jusqu’a dimanche 29 octobre, l’aqua- rium de Vancouver sera ouvert tous les jours de 10h BASNs es: L’ordre des spectaclessera le suivant: Epaulards tous les jours 4 10h10, 12h, 13h, 14h30, 16h et 17h30; Baleine blanche tous les jours a 11h30 et 14h45; Phoques, tous les jours a 11h30 et 14h45; Présentation d’histoi- ‘re naturelle, alligators, cro- codiles “a l'heure du repas”, le dimanche a 13h15; Re- quins, requins scie, mercredi et samedi a 13h45; Tortues, iguanes “heure du repas”, mardi a 13h; Toursguidés autour de l’aquarium a 11h15 le samedi, dimanche et jours fériés. Pour plus de renseigne-. ments, téléphonez a Janet McCloy a 685-3364. GINETTE PELLETIER . 682-3741 Au centre ville (coin Robson) oS vous invite a venir la voir et elle vous offre ses services en francais pour tous vos arrangements de voyages 8 17 Burrard =} Vancouver V6Z 1X8. Lisez les écrivains francophones Georges Bernanos Voici un écrivain que beaucoup jugent difficile mais dont l’oeuvre se situe a un niveau trés élevé. Né a Paris en 1888, Bernanos passa son enfance dans le Nord de la France. Aprés une scolarité chez les Jésuites, il fit des études de Lettres et de Droit tout en militant dans les rangs de l’Action Francaise (royalis- te) dont il se sépara plus tard. Quoique réformé, il s’en- gagea en 1914 et connut les tranchées. Ensuite, inspec- teur d’assurances, pére de six enfants i] mena “une vie de chien” jusqu’en 1926, année du succés de Sous le Soleil de Satan. Infirme 4 la suite d’un accident de motocyclette, il vécut aux Baléares puis, pendant la guerre, au Brésil. La Libération le ramena en France ou i] mourut en 1948. Dans ses romans, il étudie souvent le réle du prétre et, comme Mauriac, les problé- mes posés par le péché et le salut. Catholique engagé. dans l’action politique, -il écrivit de nombreux pam- phlets. Hostile a tout sec- tarisme, il lutta contre tout ce qui avilit "homme, déplo- rant la ‘‘disette de valeurs spirituelles” de notre épo- que. ; poorer Le Pape Paul VI, qui possédait une parfaite con- naissance de notre langue, comptait Bernanos parmi ses auteurs préférés. EDITEURS: Plon, Seuil, Li- vre de poche. PARMI SES MEILLEU- RES OEUVRES: Sous le Soleil de Satan. Deux figu- res opposés: une jeune fille avide de plaisir, que son inconduite méne au suicide; un saint prétre qui emploie toutes ses forces 4 lutter contre le Mal. L’'Imposture: opposition en- core mais de deux prétres, Yun, écrivain érudit sans vraie vocation, l’autre, un esprit simple que, la foi illumine. La Joie: une jeune fille rayonnante de foi et de charité se trouve environnée et écrasée par les forces du Mal. Dialogue des Carmélites: Pendant la Révolution Fran- caise, des religieuses de Compiégne montérent 4 |’é- chafaud en chantant le Salve Regina. LISEZ POUR COMMEN- CER: Le Journal d’un curé de campagne, le chef d’oeu- vre de Bernanos popularisé par le film de Robert Bres= son. Un humble prétre, jeune .. et inexpérimenté, en face de sa difficile mission. Il est atteint d’un cancer. Son: ascension vers Dieu a tra- vers la souffrance acceptée. Que c’est petit, un village! Et ce village était ma paroisse, C’était ma paroisse, mais je ne pouvais rien pour elle, je la regardais tristement s’enfoncer dans la nuit, disparaitre... Quelques moments encore et je ne la verrais plus. Jamais je n’avais senti si cruellement sa solitude et la mienne. Je pensais 4 ces bestiaux que Jentendais tousser dans le brouillard et que le petit vacher, revenant de I’école, son cartable sous le bras, ménerait tout a l'heure a travers les patures trempées, - vers l’étable chaude, odorante... Et lui; le village, il semblait attendre aussi - sans grand espoir - aprés tant d’autres nuits passées dans la boue, un maitre a suivre vers quelque improbable, quelque inimaginable asile. (Journal d’un Curé de Campagne). “Estrella” Les yeux dans I'vide Je r’garde la vie Ca lair stupide Mais j’créve d’ennui J’ai l’goat d’filer Ben loin d'ici Je m’agrippe aux mirages De ma téte en voyage Et mon coeur se ravage En de vains gaspillages .« Dans le vide d’une cage Mes pensées font naufrage L’autre bord d'la terre L’envers d’un oeil Au bout d’la mer Voile de cerfeuil . Et dans ma chair ' Un Froissement de feuilles . Dans la périphrase . De limprévu : La plus grande extase . Cest l'inconnu Mille et un visages , S’y sont perdus Sous la virgule D’un réverbére On véhicule Nos p’tites miseéres Sur libellule Du désert Hurlez de rire De plaisirs purs _ Craignez le désir D’édifier les murmures Et fuyez les dires A toute allure A l’éclosion de mon réve L’envol d’un oiseau En un cri de liberté Comme I’écho de ma pensée Souffle la voile Etoile fixe Brise du large Monde magique. Marisol Vancouver ne