critique: et réponse UN CURE FIDELE AU CELIBAT. Le Pére. JeanBousquet, O.P., ass ig né depuis plu- sieurs ‘années au couvent des Dominicains de Sack- ville, N.-B.; et professeur | de littérature canadienne A l’université Mount Allison, vient de publier un ouvrage intitulé ; UN CURE CELI- BATAIRE. (1) Il y peint, tantOt avec gra- vité, tantOt avec humour, un curé de campagne qui se met résolument 4 l’heure de son temps sans se lais- ser engluer par l’esprit mondain et duper par l’es- prit malin. Tout en racon- tant une expérience peu ba- nale au plan de l’apostolat oecuménique, ce curé nous apprend comment il s’est amouraché d’une femme aguichante dont il réussit, avec le secours d’en haut, & se dépétrer. A son avis, les progrés de la nouvelle théologie ne sont pas une invite 4 se soustraire 4 l’au- torité du pape, 4 chambarder le dogme et la morale. Face au beau sexe - ‘‘femmes, anges mortels, création di= vine’’ - ce curé clairvoyant et sympathique prie le Sei- gneur, se mortifie et se mé- fie. Admirateur fervent de Paul VI, il adhére sans ré- ticences auxencycliques Hu- | manae Vitae et Sacerdotalis -Caelibatus. Le curé que nous présente le P. Bousquet ne croit pas le moment venu de crier® que ‘'E*Eglise s’en va chez le diable’’ et encore moins de porter aux nues ceux qui réclament ‘‘le ma- riage du prétre’’ et ‘*le cou- ple sacerdotal’’. Voici comment le P. Bous- quet raconte, avec une fran- chise -n’excluant pas la poésie, une phase du drame. qui se joue dans l’Ame d’un prétre loyal avec sa cons- cience et fidéle 4 sa voca- tion Sous la lumiére oblique du soleil replongeant vers le point de 1’équinoxe, 1’éper- viére orangée, la verge d’or, les floraisons bleutées des asters chamarraient le flanc des coteaux. On entendait le ronron des lieuses mélé aux stridulations du criquet. La transparence de I’air an- nong ait l’automne. Je ne pou- vais mettre les pieds au jar- din sans que l’image de Mary-Jane ne pass&t devant moi. A tout instant je re- voyais son teint d’opale, sa nuque frafche, son profil de madone, ses lévres sourian- ‘tes, l’expression extasiée de son regard quand elle écri- vait sous ma dictée le son- net d’Arvers. Dés que j’as- pirais une bouffée d’air A la fenétre, regardais un coin de prairie, entendais unpin- son, je voyais jaillirl’éclair de ses cheveux blonds. Cette créature de réve était appa" rue dans ma vie comme un printemps, comme une clarté d’aube, et tout de suite s’en était allée. Je pestais contre le contretemps qui avait précipité son départ. L’ame saturée de mélanco- lie, je me disais : si par le charme d’une conversation, par un regard, un sourire, par sa seule présence, cette femme exerce un tel envot- tement, qu’est-ce que ce doit €étre quand elle se donne dans la plénitude du désir et de l’amour ”’. (1) En vente au prix de $2.00 chez lV’auteur, Pére Jean Bousquet, Département de Frangais, Université de Mount Allison, Sackville, N.- B. Jean Delacroix. : *fAodt tirait asa fin. || i\LECTEURS AVERTIS, |QU’EN PENSEZ-VOUS i Une critique franche, hon-. ‘néte, par la voie des jour- naux chargés d’éclairer l’o- pinion appelle une réponse jhonnéte par la méme voie. ‘Voici ma réponse 4 Jean ‘Delacroix dont on vient de im’adresser un article paru ‘dans le Bien Public de Trois- iRiviéres du 27 novembre, Aprés avoir fait 1’éloge d’un ‘récent ouvrage intitulé ‘‘Un curé célibataire’’, Jean De- lacroix écrit ‘*L* auteur donne un beau role 4 Miss ‘Mary-Jane, protestante venue de Toronto ; mais, dans la derniére partie de l’ouvrage, nous voyons le bon curé qui tombe amou- | reux de cette belle créature ; rien d’inconvenant ni de scandaleux, 4 la fin le pré- tre repousse la tentation et reste fidéle au célibat sa- cerdotal. On peut regretter que l’auteur ait consacré tant de pages 4 cette idylle peu édifiante. Elle portera des lecteurs A favoriser le mariage des prétres... Page 158, 159, le Pasteur pro- testant raconte qu’a son fo- yer on pratique le bain en commun, aprés récitation d’ un Psaume (!) : pére, mére, fils et filles (adolescents), nus comme au paradis ter- restre. Cette réaction con- tre le puritanisme pourrait justifier nos hippies de pra- tiquer le nudisme et ouvrir la porte au flot d’impureté qui risque de nous engloutir. L’auteur devrait biffer cette page incongrue.’’ Quoi qu’il en soit, le tact, la prudence, une conscience formée et éclairée sont la mesure de nos actes. Per- sonne n’est tenu d’imiter ‘en tout point pratiques et conduite du pasteur pres- bytérien. J’aimerais con- naftre l’opinion d’un plus grand nombre, savoir ce que la minorité ou la majorité de nos catholiques d’aujour- d’hui pensent de cette fa- meuse page que Jean Dela- croix estime ‘‘incongrue’’ et me suggére de ‘‘biffer’’. Lecteurs, si le coeur vous en dit, envoyez-moi un mot. (Adresser : Pére Jean Bous- quet, Couvent des Domini- cains, Sackville, N.-B.). Dites-moi si le passage en question (page 159) crée chez vous l’impression ou lasug- gestion d’un exhibitionnisme ‘*4 la hippie’’, ou s’il vous donne l’idée ‘‘d’une porte ouverte au flot d’érotisme et d’impureté qui risque de nous engloutir’’. Si vous avez la gentillesse de m’écrire, vous pourriez peut-étre m/’indiquer aussi ce que vous pensez des transports amoureux de mon curé célibataire et de sa ten- tation d’aller relancer Mary-Jane au rendez-vous qu’elle lui donne a sa villa torontoise. Estimez-vous que les confidences et les aveux de ce curé fidéle au ‘célibat ‘‘porteront des lec- teurs 4 favoriser le mariage des prétres’’ comme le pen- se et le dit Jean Delacroix que je désapprouve absolu- ment ici, mais que je salue amicalement. Je lui sais gré de sa franchise, de sa cour- toisie. Pére Jean Bousquet, Isabelle Par Jacques Baillaut ~ Au fond du jardin d’Isabelle, ‘ce croissant brillant qui ‘semble suspendu par un fil invisible, c’est la lune ! Epinglées au levant sur un fond de ciel bleu, les étoi- les font des clins d’oeil com- plices 4 laterre quise glisse hors de la nuit. Au nord, tout est noir, hormis les “guirlandes de lumiére des deux ponts et celles des maisons blotties au pied de la montagne. Prés des som- mets rien ne bouge, Isabelle ‘repose, la ‘*Grouse’’ n’a al- lumé que trois petits points flancs minuscules et le mont Seymour a piqué sur 1’an- tenne posée sur son dos, trois gros oeillets de: lu-. miére rouge. Comme sous la baguette d’un magicien, les réver- -béres soudain se sont éteints. ' La ville, A son réveil, vient de ranger son collier de lu- miére dans un écrin couleur de nuit. Isabelle, cependant, a con- servé le sien autour du cou, gros collier de brillants qui scintillent sur le blanc de son corsage. La téte cachée dans un nuage, elle ne sait peut-@€tre pas que le jour est arrivé, qu’une odeur de café envahit les maisons, et qu’un bdcheron matinal a déja allumé un grand feu de bois dont la fumée bleue s’eléve doucement en spi- rales dans le ciel, bien 4 l’abri entre deux montagnes jusqu’au moment od, sans crier gare, le vent méchant s’en empare pour 1l’empor- ter vers Port Moody. ISABELLE peut-@tre entendue a- Wémission **Du vent dans les |Voiles” présentée par Serge Ar- — Jsenault du lundi au vendredi 4) ‘th. sur les ondes de CBUF FM i97.7 Vancouver. ISABE LLE c‘est pour vous. — (Tous Uroits de-reproduction et d‘adaptation’ réservés). ” aEEaoS aa La Caisse LN Populaire de i eRe 1013 Brunette Coq. “Tél. 526 - 3774 | Maillardville Epargnes et préts assurés. Patronisez vos institutions. Pour un meilleur service. Faites-nous confiance. - (aor ea. oe : | LE SOLEIL DE VANCOUVER, 5 MARS 1971, IX.