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14 — Le Soleil de Colombie, vendredi 11 mars 1983

Les Polonais : solidarité avec Solidarité

Suite de la page 1
ment sans emploi, cherchant
jusqu’en Nouvelle Ecosse

Pour vivre, ils touchent a
eux deux $60 par semaine
pour le loyer et la méme
somme pour se nourrir. Le
ministére fédéral de l'immi
gration attribue encore une
allocation unique de $270
pour les vétements et des
couvertures.

Comment louer
un appartement?

On en attendait 60, ils sont
90. On se serre dans une petite
salle du local de 1'Associa-
tion des Vétérans Polonais,
sur Kingsway (cf encadré).
L’ambiance est chaude, les
sonorités carrées du polonais
résonnent partout. Sur les
murs, quelques paysages polo-
nais, le portrait du héros de la
résistance pendant la Seconde
Guerre Mondiale et celui du
Pape Jean-Paul II.

L’Association des _Ingé
nieurs polonais de C.B. a or-

isé ce vendredi soir une
réunion d'information a l’in-
tention des récents immi-
grants. C’est la premiére de ce
genre. On y discute des lois
canadiennes, des meilleures
facons de trouver un appar-
tement ou un travail, de:
parler a son (futur) patron,
d’acheter une voiture... Un
questionnaire est remis a cha-
que participant, destiné a re-
censer les qualifications et a
sonder les besoins et les de-
mandes !es plus urgents.

Les réponses serviront a éta-
blir la trame des sessions...
comment dire? d’entraine-
ment a la vie en pays étran-
ger, qui se tiendront tous les
quinze jours le samedi a partir
du 9 avril.

Dans I'assistance, des Polo-
nais arrivés au Canada il y a
un an et demi ou deux ans. Et
qui ont encore désespérément
besoin de telles informations
de base. Mais surtout, ce qui
frappe, c'est la composition de
cette assistance: une majorité
dingénieurs, comme Piotr,
comme Michal.

Ce n'est pas enti¢rement
surprenant. L’immigration de
ces hommes ne date pas d’hier
et ils ont constitué sept organi-
sations sur quatre continents.
L’Association des Ingénieurs
polonais au Canada est née il
y a 42 ans a Toronto. Par
contre, sa branche de Van-
couver, n’a été fondée qu’en
1981. Parallélement a I’instal-
lation de nouveaux arrivants,
dont les i consti-
tuaient I’essentiel. “C'est la
politique du Canada de n’ad-
mettre que des personnes ex-
trémement qualifi¢es” souli-

gne. Elizabeth Lawrynowecz, -

presidente de l’Association.
travailleurs qualifiés

perdus pour la Pologne. Pas
forcément gagnés par le

Canada. Piotr laisse échap-
per une pointe d’amertume:
“notre inactivité est un gachis
pour nous et pour le Canada”.

C'est parmi ce cercle de
“cols blancs” qu’on trouve les
militants les plus actifs de la
dissidence, ceux qui lisent les
journaux canadiens-polonais
(1), ceux qui mettent sur pied
manifestations et campagnes
de signatures.

La derniére en date est
d’ampleur mondiale. Peter
Bein, un responsable du Co-
mité vancouvérois de solidari-
té avec Solidarité, explique le
sens de cette pétition (2) : ai

Publications
Se renss cE ee

s'agit de protester contre les
procés arrangés qui visent pré-
sentement 13 activistes de So
lidarité, accusés injustement
de violences”. Peter Bein, un
ingénieur-conseil, a  égale-
ment contribué a l’organisa-

tion d’un concert de soutien a.

YOrpheum de Vancouver le
12 décembre dernier, veille de
lanniversaire de l’imposition
de l'état de siége en Pologne.

Peter mentionne également
une campagne vancouvéroise
a la fin de l'année derniére,
qui a permis d’envoyer 20.000
paires de chaussures en Polo-
gne, ainsi que 10 métres cubes
de médicaments. L’église ca-
tholique locale a également
appuyé cette action.

Car si les activisesde l’oppo-
sition polonaise se recrutent
surtout parmi les ingénieurs,
et plus largement, parmi les
intellectuels — “ils sont plus
éduqués, plus rapidement ef-
ficaces dans la société,  ap-
prennent plus vite la langue”

témoigne le vice-président de

l’Association des ingénieurs
Jerzy Kamenske —, l’esprit de
Solidarité touche des segments

_ beaucoup plus importants de

Il y @ entre 10 et 15 000
Canadiens d'origine \.
natse en Colombie — bri-

ique, dont 6 000 dans
la région du Bas-Fraser.

La premiére vague arri-
ve un peu avant la Pre-
miére Guerre Mondiale.
Beaucoup viennent apres.
A travers les années 20 et
30, limmigration est régu-
liére. Mats le nombre des
Polonais n’augmente vrat-
ment qu’a la fin de la Se-
conde Guerre Mondiale,
quand des millers de vété-
rans de larmée arrivent
de Grande-Bretagne. Ces
soldats ont servi dans les
Corps Polonats, forts de
100 000 hommes, alliés des

issances  occidentales.
En 1939-40, ils se retrou-
vent prisonniers de guerre
des Russes, alors unts aux
Allemands. Puis quand
Hitler se retourne contre
Staline, en 1941, ils sont
libérés et envoyés en Irak

la communauté polonaise.
“Je ne fais pas de politique
dans mes sermons, insiste le
Pére Zygmunt Musielski, curé
a la paroisse polonaise St
Casimir, a Vancouver-Est.
Mais nous avons annoncé dans
notre bulletin paroissial l’exis-
tence de la pétition contre les
procés qui se préparent. Cha-
cun est libre de la signer, a
l'extérieur de 1'é lise.”
L'Eglise canadienne, ¢pou-
se en fait la position de l'Eglise
en Pologne, une position de
défiance a se: du gouver-

Méme F sopesition certaines ont

nement. “On a vécu les évé-
aa la-bas de trés prés,
reprend le pére Musielski. La
majorité des gens ici a tou-
jours quelqu’un en Pologne.
Et puis on a vu les marins
passant a l’ouest (3), quittant
leurs navires 4 Vancouver, a
qui il a fallu trouver des loge-
ments, du travail...”

“Nous sommes a 100%
pour Solidarité” affirme pour
sa part Jan Wejta, secrétaire
exécutif du Centre commu-
nautaire polonais, la plus
importante des organisations
polonaises avec prés de deux
cents membres.

L’unanimité n’est pourtant
pas totale. Les Polonais éta-
blis en Colombie britannique
depuis longtemps, certains de
leurs descendants, beaucoup
de vieux n’approuvent pas
Solidarité, ou restent indiffé-
rents, parce quiils ne com-
prennent pas le sens réel du
mouvement, qu’ils ont perdu
le contact direct avec leur
pays d’origine.

“En fait, ils réagissent com-
me la moyenne des Cana-
diens, trés mal informés sur la

situation en Pologne, souligne

Jerzy Kamenske. Pour eux,
Solidarité n’est pas un immen-
se courant social porteur d’as-
pirations démocratiques, mais
un simple syndicat a l’amé-
ricaine, Les problémes de la
Pologne, les gréves, les
queues, ils les attribuent au
syndicat. Ces Polonais qui ont
fui le régime communiste en
sont presque arrivés a soutenir
le gouvernement!”

Plus. profondément, rien
n'est tranché sur l’échiquier
socio-politique polonais. Des
cars se recouvrent, blanc et
noir se mélent. Les ingénieurs
progressistes et démocrates de
Solidarité ne sont-ils pas les
premiers a vanter les mérites
de l’Ancien Régime, ot les
Rois — suédois, hongrois,
francais — étaient élus, di-
sent-ils, oi la noblesse se
préoccupait du sort des orphe-
lins, ot fonctionnait un Par-
lement; un Ancien Régime
enfin qui fut l'un des premiers
a édicter, le 3 mai 1793, une
Constitution, fétée chaque an-
née par des danses au Centre
communautaire.

Peter Bein raconte sa ren-
contre avec une vieille famille
aristocratique polonaise éta-
blie dans les Kootenays tandis
que Jerry Kamenske estime
qu'un certain nombre d’offi-
ciels du Parti communiste
sont les héritiers de la nobles-
se. Non, des siécles d’écrase-
ment, de domination, d’effa-
cement méme des frontiéres
nationales n’ont pas contribué
a forger une personnalité
polonaise tranchée. Hormis
sur un plan: la capacité de
résister malgré tout a l’op-

pression. Une oppression qui.

ne laisse méme plus aujour-
d'hui le choix: partir ou se
taire, puisque seuls les touris-
tes retraités et les déléga-
tions officielles ont le droit de
quitter le pays.

(A suivre)

[1] du nombre d'une demi-
douzaine, pro-Solidarité. Le
mensuel “Kontakt”, publié a
Paris, est aussi une revue trés
importante pour rallier la
dissidence.

[2] Disponible au Polish
Community Centre, 4015 Fra-
ser Street, Vancouver.

[3] De février 1978 a février
1982, 280 marins ont déserté
leurs bateaux, dont plus de
130 immédiatement apres
limposition de la loi martiale
le 13 décembre 1981.

7 jours
en Colombie britannique

L’essence a la hausse

Le prix de l’essence dans la
plupart des stations-service de
C.B. augmente de 3, 4 cents
mercredi 2 mars. L’augmen-
tation refléte une hausse de 4
dollars sur le prix du baril de
pétrole brut domestique.

Néanmoins, les compagnies
pétroliéres ignorent si les
conditions du marché soutien-
dront cette augmentation ou
si la guerre des prix qui a lieu
dans d'autres parties du pays
s’allumera ici.

10°25% pour les nouvelles Obligations

Le ministre des Finances
Hugh Curtis annonce mer-
credi 2 mars que les nou-
velles Obligations de dévelop-
pement de C.B. a trois ans
rapporteront 10,25% d’inté-
rét par an. Une émission spé-
ciale, rapportant 9,5%, sera
destinée aux contribuables

payant les plus forts impéts. .

Ces obligations représentant

$150 millions, sont émises
pour stimuler l'emploi et les
petites entreprises en C.B. La
plupart des institutions finan-
ciéres offrent aujourd’hui un
intérét annuel de 8,5% sur les
dépéts a trois ans.

Un tiers des Colombiens sous l’aide sociale

Environ un tiers des Colom-
biens britanniques recoivent
tout ou partie de leurs reve-
nus d'un service d’assistance
sociale du gouvernement, in-
dique mercredi 2 le “Vancou-
ver Sun”. L’argent est distri-

bué sous forme d’assurance-
chémage, de bien-étre social
ou de pensions de retraite a

874 000 personnes en C.B., °

sans compter les titulaires
d’allocations familiales. Sur

une population de 2,7 mil-
lions, cela signifie de 32% de
la population est dépendante
des services sociaux gouverne-
mentaux. Selon les derniéres
statistiques disponibles,
257 000 personnes recevaient
une assurance - chémage;
104 000 le Bien-Etre Social et
294 720 des pensions du
gouvernement. II faut ajouter
a ces chiffres les conjoints et
les enfants du titulaire de
Taide sociale.

Perchée a 41 métres pour la bonne cause

Un jeune femme de 26 ans a
été choisie parmi 500 autres
demandeurs d’emploi pour
passer 1000 heures perchée a
41 métres au-dessus du restau-
rant “Orestes”. L’opération a
été mise en place pour collec-
ter des fonds (Il’objectif est
$100 000) pour la recherche
sur la dystrophie musculaire.
Beth Farrell est au téléphone

la plupart du temps: Elle —
dispose également d'une tente ~
sur sa plateforme de 3 x 1,5
m, de la télévision payante,
d’un chauffage et d’un sac de
couchage... ainsi que de toi-
lettes. Un garde surveille les
environs tandis que toutes les
24 heures, Farrell peut des-
cendre pendant 20 minutes se
détendre les jambes.

B.C. Hydro mal géré

B.C. Hydro est mal géré,
son personnel en surnombre et
toute tentative de séparer les
deux activités de la compa-
gnie devrait étre prudemment
étudiée, indique la Commis-
sion des Utilités de la C.B.
pour appuyer sa décision
d’autoriser des hausses de 6%
pour les factures d’électricité

et de 3,2% pour ‘le
naturel, a partir du ler i

Dans le futur, précise la Com- ~~

mission, B.C. Hydro devrait
faire face a ses cofits “premie-
rement en améliorant s
ductivité, puis en ¢léevant le
volume de ses ventes et seule-
ment en dernier recours en
augmentant ses prix’.

De bons matheux

Une étude menée parmi des
écoliers de 13 ans de C.B.
d’Ontario et de 18 pays étran-
gers montre que les étudiants
de la province se placent dans
le premier tiers des bonnes
réponses a un probléme conte-

nant 180 questions de mathé-
Mmatiques. En particulier, ils
font mieux que leurs congé-
néres de pays -anglo-saxons
comparables mais moins bien
que les Japonais, qui sont
premiers presque partout.’

Une immigration d’un siécle

d'on ils essaimeront pour
rejoindre les Alliés. Natu-
tellement, @ la fin de la
Querre, une grande partie
se trouve en Grande-Bre-
tagne, alors que la Polo-
gne est déja sous’ influence
russe.

Le Canada est le pre-
mier pays @ s’ouvrir aux
nouveaux réfugtés. 5000 s'y
installeront, dont 100 en
C.B., donnant naissance
en 1946 @ l’Association des
Vétérans Polonass de C.B.
Selon les termes de Uac-
cord, les anciens combat-
tants dotvent d’abord tra-
vailler pendant deux ans
dans des fermes désignées
avant de chercher un autre
emplot dans le pays.

L’émigration n'a pas
cessé depuis, les candidats
@ V’exil invoquant des rai-
‘sons See par tous les
dissidents de l'Est: Uabsen-
ce de liberté, le sous-déve-
loppement économique.

Mais les événements uni-
ques de Pologne précipi-
teront les choses. De jan-
vier 1979 @ juin 1982,
15 803 réfugiés de V'Est ont
été autorisés @ immigrer,
dont 1412 en C.B. Sur ce
total, la proportion de
Polonais était d'un peu
motns de 50% en 1979 et
1980, un peu au-dessus en
1981 et représentait l’an-
née derniére l’essentiel de
cette immigration,  sott
presque 6000 individus,
tssus de toutes les couches
de la société.
Légale, quotque diffict--
le, pendant longtemps,
Vémigration hors § de
Pologne est rendue impos-
sible depuis Vimposition de
Vétat de guerre le 13
décembre 1981. Des oppo-
sants génants sont néan-
moins encouragés a quitter
le pays, Lech Walesa est le

d'autres).

jardin,

plus connu.
M.G.

Pour féter le printemps 83
~ le dimanche 20 mars

CBUF-. FM vous dnt a -yous
au Jardin VanDusen
37e@me et Oak a4 Vancouver

De 12h 4 16h30

Venez nombreux, petits et grands:

e rencontrer les artisans de la radio francaise (André Chollat,
Philippe Bourbeau, André Rhéaume, Daniéle Marcotte et bien

e profiter des visites guidées en frangais,
¢ boire un café ou un chocolat,
¢ recevoir un corsage fleuri ou des graines de fleurs pour votre

e prix d’entrée spécial: deux billets pour le prix d’un. Gratuit
pour les enfants qui sauront le mot de passe. Celui-ci sera
donné sur les ondes de CBUF-FM dans la semaine du 14 mars.

Société Radio-Canada