Le vendredi 23 janvier 1998 11 usiques et poémes de Paris sur la Main Caricature d’Erik Satie exécutée par Jean Cocteau jeudi 19 janvier dernier se dé- roulait, au Heritage Hall, dans le cadre de la série « Community Concerts » du Vancouver Sun et de CBC-Radio Il, un spectacle de nature & réveiller la nostalgie des uns, le désir de des voyage autres et a provoquer le dépaysement de tous. Intitulé A Vancouver Salon et sous-titré Bohemian Paris Comes to Main Street, ce concert théAtral se voulait un hommage aux salons _pari- siens du début du siécle et a leurs figures de proue : Erik Satie, Francis Poulenc, Bohuslav Martinu, Jean Paris des la Premiére Cocteau... Le années 1880 a Guerre mondiale offrait en effet une gamme de salons trés en vue ou peintres, poétes et musiciens venaient se ren- contrer, s’inspirer, s’affronter et le plus souvent... parfois se faire nourrir aux frais des plus fortunés ! a6 {bane henie On aurait tout aussi bien pu intituler cette entrevue : « Chronique de ltci et du maintenant ». Car Joey Lesperance, homme de théatre, clown et performer, a le don dese donner entiérement, quil fait de plus naturel au monde, du théatre. Le 29 janvier prochain au Studio 16, i lira les répliques d’Adam, jeune homme atteint du SIDA, dans oeuvre bouleversante La Mémoire du sang de Michel MacLennan. dans ce Le Soleil : De quelle fagon approchez-vous la piéce La Mémoire du sang que vous présenterez en lecture publique prochainement ? Joey Lesperance : J’ai eu la chance il y a trois ans de voir la piéce originale (Beat the Sunset). Le texte de Michel MacLennan m/’avait boule- versé. C’est tellement bien écrit. Dans la piéce, c’est clair . > ; que la mére d’Adam, et son entourage, vivent avec le SIDA comme avec une tache. C’est évident qu’Adam est en combat perpétuel avec lui- méme. On le voit lorsqu’un ami d’enfance refait surface apres des années de silence. Adam a eu une grande peine @amour par rapport a cet homme-a, puis il a fait comme tout le monde ; il a continué sa vie, il s’est fait une carapace. Adam parait peut-étre trés fort, mais c’est parce que sa carapace est trés épaisse. A force d’accumuler, on devient des bébittes » & réaction. Parce que la plupart du temps on ne peut plus se parler. Je léve mon chapeau & Michel MacLennan, parce que cette piéce parle de la vie. On se raconterait tous des men- songes si on disait que la vie est facile. La vie demande un courage énorme pour regarder nos préjugés, nos problémes, nos limitations. Ga prend du courage pour vivre. eros grosses « Ce que jaime de La Mémoire du sang, c'est que | Yauteur n’a pas chercher 4 embellir le personnage parce qu'il est aux prises avec le SIDA. I reste luiméme. Il a une grande gueule et ce n’est Une théatre effectivement bohéme et le Heritage Hall de la rue Main offrait le cadre intimiste et informel propre a ambiance café- trés une atmosphére « salon ». L’organisation d’un tel événement se présentait comme un défi artistique et technique pour les effet, préserver la organisateurs, En comment spontanéité et la fraicheur concert qui compagnait des intrusions dun s’ac opportunes d’Erik Satie en personne, interprété par le convaincant Joey ' pauses trés Lesperance ; des musicales vocales du groupe Muse, réunissant des d6 SF v6y avibel pas la maladie qui va le transformer tout & coup. Cependant, i] aurait pu décider de se refermer sur lui- méme. Ce qui est beau justement, c’est que les personnages ne lachent pas prise. Ils sont préts & s’ouvrir. Les différents personnages entendent le désespoir d’Adam et lui, les entend dans leur désespoir, leur désespoir de communiquer. La Mémoire du sang parle de la communication. La com- munication c’est comment je décide de vivre. Si jai toujours raison et que tu ne m’apportes rien, quelle sorte de vie je vais vivre ? C'est 1a quon meurt — vraiment. Quand on n’a plus rien di apprendre. Ce qui est fantastique dans la piéce, c’est l’épanouis- sement d’Adam. Il grandit dans la piéce. Tout comme sa mére dailleurs. L. S. : La mére d’Adam occupe une place trés importante dans histoire ? J, L. : Oui. C’est un personnage merveilleux. Sa mére a beaucoup de choses a accepter. Le SIDA est une maladie qui vient avec la honte. - Sa = mére —_-vil continuellement dans la honte. Le pire, c’est qu’elle ne. veut méme pas se l’avouer. Adam vit done aussi avec la honte, mais ce n’est pas la sienne. C’est comme sa mére, elle finit par vivre avec le étudiants en voix, opéra et piano de !Université de la Colombie-Britannique ; la lecture d’anecdotes et de poémes délicieusement sélec- tionnés ; et surtout, le jeu flamboyant de la _pianiste Rena Sharon et du violoniste Scott StJohn. Sans compter Yavant, lentracte et lVaprés concert, avec leur cortége de verres de vin, petits fours, patisseries, et le plaisir, pour les survivants de presque trois heures de _ divertissement, d’une soirée dansante. La machine était de toute évidence bien huilée, 4 en juger habiles enchainements qui laissaient libre cours & humour et a Yimprovisation sans céder le par les SIDA méme si ce n’est pas sa maladie. Les autres sont la comme des miroirs, pour renvoyer le reflet de ce qui est en nous et qu’on ne veut pas voir. L. S. : Avez-vous joué dans plusieurs piéces de théatre © autant chargées d’émotions ? J. L. : Non, trés peu. En général, on me demande surtout pour des comédies. Toutefois, avec La Grande Ourse d’Yves Masson, que le Théatre La Seiziéme a _ pré- sentée 4 l’automne dernier, cétait un rdle tout intérieur, trés nuancé. J’ai été trés fier de faire partie de la distribution parce que ca m’a amené & mieux me connaitre en tant que comédien. Le personnage que jinterprétais est un cinéaste. Il parle de cinéma-vérité. Et moi, j’ai pergu cette piéce comme étant du _— théatre-vérité. — Cette production demandait beau- coup d’authenticité de la part des comédiens. Et ga m’a permis de me calmer un peu... Jaime jouer gros. Avec une situation plus émotive, il faut que ton jeu soit empreint WVhonnéteté et de vérité. L. S. : Vous étes venu au thédtre par le biais de la comédie ? J. L. : J'ai commencé par étre clown. Mais étre un clown et faire du théatre, pour moi champ 4 l’ennui ou aux temps morts. Préambule a la duction d’un disque compact dont Venregistrement se déroulait le lendemain au Chan Centre de UBC, chansons et de pro- cette soirée de sonates fera également l'objet dune retransmission na- tionale sur le réseau CBC- Radio I. Tant Poriginalité de la pour pro- grammation, le charme du sujet que la qualité des interprétations, c’est & coup sir une soirée & ne pas manquer ! FREDERIQUE GRENOUILLAT BERTRAND PICHENE cest totalement différent ; comme chanter et danser. Etre clown, c’est une des choses les plus faciles pour moi. Etre clown, c’est me donner la permission d’étre moi-méme. Se donner la permission de sauter dans un trou d’eau.et d’en rire. J’adore faire le clown. Le monde veut avoir du plaisir. Je suis un clown trés heureux. Frenchie est de la France, de Paris, il scuplte des ballons, il est trés charmant et veut se faire aimer, C’est devenu un gagne- pain pour moi. Frenchie va surtout aux galas, pour des événements spéciaux, comme le Festival du Bois de Maillardville. Jadore étre clown. Dans la prochaine piéce de La Seizitme Copain, Copain, avec laquelle je partirai pour 2 mois en tournée, | inter- préterai un clown. II n’y a rien comme faire le clown pour me ramener dans le moment présent. Je fais toujours du mieux que je peux, au moment ou je le fais. Joey Lesperance tendra le réle d’Adam, lors de la lecture publique de La Mémoire du sang au Studio 16, le jeudi 29 janvier prochain a 19 h. PROPOS RECUEILLIS PAR JOHANNE CORDEAU ii SRR a a tc ln ths ga lal cal, pli Ll ih A Sa A MB ic 5 pi AL A SE lk i aR i RR nc SS |