4 Levendredi 30 mai 1997 véritablement 1 était & Vancouver depuis seulement deux mois et il allait partir, quitter la ville, penaud, pas fort et pas fier. I allait partir avec le sentiment de ne pas @tre arrivé a s’intégrer, a se tailler une place ici. Il allait quitter la ville sans méme s’étre donné la chance d’arriver... C’était comme une défaite avant bataille et il le savait. L’anglais était une barriére et il n’était pas par- venu & embrasser la langue de Autre comme il laurait souhaité: rapidement. I] allait partir dans les prochains jours. Mais avant, il irait tout dépenser les huards qui volaient dans le fond de ses poches et tenter, d’un élan désespéré, de parler aux Autres, dans n’importe quelle langue, avec les mots du bord, avec les mots du bar, en guise d’adieux. Assis autour d’une table, autour d’une biére, il a bu quoi qu'il était seul a comprendre, un mélange de frangais, d’anglais et de bonnes intentions... Et. la femme, |’Anglophone, |’Autre, ya probablement compris quelque chose, puisqu’ils ont échangé pendant quelques heures, avant de quitter ensemble par les rues noires, par la nuit chaude. (Question d’intimité, j’é- pargne le récit des quelques heures qu’ ils ont passé sous les étoiles, sous les arbres, sous Yadrénaline d’un coeur qui trés fort bat quand il s’ébat...) Enfin, il est rentré tard. Il est rentré & Vheure de la brume, _ les ébouriffés par l’amour, par les mains de la belle Anglophone qui lui avait presque fait perdre la téte, tellement elle Vavait laissé s’approcher prés d’elle, de sa téte, de son corps, de sa langue... [1 marchait, heureux, tout» empli des parfums de Mademoiselle, sourire en coin, fier d’avoir cheveux tout il s’est remis A sourire et ca partait de plus en plus loin en- dedans de lui. Il est rentré, fatigué mais heureux, en marchant comme sur des oeufs, pour ne pas réveiller ses fantémes de la veille: Pidée de partir. I] s’est débarassé de ses vétements puis a déposé son corps sur un matelas-mousse, en jouissant d’épuisement, en se sentant un peu différent, comme devenu quelqu’un d’autre. Avant de complétement fermer ses paupiéres chargées de caresses, il a philosophé quelques secondes: je lui ai tendu une main comme si j’en avais besoin et, elle l’a remplie avec une des siennes comme si elle en avait besoin, elle aussi. Il a «resouri» une derniére fois puis s’est laissé tomber dans le sommeil. rs Le lendemain matin, ils s’est levé étrangement léger. Il devait étre n’importe quelle heure, mais il savait qu’il plusieurs fois une biére, il a 05¢. méme jasé avec elles, puis soudain s’est levé, la biére lui ayant donné, selon lui, tout le courage pour oser. II s’est dirigé vers une femme et lui a probablement dit n’importe Madame ou monsieur, ans une récente parution du Soleil, un intéressant article sur les