rn S hk © Le Moustique Volume3 - 1” édition Janvier 2000 TENERE Un univers désert, habillé de contrastes, Au soleil si sévére qu'ils l'ont fait dieu des astres, Aux nuits si brillantes qu'un Touareg, un jour, Tout drapé d'indigo et parlant aux giaours, Plein de naiveté, m'a fait croire désormais Que le soleil, la nuit, plus royal que jamais, Dans un habit sombre, aux paillettes d'argent, Conviait en grand nombre ses fidéles, fervents. Enfer silencieux de sable effervescent, Ou la roche s'enlise et le temps qui s'ensable, Ou l'oasis décéle une eau presque buvable, Saum§atre, mais si douce aux sens déliquescents. Un espace infini plein de tous petits riens : Un thé vert présenté avec un rien de menthe, Avec un rien de thym, puis une longue attente Pleine d'attention pour un étre de rien Qui prend tant de place dans ce vide sans fin. Moins que rien, une datte, un pauvre met frugal; Une goutte d'ambre entre des lévres séches. Trois fois rien ! Mais pourtant, l'impossible régal ! Instant démesuré remplissant d'infini Ce vide minéral ov le temps n'est plus rien. Douce femme berbére 4 I'innocent enfant, Semblable a une vierge au vélum étouffant. Hiératique et pourtant tendre et rayonnante, Toute épanouie dans la chaleur ambiante, Les traits fins et lisses tel ce sable fugace, Que souvent I'on foule sans y laisser de trace. On y ressent aussi cet étrange vertige, Plus vaste que le ciel, plus vain que la fin. Ce regard de bédouin, liquide, trouble, Eperdu d'infini, tendu vers un lointain Dont il semble faire distraitement le tour. Katana.