12 — Le Soleil de Colombie, vendredi 7 octobre 1983 Cinq semaines en Inde Par Jean-Claude Arluison Samedi 2 juillet 1983. Aprés une nuit passée a Vhotel Ajanta, prés de la plage de Juhu arrét qui n’était pas superflu aprés un voyage de vingt-neuf heures — mous quittons Bombay pour Madras dans un Boeing de la Indian Airlines.. (Nous passerons une semaine 4a Bombay a la fin de notre séjour) . Le voyage nous parait bien court, ce qui n’a rien d’éton- nant aprés l’épreuve de longue distance Vancouver-Bombay. A l’aéroport de Madras, nous ne devons heureusement pas endurer une longue attente, comme cela avait été le cas a Bombay. Alors que nous attendons nos valises au car- rousel, nous scrutons la foule qui attend les voyageurs; des mains s’agitent. Les voila! Ah oui! Javais oublié de vous le dire. Mon €pouse est indienne. Ce voyage n’est pas, par conséquent, un voyage a caractére touristique, mais bien un voyage 4 caractére familial. Nous visiterons beaucoup moins de monu- ments, nous ferons moins d’excursions qu’au cours d’un voyage, de sept semaines ce- lui-la, de décembre 1973 a février 1974. Ce voyage '84 est clairement consacré a _ la famille et aux amis puisqu’en cing semaines, nous ne cou- cherons que trois nuits a hotel. Le comité d'accueil — est composé d’un frére, son épou- se, leurs deux enfants, et ie: mari d’une tante. Les deux familles voulant nous héber- ger, la solution est simple: comme nous séjournerons a Madras a deux reprises, nous logerons chez la tante la pre- miére fois et chez le frére, la deuxiéme. Le mari de la tante, que nous appelons oncle — appel- lation absolument erronée — nous conduit a la voiture, ou nous attend le chauffeur. Diable!. Une voiture avec chauffeur! Cela ne court pas les rues, en Inde. En fait, la tante et son mari, tous deux agés de plus de soixante-dix ans, ne sont pas 4a plaindre. Elle, ancien médecin, lui, ancien rédacteur de journal, habitaient 4 New Delhi une superbe maison neuve, qu’ils ont vendue il y a quelques années pour venir s’installer a Madras. Ils ont acheté l’étage supérieur d’une grande mai- son, située dans un quartier calme et agréable, 4 quelques minutes de la cathédrale San Thome et de l’'immense plage. De la terrasse on a une belle vue sur les alentours, qui sont verdoyants et fleuris, malgré la sécheresse €pouvantable dont souffre le Tamil Nadu (Vétat de Madras). Il n’y a pas eu de grosse pluie depuis bient6t trois ans, me dit-on, et c'est la préoccupation numéro un. Des trains de wagons-ci-. ternes vont de ville en ville, des camions citernes, de villa- ge en village pour livrer l’eau. Dans la maison de la brave tante, des ouvriers ont creusé un deuxiéme puits ow ils vont installer un moteur qui pom- pera l’eau dans le puits princi- pal puis l’acheminera vers un réservoir sur la terrasse. Quant a l’eau de la ville, c’est-a-dire l’eau qui provient des réservoirs municipaux, el- le est rationnée en raison de la sécheresse. Elle n'est distri- buée qu’a une certaine heure, le soir, et dans chaque mai- son, les seaux sont préts a la recueillir. Cette eau, pour la rendre potable, vous devez la faire bouillir. Il est méme recom- mandé de la verser ensuite dans une petite machine — la tante en posséde une — qui la filtre et la purifie. A suture La poésie n’a été pour moi que ce qu’est la priére, le plus beau et le plus intense des actes de la pensée, mais le plus court et celui qui dérobe le moins de temps au travail du jour. La poésie, c’est le chant intérieur. Chateaubriand LP Se ee) a0 ty eS 0 0 02D 0) AD 0D 0 ED 0