L’ONCLE QUI NE CROYAIT PAS Quoique la chose puisse vous paraitre bien étonnan- te, il y a des personnes qui ne croient pas a mon exis- tence. Lorsqu’on leur par- le du Pére Noél, elle haus- sent les épaules avec dé- dain en disant: Bah! II n’existe pas! L’oncle de la petite Chris- tine était dans ce cas (Il faut dire qu’il était un peu bé-béte.) Quand sa _niéce lui énumérait les jouets qu’elle allait me deman- der, il hochait la téte. Ma petite, voila bien des - réveries! Le Pére Noél ne pourra pas te porter tous ces jouets, puisqu’il n’est qu’un personnage imaginaire. Mais Christine _insistait: Si, mon oncle! Je suis sire que le Pére Noél va venir. Et d’ailleurs, regar- de!... J'ai commencé une lettre pour lui, maintenant que je sais écrire. Je vais te la lire. Cher Pére Noel, Jai été bien sage toute lannée. Vous seriez gentil de m/’apporter une poupée avec des yeux qui se fer- ment, et une petite machi- ne a laver, pour nettoyer ‘ses robes et toutes ses peti- tes affaires. Un gros baiser. Christine. Les semaines s’écoulé- rent et Noél approcha. Christine était de plus en plus heureuse et impa tiente. Il ne se passait pas de jour sans quelle tirat son oncle par le bas de sa veste pour lui expliquer comment elle imaginait le Pére Noél. Elle décrivait ma grande barbe, mon manteau rou- Mais la petite était trés maligne. Elle avait pris une ferme résolution: Et tu sais, tonton, je n’i- rai pas me coucher. Je resterai _assise grand fauteuil du salon jusqu’a ce qu il vienne! L’oncle était bien en- nuyée. Comment éviter le gros chagrin qu’éprou- verait ja petite fille en at- tendant vainement le bon- homme Noél? Il chercha pendant longtemps, puis finit par trouver une solu- tion. Oui, Christine allait quand méme voir le Pére Noél. II suffirait de... Et Voncle se rendit dans un magasin proche d’un théatre od l’on vendait des postiches et accessoires pour acteurs. I] acheta une fausse barbe blanche, un grand manteau rouge et une paire de bottes noires. Il cacha le tout dans le grenier et attendit le 24 décem- bre. Ce soira, la petite Chris- tine mit la lettre dans ses souliers, qu’elle déposa de- vant la cheminée. Puis elle s’assit dans le grand fau- teuil et ne bougea plus, dé- cidée a rester la jusqu’a mon arrivée. En général, les enfants ne me voient pas. Au mo- ment ot je passe, ils dor- ment dans leur lit. Mais comme Christine veillait, elle m/’apercut. Elle pous- sa un cri de joie et me sauta au cou. Je m/’apprétais a lire sa lettre, quand il se produi- sit un fait imprévu: la por- te s’ouvrit et un deuxié- me Pére Noél apparut! Un autre moi-méme, éga- dans_ le tous les trois, nous deman- dant ce qui allait se passer. Mais nous ne pouvions pas laisser durer une situation aussi génante, et je m/ef- forcait de trouver quelque chose a dire, pour rassurer la petite Christine. Enfin, me tournant vers l’enfant et désignant le faux Pére Noél: Ma chére petite Chris- tine, disje, je ne savais pas que jiavais un cou- sin, un cousin tout pareil a moi, et qui m’aide a dis- tribuer les jouets. Oui, c’est une extraordinaire dé- couverte, dis-je en roulant des yeux terrible du cété de Voncle... Voyons mainte- nant les jouets que tu m’as demandés... Je sortis rapidement de ma hotte la poupée et la ma- chine a laver miniature, que je remis a Christine a con- dition quelle irait - se coucher immédiatement, ce qu'elle fit, aprés m/’avoir embrassé de bon coeur. Je restai seul avec l’oncle. _Eh bien, lui dis-je sévé- rement, vous pouvez étre fier de vous. Non seule- ment vous ne croyez pas a mon existence, mais encore yous compromettez mon prestige! De quoi avais-je Yair devant cette petite? Croyez-vous que cela fas- se sérieux, deux Péres Noél? Confus, l’oncle balbutiait des paroles d’excuses. 1 avait lair trés mal a lai- se, d.autant’ plus que ses bottes trop petites le fai- saient beaucoup souffrir. Mais j’étais extrémement mécontent. J’enlevai ma hotte et la lui tendis en or- donnant: ge et mes bottes. Je suis sirequ’il est com- me a! affirmait-elle, et cest bien simple... Je res- terai toute la nuit prés de cheminée, pour le voir quand il descendra. Loncle était de plus en plus inquiet. Sa niéce se fai- sait une joie de voir le Pére Noél, et elle aurait une immense déception, puis- que, selon lui, le Pére Noél n’existait . “Jenverrai Christine se coucher de bon- ne heure, pensat4l, et je lui dirai que le Pére Noél est venu pendant son som- meil.” t lement vétu de rouge, dont le menton s’omait de la méme barbe blanche! C.était J’oncle, dégui- sé. La petite Christine eut un “OH!” de stupéfsction. Son regard allait d’un pa- pa Noél a l’autre; elle cher- chait par quel prodige je m’était dédoublé. Mais { plus surpris de tous était Voncle. Une expression de grande surprise figeait son visage. 1 me regardait avec des yeux ronds, comprenant brusquement que le Pére Noél existait réellement. Il y eut un long moment de silence. Nous étions 1a, Puisque vous aimez tant jouer au Pére Noél, vous al- lez continuer ‘la tournée a ma place. Vous avez le cos- tume et la barbe qu'il faut... Cela vous ira trés bien. Et, ce la sorte, je pourrai me reposer un peu. Il baissa la téte, accrocha la hotte sur son dos‘et sor- tit par la cheminée, tandis que je m/installai confor- tablement dans le vaste fau- teuil que la petite Christine avait occupé durant la veillée. Cette annéea, il y eut beaucoup ‘erreurs aie la distribution des jouets. C‘était a Bethléem a la pointe du jour. L’étoile ve- nait de disparaitre , le der- nier pélerin avait quitté |’é- table, la Vierge avait bordé la paille, enfant allait dormir enfin. Mais dort-on la nuit de Noel?... Doucement la porte s’ou- vrit, poussée, eit-on dit, par un souffle plus que par une main, et une femme parut sur le seuil, couverte de haillons, si vieille et si ridée que, dans son visage couleur de terre, sa bouche semblait n‘étre qu‘une ride de plus. En la voyant, Marie prit peur, comme si ¢’avait été quelque mauvaise fée qui entrait. Heureusement Jésus dormait! L’ane et le boeuf machaient paisiblement leur paille et regardaient s‘avan- cer |'étrangére sans marquer plus d‘étonnement que s’ils la connaissaient depuis tou- jours. La Vierge, elle, ne la quittait pas des yeux. Cha- cun des pas qu’elle faisait lui semblait long comme des siécles. La vieille continuait d’a- vancer, et voici mainte- nant qu'elle était au bord de la créche. Grace a Dieu, Jésus dormait toujours. Mais dort-on la nuit de Noel?... ; Soudain, il ouvrit les pau- piéres, et sa. mere fut bien étonnée de voir que les yeux de la femme et ceux de son enfant étaient exac- tement pareils et brillaient de la méme espérance- La vieille alors se pencha sur la paille, tandis que sa main allait chercher dans le fouillis de ses haillons quelque chose qu’elle sem- bla mettre des siécles en- core a trouver. Marie la re- gardait toujours avec la mé- me inquiétude. la regardaient. aussi,mais toujours sans surprise, com- me si elles savaient par avance ce qui allait arriver. Enfin, au bout de trés longtemps, la vieille finit par tirer de ses hardes un objet caché dans sa main, et elle le remit a |’enfant. Aprés tous les trésors des Mages et les offrandes des bergers, quel était ce pré- sent? D’ou elle était, Ma- rie ne pouvait pas le voir. Elle voyait seulement le dos courbé par l’age, et qui se courbait plus encore en se penchant sur le berceau. Mais |‘ane et le boeuf, eux, le voyaient et ne s’éton- naient toujours pas. Cela encore dura bien longtemps. Puis ta vieille femme se releva, comme -allégée du poids trés lourd qui la tirait vers la terre. Ses épaules n‘étaient plus voiitées, sa téte touchait presque le chaume, son visa- ge avait retrouvé miraculeu- sement sa jeunesse. Et quand elle s’écarta du ber- ceau pour regagner la porte Les bétes Tor aw dwn n> 40°F OS TS § Le Soleil de Colombie, Vasdrom 23 Décembre 1977 21 La derniére visifeuse et disparaitre dans la nuit d‘oi elle était venue, Ma- rie put voir enfin ce qu’était son mystérieux présent. Eve (car c’était elle) ve- nait de remettre a l'enfant une petite pomme, la pom- Le comité exécutif es: le personnel du Centre VANCOUVER Tél.: 874-0827 fa a VANCOUVER, C.B. ae Tél.-873-1011 -Colombien offrent leurs meilleurs voeux a tous les membres. Mercia tous ceux qui ont collaboré au développement du Centre. 795 16éme avenue me du premier bébé (et de tant d’autres qui suivi- rent!). Et la petite pomme rouge brillait aux mains du nouveau-né comme le globe du monde nouveau qui venait de naitre avec lui. Culturel JOYEUX NOEL 791 ouest l6éme avenue Etes-vous a larecherche de suggestions de Noél? Librairie «Le Soleil» 3213 rue Cambie, Vancouver, C.-B. pour vos cadeaux ae ‘ Avez-vous pense 4 offrir des livres en francais? La librairie «Le Soleil» vient de recevoir 500 livres pour enfants et adultes. Venez faire votre choix parmi la variété de volumes que nous vous offrons a des prix trés réduits. a a eT