a ; . c ‘ + A2 - Le Soleil, juin 1995 arbre dont je veux vous : entretenir aujourd’hui était un vieux prunier qui avait fait, du jardin de mes parents, son propre domaine. Autemps ot ceux-ci avaient fait construire leur maison, il régnait déja la sur les herbes folles. Je ne peux vous affirmer que c’était un tres beau spécimen de son genre. Mais il possédait un charme certain et une bonne dose de souvenirs accrochés a ses bran-ches tordues. Comme il penchait considérablement, dans mon enfance, je m’attendais toujours a le voir tomber. Son écorce se craquelait - en maints endroits. Une imperceptible mousse ver-datre, légére comme la pous-siére, l’habillait discrétement et a l'occasion collait a vos doigts. Au cours des années, plusieurs de ses branches avaient été sciées et leurs moignons se dressaient ¢a et la, portant parfois des boules de séve durcie, d’un jolijaune doré. Les trouvant appétissantes, jessayais souvent de les manger, mais leur goat fade me décourageait. Ses branches s'étendaient dans toutes les directions et ombrageaient un carré d’herbe quise prenait pour du gazon. La, durantla belle saison, se prélassaient une table de jardin peinte en bleu et quatre fauteuils assortis. L’été venu, ce vénérable aieulse couvrait de belles prunes d'un jaune trés clair, juteuses et sucrées, qui faisaientle regal de la famille et des voisins. Il en était tellement chargé que mon pere devait mettre de longues perches de bois sous ses branches pour que celles-ci ne Au temps out ceux-ci avaient fait construire leur maison, il régnait déja la sur les herbes folles. Je ne peux vous affirmer que c’était un trés beau spécimen de son genre. Mais il possédait un charme certain et une bonne dose de souvenirs accrochés a ses branches tordues. se cassent pas. Cela arrivait, malgré tout, de temps a autre. Souvent, les jours de canicule, nous passions lasoirée sous son feuillage. L’odeur de terre humide, du jardin fraichement arrosé embaumait nos narines. Mon peére, tout ala joie dese retrouver chez lui apres une longue journée de labeur, arpentait ses rangs de pieds de tomates et de fraisiers. Il y poussait la aussi des groseilliers, des framboisiers et toute une ribambelle de plantes .odorantes, allant du thym a la menthe. Ma mere, de son cété, avait planté un peu partout une profusion de marguerites et diris. Ce jardin et cet arbre a l'ombre duquel nous avons pris bien desrepas représentent une partie demon adolescence. Une adolescence quej’aieulachance de vivre en dehors du béton et de la grisaille. Longtemps aprés avoir quitté la maison familiale, je suis revenu, a intervalles réguliers, rendre visite 4 mes parents. Et l'arbre était toujours la, toujours aussi penché, vieux et prolifique. Un jour, ma mére déja veuve depuis des années, me dit: «// faudrait que tu coupes le prunier, tu sais... Son tronce se pourrit de plus en plus et de grosses branches ont encore cassé. Il finira par tomber sur quelqu’un. Ton pauvre pere l’aurait fait s’il était encore de ce monde.» Je me mis a la tache et deux heures plustard, avecl’aide d’une scie a chaine, il ne restait dans|’herbe que quelques billots _ et un monceau de branchages — soigneusementranges. Le jardin qui paraissait tres abandonné depuis la disparition de mon pere, parut encore plus vide. Mon coeur le fut également car je venais de perdre un vieil ami. VIVE LES MANEGES! Sans doute as-tu déja eu I’oc- casion de faire des tours de manége. Que ce soit en avion, enautomobile, ou al’intérieur d’une fusée, nul doute que tu as dd faire l’expérience du vide, de la vitesse et méme de la frayeur. Quel merveilleux sentiment que celui d’avoir un peu peur! Quelle agréable sensation” que de se sentir soulevé dans les airs! L’ORIGINE DU MOT MANEGE Mais d’ou vient donc le nom de manége que I’on donne a tout assemblage d’engins qui tournent, montent, descendent, filent et virevoltent? Et bien tout . dabord, il faut savoir que le mot *: Manege vient du verbe manier * et qu’au XVle siécle, il désigne strictement l’endroit ot I’on fait le dressage des chevaux et for- me des cavaliers. Plus tard, en 1963, on!'utilise aussi pour dési- gner l'ensemble des exercices de ballet sur la scéne. Enfin, c'est a partir de 1893 que mane- ge désigne cette attraction des fétes foraines ot des figures d’animaux et des véhicules, ser- vant de montures a des enfants, sont animés d'un mouvement circulaire. DES CHEVAUX DE BOIS AUX AUTOS TAMPONEUSES En notre vingtiéme sié- cle, nous sommes bien loin des anciens manéges avec leurs chevaux de bois figés qui par- taient pour un galop tranquille, " bien loin des petits cochons mul- équestres d’un spectacle com- me ceux que l’on peut voir au cirque, par exemple. Dans le mot manege, l’idée de manipulation est présente mais aussi celle de : tourner ou faire tourner. C’est sans doute pour cela qu’on appelle encore ma- neége les tours que font sur la pointe des pieds les danseuses Nous remercions le gouvernement du Québec pour l'aide précieuse apportée a la publication du présent numéro de Rayon-Jeunesse ainsi que Horizon Publications, Patrick Martin de SunLife et CAQTI Salon Products qui parrainent la distribution du journal dans des écoles d'immersion. Un généreux exemple a suivre! ticolores qui montaient et des- cendaient sur leur barre de mé- tal, bien loin des lions débonnai- res et des cygnes majestueux aux ailes accueillantes. Les ani- maux du vieux manége tour- naient alors au rythme des val- ses mélancoliques de l’orgue de barbarie auxquelles venaientse méler les grincements d’une mécanique pas toujours bien - huilée. Aujourd’hui, les droma- daires bossus et les vieux dra- gons du manége d’antan sont entrés dans les.musées. IIs ont été remplacés par les grandes roues, les autos tamponeuses, les sieges volants et autres mer- veilles du monde moderne. Mais au fond de notre coeur, il nous arrive parfois de regretter, juste un peu, les jolis manéges si co- lorés d’autrefois. ‘Editeur : Jacques Baillaut Rédacteur en chef : Héléne Peronny Recherche-rédaction: Jeanne Baillaut Infographisme : Suzanne Bélanger Cordeau, Jean-Claude Arluison. du gouvernement du Québec et la collaboration du Service Culturel et de l'Alliance Francaise de Vancouver. 730-9575 Fax: 730-9576 TPS No R 103242624 Conception graphique et artistique: Sandrine Lejeune Administration et gestion : Sandrine Lejeune Chronique du livre: Monique Truchon-Cashman Collaborateurs: Philippe Aubel, Huguette Gagnon, Madeleine Helm, Johanne Publié par le Soleil de Colombie Ltée avec le soutien du Ministére de I'Education de Colombie-Britannique, du Consulat Général de France de Vancouver 1645, 5éme avenue Ouest, Vancouver, C.B., V6J 1N5 La bol sur ke copyright interdit la reproduction de ce journal, y pris par la Pp de ge Sn Spe aca pt ea