et 23 janvier Suite de la semaine derniére III - Disparu Par Alexandre Spagnolo Horrible massacre Revenons au périple de La Pérouse en Extréme-Orient, direction sud vers Samoa, YARCHIPEL DE L‘Océanie, le joyau du paradis, dit-on, si ce n’est, nous cite E.W. Allen, le royaume des cafards, blattes et cancrelats. Tout ceci nous met en évidence le vicomte Paul-Antoine Fleuriot “de Langle (1744-1787) , trois ans plus jeune que son chef La Pérouse qui le tenait en grande amitié, ayant été a son cété lors de la Guerre de |’Indépendance des Etats-Unis, commandant L’Astrolabe et de l’expédition ala Baie d’Hudson (Canada). Il appartenait a une famille de nobles, préférant les océans que les salons de Versailles. De Langle, s’inspirant des récits du capitaine J. Cook, voulut remplir ses barils de l’eau douce de Tutuila, débarqua avec 60 hommes, dont des officiers de renom. Malheur, les aborigénes, aprés la curiosité de voir des hommes blancs, se ruérent sur eux, le massacre débuta dans son horreur. Onze hommes périrent dont de Langle, le naturaliste de Lamanon, d'autres blessés, noyés - dans la fuite, d’autres disparus dans la brousse, sinon prisonniers pour des agapes de cannibales. Un désastre qui affligea profon- ~‘dément La Pérouse, qui se retint par humanité de ne _ pas bombardedr au_ canon les villages. 95 années plus tard, des religieux découvrirent les reste des massacrés, transportés et enterrés a Brest, prés de ]’église, aprés une cérémonie pleine de ~ tristesse. Aprés le désastre de la Baie de Lituya. (Alaska) , celui de la Baie de Tutuila-Asu (Samoa), dite “Baie du Massacre” par des géographes. En route Le coeur serré, La Pérouse se mit 4 poursuivre son itinéraire et ses explorations vers le sud, aprés avoir confié le commandement de L’Astrolabe au Chevalier Sutton de Clonard. Aprés Samoa, vers Tonga ou Iles de l’Amitié, puis les Iles Norfolk et enfin Botany Bay sur la céte de la Nouvelle Galles du Sud (Australie) découverte par James Cook, 18 ans plus tét, On ne cachait pas que Louis XVI s’intéressait a ]’Australie, la Terra Australia du capitaine Matthew Flinders, un admira- teur de La Pérouse, entrevoyant la possibilité d’une large présence francaise dans ce nouveau vaste - continent, d’ot la mission La Pérouse. La Pérouse fut bien accueilli, le 1788, par le Lieutenant Hunter, puis par le Gouverneur Philipps de la région: pour quelqu’un qui a combattu les Anglais avec vigueur, le “fair play” n’est pas un vain mot. Plus est, Philipps chargea le Lieutenant Shortland, en instance de départ pour Londres, d’assumer la charge de porter a l’Ambassadeur. de France, tous les documents mis dans une boite scellée, cartes, plans, relevés, journal etc, de La Pérouse couvrant son voyage ~ Kamchatka a Botany Bay. ' guerre... Le tragique destin de La Pérouse e Le grand mystére La Pérouse décida enfin le voyage de retour et la fin de son périple de quelques années, en quittant Botany Bay direction Ile de France dans l’Océan Indien, mais n’y arriva pas en décembre 1788 comme prévu, depuis pas de nouvelles, le grand mystére de la Marine Frangaise. Beaucoup de navires ont disparus au cours de histoire, mais d’aussi beaux de L’Astrola- be et la Boussole, dirigés par un commandement d’élites, un équipage de choix, un héros de tout cela évanoui? Incroyable. peu plus heureuse, voyageant autour du monde, fit escale a Vanikoro, qu’il appela I’Ile de la Recherche avec des natifs, trouva des vestiges de “L’Atrolabe” des ancres, canons, piéces de fer et de cuivre, de plomb, des fusils, qu’il emporta en France, déposés au “Musée de la Marine (Paris). Il érigea sur place un monument des disparus de 1788. A part, les chercheurs de La Pérouse cités ci-haut, il y eut Louis-Antoine de Bougainville, Louis de Saulces de Freycinet, Duperrey et Arago sans grands succés d’ailleurs. Il semble, a nos yeux, que le grand succés fut celui de it dans le naufrage des chaloupes 4 Port des Sur les instances de Louise- Eléonore, la Société Parisienne de |’Histoire Naturelle, janvier 1791, réussit a insister auprés du gouvernement afin d’entrepren- dre des recherches poussées, aprés deux années de vaines attentes de retour. L’Assemblée Nationale vota une récompense pour des recherches fructueuses, que tous les rapports, cartes, relevés, journal de La Pé€rouse soient publiés, copies 4 Louise-Eléono- re, que le nom de son mari figure sur la liste de la Marine, jusqu’a son retour, sa solde lui soit réguliérement versée. Recherches Depuis, de temps en temps des navigateurs ont prétendu avoir percu , vu de loin, trouvé des épages de navires dans les Mers du Sud, comme, en 1791, George Brown a bord du “Albermele”. En 1803, un capitaine Danois en 1815, un capitaine Portugais, méme avoir recueilli au large des Philippines, l’astronome Dage- let, qui lui déclara que “L’Astrolabe” a la suite d’un incendie, d’un ouragan qui l’emporta vers un récif et sombra. En 1793, le Ministre de la Marine, Pierre Claret, comte de Fleurieu, celui signa, en 1803, sur ordre de Napoléon Bonaparte, la cession de la Louisiane aux Etats-Unis, chargea Joseph- Antoine Bruni, Chevalier d’En- trecasteaux, d’effectuer des recherches: -cette expédition rencontra des obstacles, puis le désastre, la mort d’Entrecas- teaux. L’expédition de Jules Dumont d’Urville (1790-1842), le décou- vreur de la Terre d’Adélie, au sud de la Tasmanie, en 1840, fut un l’Anglais, Capitaine Peter Dillon, une force de la nature avec un mélange de brutalité, marié a une native des Iles Fidji, connaissance des us et coutumes des aborigénes, bourlinguant pour son commerce dans les Mers du Sud. A Vanikoro, il apprit par des vieux, que jadis deux navires avaient fait naufrage dans les environs a la suite de tempétes, voire d’un terrible ouragan, les hommes de mer qui ont pu rejoindre le rivage, considérés de “mauvais esprits” furent massacrés. Aidé par ces natifs, Peter Dillon récupéra un grand nombre de vestiges qu'il emporta dans son navire. Aprés une escale 4a Calcutta, se rendit en Angleterre, puis Paris, afin de remettre tous les objets récupérés au Baron Hyde de Neuville, Ministre de la Marine, le 6 février 1829. Présenté au roi Charles X, il recut la Légion d’Honneur et une pension a vie, le nomma représentant de la France dans les Mers du Sud. Mourut en Angleterre, en 1846. Ajoutons qu’a Paris, Peter Dillon alla rencontrer le Vicomte de Lesseps, suivant son récit intitulé ‘Narrative and successful result of a voyage in the South Seas serformed by order of the zovernment of British India, to ascertain the actual fate of La Perouse’s expedition”. Deux volumes, Edition Hurst (Lon- jon) 1829. . Unsursaut Le tourbillon des recherches “La Pérouse” cessant avec celles de Peter Dillon, en 1829, et celles de Dumont d’Urville, en 1840, un sursaut a surgi 130 années plus tard: hiatus, d’ailleurs compré- hensible avec les trois guerres de 1870-1914-1939, qui ont boule- versé le monde, sursaut prove- nant du Né€o-Zélandais Reece Discombe, un féru de la plongée sous-marine, qui a gagné ses épaulettes lors de la Seconde Guerre Mondiale. Discombe qui a lu les divers ouvrages sur les expéditions de homme qu’il admirait, s'est dit que la mer n’avait pas encore livré ses secrets. Pour L’Astrolabe, commandé par le Chevalier Sutton de Clonard, succédant a De Fleuriot de Langle, massacré, on avait des détails, mais, pour La Boussole Le promi otc de enn Laérous ees ltes de Ala va rode 2 mes avec La Pérouse, on en manquait, Discombe disait que ce navire avait du sombrer dans les grands fonds, 1a c’était son domaine. Vers la fin des années 50, il s'intéressa- 42 des travaux de recherches préliminaires, appro- chant des aborigénes, aux hommes sages des tribus de la région visée, écoutant ce qu’ils savaient par oui-dire de leurs aieux. En 1962, Discombe se rendit a Vanikoro, déja sur la carte, au -nord des Nouvelles-Hébrides, ot lui-méme était domicilié, a Vanuatu, et commenga ses plongées avec son appareil le “Aqualung”, plus pratique que le lourd scaphandre classique. A 40 pieds de fond, découvrir une épage recouverte de coraux, une andre, un télescope de marque anglaise, divers objets: il emporta le tout. Des squelettes? Rien. Discombe, curieux, alla visiter les lieux ot La Pérouse fit escale, méme au Canada, la destruction des bastions et postes de la puissante Hudson Bay Company, et se saisir du Gouverneur Samuel Hearne. Pour les découvertes et les vestiges apportés en France, le Général de Gaulle, en personne, remit la décoration de l’Ordre National du Mérite, al’homme et plongeur obstiné qui a fouillé dans le passé d'un mystére maritime. La Ville de — Vancouver, carrefourde deux civilisations, a été heureuse, en juillet dernier, de recevoir Reece Discombe, maintenant agé, et son compa- gnon V’historien australien Rus- sell Shelton, préparant un _ ouvrage (un de plus) sur La ' Pérouse. -explorateurs étudiaient, Cette race de _ valeureux navigateurs-explorateurs vouée a lenrichissement de pays, d’hom- mes, de connaissances géographi- ques, ethniques, humaines etc. a disparue a jamais. Les sillages de leurs navires étaient dans des eaux limpides, leurs belles voiles déployées dans une atmosphére salubre, la faune sous-marine se développait dans un plancton non-vicié. Qu’y a-t-il depuis? Des navires d’acier aux noms rébarbatifs: tankers, super- tankers, navires containers, sous-marins nucléaires, laissant dans leur sillage une pollution destructrice €pouvantable, une atmosphére de gaz délétéres. Que dire des plates-formes pour lextraction du _ pétrole des régions sous-marines? Des terres, des archipels, des iles aux sites enchanteurs, a la nature primitive et sauvage, que les nous leur avons apporté notre civilisation, discutable sur les bords, dhétels de luxe, des motels, des dancings “Rock” “Pop”, des casinos, 4 corrompre les moeurs ot le mercantilisme est TOi. C'est 4 croire que dilemne de polluer pour survivre. Nous sommes actuellement cinq mil- liards d’habitants sur cette planéte, somme toute petite, déja bien polluée. Que sera, la vision est dantesque, une Terre avec 15-25-30 milliards d’habitants? Citons, en guise de conclusion: Oceano nox Oh! Combien de _ marins, combien de capitaines, Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines. Dans ce morne horizon, se sont évanouis, Sous l’aveugle océan 4 jamais enfouis, Combien ont disparu, dure et triste fortune, Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune. Bibliographie -La . Société de Géographie (Paris): Le Centenaire de la mort de La Pérouse. Ses lettres. Publication de 1888. -La Pérouse, auteur Bellesort. Edition Plon (Paris) 1926. -Voyage a la recherche de La. Pérouse, par Labillardiére. Deux volumes. Traduit en anglais, incluant la recherche d’Entrecas- teaux. Edition Stockdale (Lon- dres) 1800. -Le Journal de La Pérouse, expédié de Botany Bay (Austra- lie) par les soins du Lieutenant Shortland, fut traduit en anglais, en 1798. -Voyages au Kamtchatka durant les années 1787-1788, par Jean-Baptiste Barthélémy de . Traduction frangaise. Edition Johnson (Londres) en 1790.