ste tt et a 12 - Le Soleil de Colombie, vendredi 7 septembre 1990 tt 7 — Wt tt tt LE PUITS DU BONHEUR CONTE POETIQUE LOUISE BRISSETTE Escortés degendarmes Miria- me, Yannick et Jérémie sont donc conduits dans une clairiére. Dés lors, trois 6tres se débattront. Trois gamins tente- ront de reconquérir leur liberté. L'agitation se souléve dans le peuple qui faillit perdre une partie du bien quil reconnait naturellement comme sien. Ainsi Thérése, l’une dans la foule, affirme en montrant Miriame: - Elle a découpé le soleil! Des propos peu flatteurs naissent ici et /a. Plusieurs personnes pointent méme le doigt vers les compéres. - Ils ont osé! - Quel toupet! On les qualifie maintenant de ‘voyous, d 6tres irresponsables. Puis: - Il faut les juger! - Oui, séverement! Entendre tout cela bouleverse Yannick. Il ne sait pas, lui, garder son sang-froid! L’emo- tion fait battre son coeur. Elle tend tous ses muscles et tend sa pensée. Ce petit 6tre subirait un procés? C'est ce que la foule souhaite, tout comme elle semble souhaiter se prononcer sur son avenir. Cela est inadmissible! - Je crois quiils sont coupa- bles, pense a haute voix quelqu’un. - Evidemment ils le sont, ajoutent |’autre et, et |’autre. - Coupable de quoi? question- ne Jérémie. Je suis coupable de quoi? La sévérité des _ citoyens stale au grand jour. Mimi comprend vite quelle devra justifier son geste a la face du monde sinon, pour elle, tout est a perdre. Pourquoi n’y a-t-elle pas réfléchi avant? Hélas! le regret arrive trés tard.-La vie des enfants glisse dans un labyrin- the. Tranquillement un mouve- ment les y. pousse, tranquille- ment, oui, mais habilement. En cherchant un sourire, Yann, troublé, dessine sur son visage les traits dun bambin qui s €veille. I est beau ce petit gars de /a planéte! - Nos ennuis commencent, de conclure Jérémie. Les chenilles empruntent les ailes dun papillon pour s envoler alors que le matin se crée. La nuit exceptionnelle ou un fragment de soleil brilla avec lalune, déja, s'est écoulée. Les: deux parties d'astre se sont effectivement réunies et, dans un tout, elles éclairent /a terre. Que les trois enfants le veuillent ou non, le proces débutera aujourd ‘hui. Or Chris- tiane en sera la présidente. Elle PREMIERE PARTIE donnerale droit de parole a ceux qui demanderont a s’exprimer. Les accusés sont assis au centre de la clairiére et la foule les entoure bien que d’assez loin. Devinant que la chance des gamins vacille sur une corde raide, Christiane doute person- nellement de | issue du proces. Les citoyens montrent trop dopposition. Juste un léger tremblement suffirait a renver- ver une liberté! L’enseignante avance vers Jérémie. Ce dernier, en se levant, devient la cible de milliers de regards. Si on l'enveloppait de tendresse, il ferait bon 6tre ainsi le point de mire. Mais il n’en est rien. Si on lobserve, c’est dans I intention de le condamner. La présidente commence. - Jérémie, les gens t’accusent davoir voulu§ prendre un morceau de soleil. Qu’as-tu a répondre pour te défendre? - Moi, prendre un morceau de soleil! de s'’exclamer innocem- — ment le garcon. - On raconte cela. -Les gens disent de ces choses!... Christiane présente un plan a l'inculpéen lui mentionnant que ce plan a été retrouvé sur un sentier. En le comparant avec les notes de ses cahiers de classe, les enquéteurs se sont apercus que les deux écritures étaient identiques. Surce, | impassibilité refroidit la figure de Jérémie. Qui soupconnerait les frissons qui traversent son corps? Jérémie craint en effet la vérité. Il ne sait dans quelle voie s‘engager. Protestera-t-il?... Mais com- ment nier qu'il posséde un nez, une bouche, des boucles chataines et peut-6tre aussi, un coeur pour aime... Le chef, déchu, fait mine de consulter le plan. Puis, avec assurance: - Ce plan ne m’appartient pas. Des murmures s’élévent dans ‘la foule. Les gens_ sont sceptiques: les écritures sont les mémes. Les” papiers ne trompent point. Etienne, un avec les autres, demande la parole. On la lui donne. - Peux-tu pourquoi arrété? nous expliquer les . oiseaux tont Se dressant sur ses jambes, dépliant le bras et le dirigeant vers l’accusé, Etienne conti- nue: - Ecoutez-moi, gens de la terre.-Je vous dis, moi, que le sentier ou fut ramassé le plan est celui ou Jérémie, pris de panique, se sauva. En courant, le plan atout simplement glissé de sa poche. - C'est claircomme de | ‘eau de roche! - || est coupable! s’écrie-t-on de partout. - Condamnons-le! Lepeuple adela difficulté a se contenir. Il s’énerve. Chacun émet son commentaire pendant que Jérémie ravale les mots sur sa langue. Celui-ci se sent coincé, démuni. La présidente raméne tant bien que mal le calme dans /a clairiére. Puis, avec autorité: - Qu’as-tu a ajouter, Jérémie? - Tout celan‘est que menson- ges. Jamais jen’ai eu ‘intention de prendre le soleil. On m’accuse d'une faute que je nai. pas commise. Etienne, fort de sa conviction, poursuit: - Liinstinet est sdr. Il indique aux oiseaux les saisons. Il les guide au loin et les raméne. Si des oiseaux ont instinctivement dressé une barriére autour de toi, c'est que tu es coupable! - Condamnons-le! insiste la foule. Jérémie n'est plus volubile. Contester ne le discréditerait-il pas davantage? La foule réserve a Yann le méme sort. Comme Jérémie, il sera pris par l‘orage et touché de sa foudre! L’accusé, las de se faire interroger, s’‘assied sur I‘herbe sans que lon y _ invite. Fléchissant les jambes, il pose la téte sur ses genoux. II ne parleraplus. Peu importe ce que Vondit. Pour lui, l'interrogatoire est terminé. A présent, Christiane et tous les autres se taisent. Le silence pése sur le garcon qui voudrait qu'une puissance invisible en allege le poids. Le poids arrondit ses épaules_ trop fragiles pour assumer |'épreuve. L’enseignante percoit le drame se jouer en lui. Si cela était en son pouvoir, elle soufflerait sur le passé de Jérémie; elle le ferait éclater en mille miettes que le vent ensuite éparpillerait. Christiane n’effacera cependant point Ihistoire. Or rien ne satisfait la foule. ' - Le suivant! Oui! Qu’on s'occupe des coupables! Miriame maintenant doit étre jugée. - Apportez un banc, ordonne Christiane. Une grosse pierre est rappro- chée. Sur son bord s’enracine une fleur. Elle y pousse péniblement. Mais elle vit... Est-ce cela | ‘important. Miriame se déplace du sol au banc. Elle hausse fiérement le LE CARNET PROFESSIONNEL qu’avantageux. Cette section du journal est réservée ala publication de cartes d'affaires et aux annonces de services commerciaux. Ce service est offert sur une base annuelle a un taux plus Patrick Martin, Agent d’assurance = 321, Game rue , 521-3781 [Bur.] New Westminster, C.-B. 421-3592 [Dom.) —AVOCAT— Kevin J. Gillett B.A., L.L.B., D.E.S.U., L.L.B. En Francais ou en Anglais 201-145 E. 15e rue Téléphone (604) 681-0532 Fax: [604] 684-6907 WSL 3A7 : North Vancouver, C.-B. 988-5244 : 2 ; Douglas E. Dent, BA, ; INDACOM NORTHAM LIMITED] pela ¢ ce Pa 3 ‘ plement Seteceys BONNE®: 601-796 rue Granville BRUSSELS (Belgium) MONTREAL, VANCOUVER (Canada) 7 Vancouver, C.-B., Canada 104-1178 West Pender Street, Vancouver, B.C. V6E 3X4 i & V6Z 1J6 DENT | bureau (604) 683-5577 domicile (604) 228-1957 avocats et nowires Impéts & comptabilité e Canadiens & Américains RAY SAINTONGE consultant 5551 Steveston Highway, Richmond, CB: 271-3999 ‘Le Suite 3, 6018 Wilson Avenue, Burnaby, B.C. V5H 2R6 Tél.: [604] 430-9997 - Fax: (604) 433-5170 a"Mimosas Traduction: personne d’expérience, monde des affaires, gouvernement. Cours de francais tous niveaux. CENTRE DU LIVRE FRANCAIS Librairie Commandes spéciales TELEPHONE (604) 732-1328 2-1037 West Broadway Vancouver, B.C. 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(604) 325-7396 Troupe de spectacles ; ESTHETIQUE PAR SS 4¢ Wuigustts \Q, © Eaciaux européens e Cire épilatoire le Epitation deg sourcils © Teinture des cils e Manicure ¢ Pédicure TELEPHONE 732-3701 956 King Edouard Ouest Vancouver, C.B. V5Z 2E2 L’étre humain et Je produit en harmonie avec la nature IRENE & J. CLAUDE DOUCET 1835 WESTERN DRIVE PORT COQUITLAM, B.C. V3C 2X4 941-6367. tronc tel un é6pi de blé s’étirant verst/es nuages. N’a-t-elle pas touché la premiére au soleil! Julie, autre habitante du globe, précise du haut de son intelligence qu'hier, comme elle se -reposait, elle entendit un bruit. En regardant partout, elle leva les yeux et vit une silhouette dans le ciel. Cette silhouette était nulle autre que la seconde accusée avec un morceau du soleil dans les bras. Madeleine approuve en renfor- cant le témoignage précédent. -Moi aussi, je l'ai vue! Miriame est descendue de l’échelle bredouille. Je |’ai vue, oui, de mes yeux vue! De quelle maniére Mimi affrontera-t-elle cette déposi- tion? Son corps méme !a trahit. Déformant les faits par son émotivité, redevenant gamine, elle dit: - J’ai juste caressé un mor- ceau de soleil avant de le retourner dans sa maison. Avant de le retourner dans sa maison! Impossible! Personne nelacroit. Tous savent bien que la neige blanchit l’espace. Puis que le printemps revient. II fond les flocons et endort les frissons. C'est plutét sur le besoin de ravir l’astre glorieux qu'on se questionne. UNICEF British Columbia 439 W. Hastings St. Vancouver, B.C. V6B 1L4 1-604-687-9096