Le Soleil de Colombie, le 12 avril 1974, 1] [On Un disque: une chose a entretenir! Encore la, les temps ont bien changé: on n’améne plus un invite dans son salon pour exhiber fiérement sa nouvelle “chaine stéréo’ . Aujourd’ hui, qu il soit portatif, stereophonique ou encore quadrophonique (c’est la toute derniére mode), le tourne-disque est intégré au mobilier traditionnel dans plusieurs foyers. C’est un fait indéniable, la fameuse musique qui, dit-on, ‘“adoucit les moeurs” fait maintenant partie intégrante de notre vie quotidienne. Tous les garagistes, par exemple, vous diront que les acheteurs de véhicules exigent de plus en plus la radio comme “équipement facultatif’ ou encore, dans certains cas, le joueur de cassettes. Quant aux vendeurs de tourne-disques, ils vous confieront, sans toutefois trop insister, qu’ils font des affaires d’ or. Etes-vous simplement en mesure de vous imaginer une journée compléte passée sans entendre une seule note de musique? . . . par Charles Boisvert “Depuis deux ans, le Québec est entré a fond dans la mode de la stéréophonie’’, reconnait un vendeur que nous avons rencontré dans un grand magasin de la métropole spécialisé: dans ce domaine; “‘le courant s’est amorcé en Amérique du Nord depuis environ cinq ans, mais des études ont démontré qu’en vertu de plusieurs fac- teurs, la population québécoise a accusé un certain retard.” ‘Peut-étre tout simplement parce que la musique qui tourne en Amérique du Nord est principalement de langue anglaise (c’est particuliérement le cas du ‘“‘pop music” qui gagne de plus en plus d’adeptes) et, par conséquent, moins accessible aux uni- lingues francophones Une littérature peu abontante S'ils se procurent 4 un rythme croissant des appareils stéréo depuis quelques HYDRO-PRESSE_ FIN MARS 1974 années, il n’en demeure pas moins que, toujours selon notre interlocuteur, ‘‘la plupart des gens ne savent pas comment agencer un systeme sonore qui soit valable; la seule fagon de procéder, poursuit-il, c’est de se fixer un montant de départ en fonc- tion duquel on se procure les piéces qui peuvent étre de qualité trés variable (haut- Pavan table tournante, amplificateurs etc.).”” Il est vrai qtie les ouvrages de documen- tation en langue frangaise sur le sujet sont assez rares, (si l'on excepte un livre paru récemment), et aussi exact que plusieurs fabricants étrangers qui exportent leur pro- duit en Amérique du Nord l’accompagnent d’instructions écrites uniquement en an- glais. Aussi, en ce domaine, faut-il trés sou- vent s’en tenir strictement aux conseils du détaillant. Néanmoins, plusieurs experts estiment que les bruits ou distorsions entendus a l'écoute d’une musique ne dépendent pas | de l'appareil, aussi perfectionné soit-il, mais | bien de la saleté des disques que vous | possédez. A ce sujet, l’expert que nous | avons rencontré est assez catégorique: la plupart des “‘balais’’ (installés 4 méme le bras de la table tournante de |’appareil) sont assez cofiteux et a toute fin utile innefficaces. De méme en est-il de la plupart des linges imprégnés de silicone disponibles sur le marché. Quoi faire alors? Voyons d’abord com- ment les disques s’encrassent. Précisons au départ que la quasi-totalité des disques fabriqués de nos jours sont composés de vinyle pur, un produit qui retient rapi- dement !’électricité statique, laquelle attire A son tour les poussiéres et les particules présentes dans l’air ambiant. Dés qu’elles s'incrustent dans le sillon du disque, les poussiéres se combinent 4 !’huile naturelle de la peau (laissée inévitablement lors de la manipulation), 4 I’ humidité de |’air et méme a la fumée dans les piéces ow I’on fume, aux débris du carton des pochettes, pour enfin former une véritable ““gomme’”’. L’aiguille passe sur le sillon, l'appareil émet des bruits... Vous étes rapidement portés a croire que votre disque est “fini” alors qu’il est sale, tout simplement. Surtout, pas de doigts sur la pointe. . . Bien sir, tous s’entendent sur quelques régles élémentaires: ranger toujours le. dis- que dans sa pochette; le manipuler autant que possible par les bords, sans toucher a la surface enregistrée, etc. Mais plusieurs persjstent a passer le doigt sur la pointe de l’aiguille pour y déloger la poussiére accumulée. Cette pratique est fortement déconseillée par les experts dautant plus que les aiguilles maintenant sur le marché sont plus perfectionnées et, pas conséquent, de plus en plus fragiles . . . De plus, si vous avez un microscope, vous verriez que vous n’avez qu’escamotée le probléme et peut-étre méme agaravé. Il est possible que vous ayez endommagé la pointe et, de toute fagon, vous y avez ajouté une petite quantité d’huile naturelle qui, éventuellement, se collera 4 la gomme déja incrustée dans le sillon. Aussi, est-il préférable de souffler sur Paiguille. Pas de solutions miracles Hélas, la “belle époque’’ des 78 tours est révolue. Ces disques ne se salissaient prati- quement jamais parce qu’ils étaient fabriqués pour une grande part en laque et la pression de I’aiguille des anciens appa- reils variait entre 6 et 12 grammes, soit un . Poids assez élevé pour ‘“dégommer’ les sil- lons. Aujourd’ hui, les aiguilles installées sur ce que |’on peut considérer comme un bon é€quipement exercent sur le disque une ‘pression de l’ordre de 0.5 a 3.0 grammes qui ne peut plus combattre les saletés. De méme, vous avez sans doute remarqué qu’on trouvait sur les étalages il y a a peine quelques mois des disques Pproprement ‘‘stéréo’’ et d'autres dits “monoral’”. Dorénavant, tous les disques sont fabriqués en fonction de la stéréophonie ... mais ajoutons une petite précision: si vous faites tourner le disque sur un appareil dit ‘‘monoral’’, il est irrémédiablement endommagé quant a son effet stéréophonique. S’il n’existe pas de solution miracle pour obtenir de vos disques une qualité de son _ parfaite en tout temps, il ne faut pas en déduire pour autant qu’il n’y a pas d’espoir... Il semble que quelques compagnies spécialisées fabriquent mainte- nant des appareils capables d’éliminer l'électricité statique et de déloger effica- cement toute poussiére. Un autre produit a méme la propriété de prévenir la croissance des bactéries, ce qui n'est pas 4 négliger. Il coiitte environ $20.00. Quoi qu’il en soit, surtout si vous possédez un appareil ‘haute fidélité’’ de type trés sensible, n’hésitez pas a investir quelques dollars pour bien entretenir vos disques. Sinon, pourquoi s’étre procuré un si bon tourne-disques? .. ._ 2 Ane pas faire: poser les doigts sur les sillons du disque. A faire: manipuler le disque par les bords, sans toucher “A faire: passer délicatement un linge spécialement A ne pas faire: laisser “trainer” congu a cet effet, dans le sens des sillons, pour nettoyer le disque. a eas Sig Pasa a is a la surface enregistrée. A ne pas faire absolument: passer le doigt sur la pointe de I'aiguille pour y déloger la poussiére accumulée. le disque sur_la table tournante, non recouverte, apres I'avoir entendu-: A faire: remettre immédiatement le disque dans sa pochette apres I'avoir utilisé. ll est également préférable de ranger les pochettes en position verticale.