«Cg es Littéraires Laure Morali : de la Bretagne au Québec Réalisatrice de films documentaires, Laure Morali a également écrit deux ouvrages, La mer a la porte et La route des vents. Le premier, illustré de photos de Delphine Zana, est I'his- toire de Frangois. Ce personnage qui a réellement existé a trouvé refuge a l'intérieur d'un de ces blockhaus que les Allemands avaient construits le long des plages de France pendant la Se- conde Guerre mondiale dans le but de décourager le débarque- ment des Alliés. Celui-ci est situé a Saint-Jacut-de-la-Mer, petit village touristique qui se trouve au nord de la Bretagne. Or, la sim- ple présence de cet homme qui vit dans un abri insolite et ne dé- range personne est une géne pour la population locale. Le portrait de Francois, son choix de vie aménent pourtant a réfléchir ceux qui ont un toit sur leur téte et vivent dans le confort. Cette ceuvre sobre est d'une grande humanité. Le deuxiéme ouvrage évoque un long séjour de sept an- nées au Québec, plus précisément au Saguenay, sur la basse Céte Nord, en Gaspésie et dans le territoire inuit du Labrador qué- bécois. L'auteure égréne quelques lieux précis. Tadoussac, Chi- coutimi, Gaspé, Cap-Chat, Mingan, ou plut6t Ekuanitshit de son nom original, Natashquan, Baie-Comeau, Sept-lles, Mashteuiatsh et quelques autres. Ces lieux ou séjourne la narratrice sont le point de départ d'observations et d'anecdotes sur les gens ren- contrés, la vie quotidienne chez I'habitant ot elle est parfois hé- bergée, et surtout sur la nature omniprésente qui lui laisse une profonde impression. Laure Morali écrit en petites phrases simples qui donnent vie a la réalité autour d'elle. Le lecteur se laisse envahir par l'atmosphére de I'hiver canadien chez une vieille dame qui l'accueille, par l'odeur du feu dans la cheminée, par la présence du chat qui se chauffe, la chaise berceuse qui se balance, par ce qui constitue un solide petit déjeuner : ceufs et bacon, toasts et café, par les chiens qui ow ils vivent, aboient dans les arriére-cours. Le livre ne nous apprend pas grand-chose sur les étres rencontrés, et s'ils restent peu discrets, c'est peut-étre aussi parce que la Nature les écrase 17