ae 12, Le Soleil de Colombie, ler, Novembre 1974 Chronique du Canada Francais VERS DE NOUVEAUX HORIZONS Cette vie communautaire francaise est & peu prés disparue. Les villes ont grossi comme partout ailleurs. Le groupe fran- gais, sauf en certains cen- tres, y est noyé dans une masse cosmopolite. Le francais n’est plus une lan- gue d’usage, méme = au foyer. Ecoles et églises ne sont plus paroissiales ni ‘“nationales’’. Par contre - et c’est le second aspect positif-cons tructif du Congrés- de nouvelles formes de vie frangaise surgissent dans ce brassage de la vie amé- ricaine. L’aspect culturel du frangaig son role réel dans les activités d’une na- tion qui se veut de plus en plus ouverte au mondes’?im posent 4 l’attention, non- seulement des Franco-A- méricains mais de tous les Americains. Le Congrés franco-amé- ricain de Manchester mar- que une nette coupure a- vec les réunions précéden- tes Ace point de vue. Cel- ‘les-ci avaient été surtout des assemblées de famille, ot on causait entre amis du temps passé et du present. A Manchester, l’ambassa- deur du Canada 4 Washing- ton était present, de méme que le représentant du Haut Comité de la Langue. francaise de Paris, le car- dinal archevéque de Bos- ton, le président de Codo- fil de la Louisiane et ce- lui de Codofine en Nou- velle-Angleterre, les con- suls du Canada et des E- tats-Unis, des équipes de techniciens venus d’Ottawa et du Québec. Le chef dela délégation québécoise était nul autre que les Ministre des Affaires culturelles. Les Etats Américains de la représentés par les Com- missions culturelles fran- ¢aises et l’enseignement public par de nombreux professeurs. Le Comité de la Vie Fran co-Américaine vient de ré- unir pour la onziéme fois en congrés des représen- tants des Franco-Améri- cains des six Etats de la Nouvelle-Angleterre a Manchester, New Hampshi- re. Les assises ont eté un franc succés. Plus de trois cents inscriptions. Cing cents convives au banquet de cléture. Douze ateliers bourdonnant d’activité pen- dant deux jours. Au terme de ces rencontres une syn- thése des réflexions échan- gées qui peut devenir un substantiel programme de travail pour les années 4 venir. Cette . synthése présente deux aspects. Le premier est plutdt de caractére his- torique et statique. Il rap- pelle ce que fut, jusqu’a tout récemment la vie francaise en Nouvelle-Angleterre. Ce fut une vie communau- taire autour de 1l’église, des clubs sociaux, dans de petits ou moyens centres of les ndtres constituaient la majorite de la popula- tion, ou, du moins, un groupe imposant. La lan- gue francaise se parlait au foyer évidemment, aussia l’église, a l’école; dans les rencontres sociales, méme au travail. Les gens, venus du Québec engran- de partie, en étaient enco- re trés prés par le souve- nir, par les relations, par les habitants. Les congressistes ont en- visagé une insertion de la vie francaise aux FEtats- Unis dans la vie américai- ne elle-méme et dans la grande communaute fran- gaise de l’univers. En cet- te insertion réside proba- blement la possibilité de survie de la langueet dela culture frangaise aux E- tats-+Unis. éja, le deu- xiéme centenaire de 1|’In- dépendance en 1976 cons- titue une merveilleuse Occasion pour 1’élément francais aux Etats-Unis de revendiquer la place quiest ~ sienne dans I’histoire a- méricaine, place considé- rable si on considére qu’ une bonne partie du pays a été explorée et civilisée par la France et la Nou- velle-France, et que l’in- tervention de la France a peut-étre constitué le tournant décisif pour la Révolution américaine. Le Conseil de la Vie Frangaise. - Lentille 135mm x 135mm + 2xTC=270mm 135mm +3xTC=405mm Cg Le 35 mm. est un télé- objectif courant et pour ob- tenir de plus grandes ima- ges quand vous faites des diapositives et pour ne pas dépenser beaucoup d’ar- gent, employez les télé- convertisseurs qui vous donneront de bons résultats ~surtout si vous étes un ~ amateur. Les derniers-nés sont automatiques et ne elo coin de loffice de la langue francaise Ous men. direz tant: par Louis-Paul Béguin Le langage a l’ére du soupgon 1) La raison détrénée La philosophie moderne s’intéresse beaucoup. 4 la linguistique (le structu- ralisme,. par exemple). Et aussi 4 la *‘praxis‘‘, c’est- a=dire A l’action. Or, le langage.déclenche l’action. On parle en vue d’agir. Dire simplement que le temps est beau, simple constata- tion, , est une fagon de sus- citer ‘‘l’action de réfle- xion’’ chez l’interlocuteur. Oui, la parole est toujours une incitation a l’action. Il y asans doute, je le con- céde, une corrélation d’in- fluence dans les deux sens entre le langage et l’action. Le Déclin du Cartésianis- me - ; De nos jours, on assiste a une véritable dénoncia- tion de la raison. Le lin- guiste s’inquiéte de cette attaque contre la toute . puissante logique qui, de- puis Descartes, a regné,. maftresse du langage, gé- nératrice des sciences, donc ‘deux ex machina’’ de l’action. Monde qu’on vient de sor- tir un livre traduit de l’an- glais, le Déclin de la Rai- son, dont l’auteur est Max Horkheimer, et quiretrace la déchéance de la raison. Les penseurs modernes se préoccupent peu en ce mo- ment de l’avenir de la pensée rationnelle. Cela est vrai dans les arts, dans la musique et dans la lit- térature. Dans la philoso- phie également: Heidegger est allé jusqu’a dire que la raison était l’adversai- re de la pensée. Maisc’est Kant qui, le premier, a parlé du ‘‘doute qui naft dans les esprits’’. Cela, bien sQr, a influencé la lit- térature et le langage qui, en tant que moyen d’ex- pression de la pensée, fut longtemps le véhicule fi- déle de la logique, et s’est Je lis dans _ le. enrichi depuis le XVIIIé. siécle surtout, de mil- liers de vocables' scien- tifiques. La_ linguistique, cette science du langage qui s’explique, paradoxale- ment, a l’aide du langage, a hérité de termes techni- ques puisés dans les scien- ces. Tout s’est passé com- me sila raison, génitrice des sciences, allait régner supréme. Lors de la révo- lution francaise, on a vu les hommes célébrer le culte de Ja raison dans la cathédrale de Paris. Mais, depuis, entouré de scien- ces et de machines, . l’ homme remet en question le pouvoir. de sa pensée rationnelle. U se dit que peut-étre l’homme n’est pas SEULEMENT un ¢tre de raison. Il se pose la question suivante: la vie nvest-elle explicable que par des moyens d’expres- sion scientifiques. Mal- gré les doutes de plus en plus nombreux, la scien- ce continue quand méme a progresser. Le _ langage se fragmente en vocabu- laire spécialisés, se gon-" fle de plusieurs milliers de nouveaux termes sou- vent inaccessibles.. En ou- tre, on voit poindre de nouvelles théories scien- tifiques s’écartant du do- maine de la connaissane euclidienne: univers a plusieurs dimensions de Riemann et Lobatchevski, le principe de complemen- tarité de Bohr qui stipule que J’électron est a la fois une onde et une par- ticule, les trous noirs de l’univers, l’anti-matiére. Toutes ces théories_ se congoivent difficilement. Cela ajoute au doute de l’homme moderne quant a ses possibilites de con- naftre la vérité de la vie . grace a sa seule raison. Le Cloisonnement du Lan- gage - Les dimensions de l’uni- vers ont rapetissé l’hom- me en se décuplant. Sa langue, syst@¢me de com- munication jusque 1a sQr et solide, n’évolue_ plus assez vite pour cerner des réalités désormais hors des limites de la raison. Pour Jean Paulhan, le lan- gage est l’image du mysté- re de la vie. Maurice Blan- chot a l’audace de s’ex- clamer: Je pense, donc je ne suis pas. Pauvre Des- Cartes; .- Drautre spant,— 1” intellectuel ne peut plus connafitre toutes les caté- gories de la connaissan- ce. Sa vie ne lui suffirait pas pour apprendre toutes les. disciplines actuelles. Il doit choisir et il doit se spécialiser. L’homme de la Renaissance n’exis- te plus. Nathalie Sarrau- te déclare que l’ére du soupgon s’installe dans la societe moderne. Le lan- gage se cloisonne en vo- cabulaire terminologies de plus en plus hermétiques. Seuls, les technocrates initiés en possédent la grille de déchiffrage. Soupcon- neux, le spécialiste n’ac- corde pas. facilement sa confiance aux techniciens des autres spécialites que la sienne. Il ne se fie qu’a sa propre discipline. En outre, les média électro- niques deviennent tout puissants. On ne se fie en général qu’a_ 1/’informa- tion venue de la machine. On n’écoute plus son voi- sin, ou on ne le croit qu’a moitié. Aprés tout, ce n’est qu’un étre humain capable d’erreur. Seule, la machine est ‘‘crédi- ble’’. (a suivre) | A PHOTO par Lucien BELLIN MULTIPLIEZ LA LONGUEUR FOCALE DE VOTRE LENTILLE NORMALE QU TELEOBJECTIF ...ECONOMIQUEMENT vous donnent aucun souci de recalculer l’ouverture du diaphragme. Ils sont couplés avec votre appareil et, du point de vue esthétique, ils s’harmoni- sent bien. Voila, par l’exemple il- lustré de la ‘‘ Jeune fille & bicyclette’’ le résultat que vous pouvez obtenir vous- ~ méme, en partant de la méme position. Liidée méme dese servir de ces téléconvertisseurs, c’est qu’il n’est pas tou- jours possible de se rap- procher du sujet, parex-, emple au Zoo; c’est parfois difficile ou trés risqué. Alors bonne chasse... . Multipliez la longueur fo- . cale de votre objectif nor- mal et téléobjectif avec les convertisseurs que nous avons sur le marché, pour, comme cela a déja été dit, essayer différen- tes longueurs’ d’optique. Quelques personnes par- mi les lecteurs ont trouvé un peu excessif les prix de ces derniers. En conséquence, si votre ~ budget est limite, le con- vertisseur est une bonne idée; ils sont vendus en deux dimensions 2x et 3x; le 3x demande des films: a ASA plus élevés, 4 cau- se de la luminosité dimi- nuée; ces photos ont été prises de la méme position avec ces convertisseurs. -. LIBRAIRIE FRANCAISE 1141 RUE DAVIE VANCOUVER 5, B.C spécialisé , en.