AUX EDITIONS VICTOR-LEVY BEAULIEU: . L’>homme le plus fort M. BEN WEIDER AVANT-PROPOS Mon désir d’écrire un livre sur la vie de Louis Cyr remonte 4 ma toute premiére enfance. Par un curieux concours de circonstan- ces, depuis toujours, Louis Cyr a été pour moi un personnage extrémement important. J’ai passé les premiéres an- nées de ma vie dans la petite ville de Saint-Lin, plus exacte- ment prés de Saint-Lin, entre cette bourgade et Sainte-Sophie. Aussi loin que je m’en souvien- ne, mon imagination. comme celle de tous les gamins de la région, a été hantée par la renommée .du colosse canadien- francais. Aujourd’hui, la mécanisation, les nouvelles routes, la radio, la télévision ont profondément mo- difié la vie de cette région. Ily a une vingtaine d’années l’existen- ce y était trés différente. Nous étions des petits campagnards, toujours par monts et par vaux, menant une vie agitée et turbu- lente. A un Age oti les garcons jouent aux gendarmes et aux voleurs -- aujourd’hui c’est plu- tét aux cow hoys et. aux indiens — nous, gamins de Saint-Lin et de Sainte-Sophie, jouions a Louis Cyr. : = Que de magnifiques histoires avons-nous entendues sur les prodigieux exploits du Colosse Canadien, qui «tonna le monde par sa force! Comme tous les gamins de mon Age, je vouais un véritable culte a la force. Etre le plus fort, “le Louis Cyr” de la classe ou du village était le réve de chacun. Le hasard voulut. que le pré- nom de mon pére fut. également Louis. Le pére, symbole de la _force, se confondait pour moi avec cet autre Louis. capable des | prouesses les plus fantastiques. Ainsi, pendant des années, nous avons joué a Louis Cyr. Nous remuions les pierres les plus lourdes possibles. nous nous essoufflions 4 soulever des trones d’arbres, mais nous nous efforcions aussi d’&tre bons com- me Louis Cyr, généreux comme Louis Cyr; car on nous en parlait toujours comme _personnifiant toutes ces vertus. Cet enthousiasme pour le grand homme fort devait jouer un role décisif dans ma vie et m’aiguiller vers la carriére spor- tive: Devenir fort, puis aider les. autres 4 le devenir. Le travail ne m’a.jamais manqué. Mais tou- jours j'ai gardé cette admira- tion, un peu naive peut-étre, _ pour l'enfant de Saint-Cyprien. Le désir d’écrire un livre sur Louis Cyr m’est, venu petit a = Aksar ge: Dans une lettre adressée & M. Gérard Laplante, M. Ben Weider, président de la Fédération Internationale des cultu- ristes et auteur du livre “L’homme le plus fort du monde” lui donne la permission de publier son volume dans une série d’articles dans le Soleil de Colombie. De plus, M. Weider indique que c’est avec grand plaisir qu'il recevra une copie du Soleil, chaque semaine. Le volume “L’homme le plus fort du monde” est édité par la maison Victor Levis Beaulieu et est disponible sur le marché au prix de $4.95 l’exemplaire. Nous remercions M. Gérard Laplante de nous avoir obtenu ce privi- lége de l’auteur. A compter de cette semaine et celles qui suivront, vous pourrez lire ce livre qui relate l'histoire de Louis Cyr, un québecois qui a été incontestablement l'homme le plus fort du monde que nous ayons connu jusqu’ici. petit. Trés vite, j’ai pris lhabi- tude de lire tous les articles, tous les documents possibles tou- chant la vie et Ja carriére du grand homme. Au début, je ne me sentais pas du tout plus qualifié qu’un autre pour en parler. Mais graduellement ma documentation s’enrichit et je m’apercus qu’au fond. bien que Louis Cyr ait vécu il n’y a pas trés longtemps, i] s’était créé autour de lui une Iégende qui ne lui rendait pas toujours justice. Les articles les mieux intention- nés étaient souvent les plus décevants. D’autres cherchaient carrément a minimiser les ex- ploits de l’Hercule canadien. Par ailleurs, j'ai relevé nombre de contradictions et d’erreurs. En- fin le désir de recueillir la vérité sur Louis Cyr, de rétablir les faits et de lui rendre sa vraie place s’est imposé a moi. Une fois ma décision prise, je me mis a l’ouvrage et je m’aper- cus a quel point Ja tache était délicate.. Trés rapidement, il devint évident que la plupart des documents parus dans la presse, tant québecoise qu’étrangére, n’offrait pas toutes les garanties d’authenticité. Deux fois, je com- mengcai mon livre, et. deux fois, apres en avoir fait prés de la moitié, j'étais obligé. 4 la lecture de nouveaux documents, de tout recommencer. Finalement, instruit par l’ex- périence, j'adoptai le parti de ne tenir compte que des documents irréfutables et des témoignages directs. Jugez de ma surprise lorsque jappris par exemple que Louis Cyr ne s’appelait pas du tout Louis, mais Noé Cyprien. Le prénom de L.ouis avait été choisi par notre colosse lui-méme lors- qu'il était déja connu et qu'il s’exhibait aux Etats-Unis ot les bouches anglo-saxonnes avaient peine a reproduire son prénom, C’est en consultant les registres de la paroisse natale de Cyr que jeus cette révélation. Je dois avouer également qu’au fur et & mesure que javangais dans mon travail mon admiration pour JLouis Cyr gran- dissait. Il fut d’abord pour moj un personnage de Iégende, une sorte de demi-dieu. Plus tard, lorsque les choses de la force et - de lhaltérophilie me devinrent familiéres, j’eus tendance 4 mini- miser les exploits du Samson canadien. Ft puis, en étudiant plus attentivement ses tours de force, je me suis convaincu que Louis Cyr a été un véritable phénoméne. Un exemple entre mille: L’un des hommes les plus forts de notre époque est. de l’avis de tout le monde, notre compatrio- te, le Canadien Doug Hepburn, ancien champion olympique, pas- _sé professionnel. Le prodigieux Paul Anderson lui-méme ne peut se vanter d’étre plus fort que Hepburn en ce qui concerne la force des bras et des épaules. Une fois la barre 4 la hauteur du menton, Doug est capable de soulever des poids fantastiques. Dans les tablettes des perfor- mances de Cyr figure un déve- loppé militaire 4 deux bras de 347 livres. Or Hepburn. Ander- son et d’autres haltérophiles modernes ont dépassé les 400 livres dans le développé 4 deux bras. A premiére vue, Louis Cyr est surclassé. Or, si l’on y regarde de plus prés., il en est autrement. I.ouis Cyr levait les poids a sa maniére. Tl employait sa force, rien que sa force. Les 347 livres ont été amenées a bout de bras au-dessus de la téte en trois mouvements lents, sans a-coups et surtout sans plier les genoux. Louis Cyr se penchait en avant, empoignait la barre et se redressait d’un mouvement lent et continu, ce qui amenait la barre aux cuisses. La, il mar- quait un temps d’arrét et d’un deuxiéme mouvement toujours aussi lent et mesuré il levait la barre doucement aux épaules. Durant la troisiéme phase, tou- jours trés lentement. il poussait la barre jusqu’a bout de bras. Cette fagon de faire. unique au monde, a été haptisée ‘a la Louis Cyr”. Trompé par les apparences, le sympathique Doug Hepburn eut Vidée, il y a quelque temps, de s’attaquer aux 347 livres du gros Louis. Fh bien! savez-vous quel . Le Soleil de Colombie, Vendredi 29 Juillet 1977 11 \ Le roi de la force,.4 son apogée. poids il réussit A sonlever “a la Louis Cyr”? Lui qui faisait facilement plus de 400 livres dans le développé classique, ne put faire mieux que 220 livres a la mode ancienne! Avant de terminer cet avant- propos, je voudrais remercier de tout coeur les petits-fils de Louis Cyr, le Docteur Gérald Aumont et son frére Ignace — dont la fille, Diane. est la seule arriére-petite-fille du Colosse. du monde Tous deux se sont ingéniés par tous les moyens 4 me faciliter le travail. Grice a eux. j'ai eu accés. aux documents familiaux. Grace a eux, j’ai pu remonter a la source et rétablir la vérité. Et si ce livre vous intéresse. s'il vous fait mieux connaftre l’une des figures les plus pittoresques et les plus attachantes de notre pays, c’est heaucoup aux petits- enfants de Louis Cyr que vous le devrez. Une semaine a la francaise! par Marguerite BATUT La semaine derniére a offert aux résidents francais de Vanc- ver un éventail d’événements bien caractéristiques. Il y eut d’abord la venue de l’aviso Balny, envoyé de Tahiti pour participer au Festival de la mer. Aprés la visite du bateau le'samedi, un cocktail était offert le lendemain par le commandant, et les invités, recus par M. le Consul général et Mme, se régalaient de délicats sandwi- ches, d’excellentes p4tisseries, préparées a bord et servis par nos charmants “cols-bleus” qui n’oubliaient pas non plus de distribuer le champagne a profu- sion. L’équipage en entier semblait heureux de retrouver les com- triotes a Vancouver et les conversations sont. allées bon train. L’équipage était invité, le soir, a un grand hal au H.M.S. Discovery, au pare ‘Stanley, et 1 ong: doa; te aotre's nous avons presque tous conduit des officiers et des marins a cette soirée, trop heureux de leur faire plaisir. Je n’ai pas oublié de toucher le pompon rouge traditionnel qui, parait-il, porte chance. Quelques jours aprés, nous retrouvions une partie de l’équi- ge a la cérémonie du 14 juillet, présidée par le Consul général de France, M. Galabru et sa femme, qui était l"hétesse de cette soirée, au jardin Botanique Van Dussen, cadre verdoyant et fleuri. On se retrouvait 14 entre amis, les uns que ]’on rencontre fréquemment, les autres que l'on retrouve avec surprise: des co- versations s’échangeaient de nouveau, le ton montait, avec Yaide du champagne et de tout ce que le buffet offrait de bon et de délicat. Encore une réunion bien francaise. Le 3éme.événement -de la- 35 6b M9. 2a git te aahsrhayts semaine a été le diner du Cercle Francais de Vancouver pour féter également le 14 juillet. Ce vendredi soir, plus de 60 per- sonnes se réunissaient au Ca- nyon Gardens. Un menu spécial avait été choisi et tout le monde semblait dévorer de hon appétit. C'est lorsqu. ‘on est loin de son pays que l'on apprécie davanta- ge tout ce qui vous Je rappelle et il était émovvant d’entendre les autres nationalités présentes (canadiens, anglais. italiens) chanter notre hymne national avec autant de ferveur que nous et avec les paroles exactes. Le ~ champagne fut trés apprécié et comme de coutume de nombre- ses danses mirent de la gaieté au coeur de tous. Une bonne soirée qui termine la saison. Nous recommence- rons en septembre. Merci 4 tous pour la bonne année que nous avons passée ensemble, et bon- nes vacances! -* LYS SS “244 2a SONS NSS Shae