PCUETURES Le Soleil de Colombie-Britannique, vendredi 30 juin 1995 - 12 L’état général de la francophonie hors Québec Il y a des concepts qui s’imposent sans que 1’on sache précisément ce qu’ils recouvrent. La francophonie hors Québec en est un. Tout le monde s’y intéresse, au moins 4 priori, tout le monde sait qu’elle existe, mais personne, hormis les spécialistes, ne connait réellement les réalités nombreuses et complexes qu’elle renferme. Pour nous guider dans nos réflexions, les Presses de ]’Université d’Ottawa publient les Etats généraux de la recherche sur la francophonie a Vextérieur du Québec, un ouvrage de prés de 300 pages qui rassemble les textes présentés lors du colloque du méme nom qui s’est déroulé 4 Ottawa du 24 au 26 mars 1994 et qui a réuni plus de 175 participant(e)s. Vhistoire de ce colloque remonte 4 juin 1993, lorsque le Regroupement des universités de la francophonie hors-Québec (RUFHQ) a confié au Centre de recherche en civilisation canadienne-frangaise de 1’ Univer- sité d’Ottawa la charge de rallier les principaux acteurs de la recherche sur la francophonie a 1’extérieur du Québec, afin de faire le point sur sa situation dans un _ contexte scientifique, social, politique, culturel et économique. «La situation nationale, en suspens depuis le double échec des propositions constitutionnelles du Lac Meech et de Charlottetown, ainsi que l’issue incertaine du Référendum attendu au Québec ravivent l’inquiétude des communautés quant a leur avenir» explique dans son introduction Yolande Grisé, directrice du CRCCF, chargée de réunir les textes contenus dans l’ouvrage. : Les articles proposés, qui vont de «la recherche au commissariataux langues officielles» a «la recherche sur la francophonie au Nouveau-Brunswick» proposent doncune réflexion -trés intellectuelle et fort intéressante- sur la francophonie telle que 1’on ne se l’imagine pas toujours, le postulat retenu étant que «faire avancer la recherche, c’est aussi faire avancer les communautés francophones hors Québec». HAP. Vous pouvez vous procurer les «Etats généraux dela recherche sur la francophonieal’extérieur du Québec» chez Gaétan Morin Editeur, tél : (514) 449-7886. Prix de vente : 28 dollars. Revenu Canada ivi Avis public Penticton (Colombie-Britannique) Entrepét d’attente routier Revenu Canada lance une invitation aux intéressés qui veulent soumettre une demande d’agrément en vue d’exploiter un entre- pot d’attente routier public. Ce dernier relévera du Bureau de Penticton des Services frontaliers des douanes. Le candidat choisi doit fournir un entrep6t qui satisfait aux exi- gences énoncées dans le Réglement sur les entrepéts d’attente des douanes et exploiter l’installation a titre d’entrepét d’ attente public pour l’entreposage de marchandises en douane. Le Ministére envisage d’apporter des changements au processus d’agrément des entrepéts d’attente, ce qui pourrait avoir des répercussions sur l’exploitation de ces installations. Les intéressés doivent étudier les risques d’investissement avant de soumettre une demande. Les exploitants éventuels peuvent obtenir le formulaire E400B, Demande d’agrément pour l’exploitation d’un entrep6t d’at- tente routier des douanes, et le Mémorandum D4-1-4, Réglement sur les entrepdts d’attente des douanes, auprés du Bureau de Penticton des Services frontaliers des douanes (télé- phone : (604) 492-9560). Les demandes doivent étre envoyées dans les 14 jours suivant la date de publication de cet avis, le cachet de la poste en faisant foi. Elles doivent étre envoyées 4 |’adresse suivante : Revenu Canada Services frontaliers des douanes Région du Pacifique 111-277, rue Winnipeg Penticton BC V2A 6N1 Revenue Canada Canad Par la force des choses PAR JOHANNE CORDEAU Lise Bissonnette est bien connue comme figure médiatique au Québec. Joumaliste et analyste politique, ellea pris en 1990 les rénes du quotidien Le Devoir. Elle a d’abord effectué un passage a l’écriture avec un recueil de chroniques intitulé La Passion du présent. Puis ce fut le grand saut dans la fiction avec Marie suivait l’été, ouvrage encensé par la critique. Donc, |’auteure nous convie ala rencontre, pour la deuxiéme fois, avecune Marie, appelée aussi Vitalie par son amoureux emporté par «la peste des hommes de ce sexe». Car Choses crues nous dévoile, tableau par tableau, la vie de Francois Dubeau, critique d’art réputé, son ascension dans le monde de histoire de l’art québécois, puis international et les p-.sonnages qu’il a fréquentés et aimés tout au long de sa courte existence. C’est également le monde de la critique artistique qui nous est tant soit peu dévoilé. Leroman débute aprés lamort de Francois, lors d’une réunion que le disparu a voulu orchestrer, 4 la virgule prés. C’était sans compter que les survivants peuvent faire outrage 4 la mémoire et s’emparer, - aussi bien des souvenirs, que des volontés passées. Mais nous lecteurs, avons la chance delire cette «Lettre a Vitalie», dans laquelle la vie de Frangois Dubeau déroule, te] un fil d’Ariane qui le conduit 4 la découverte de son dernier grand amour; Marie. Sous fond de pivoines et de hamac de banlieue, Francois dédiera 4 Marie sa mémoire. A la lecture des premiéres pages, le langage de Bissonnette me paraissait bien affecté. Certains mots contrastaient et surprenaient inutilement le lecteur, au lieu de se couler dans Ja prose. Par contre, lorsqu’on aborde au quatriéme chapitre cette «Lettre 4 Vitalie», le style est plus 7 direct. _—et dépouillé des artifices du début, donnant une toute autre saveur a V’ouvrage. Sans V’ombre d’un doute Lise Bissonnette connait bien le domaine de]’art contemporain. Ses descrip- tions de tableaux et des mouvements artistiques font preuve d’une ©... grande acuité. Elle ne se fait pas d’illusions, et ses personnages non plus. Les artistes du Québec, et en particulier Frangois, «né de rien», sont préts a tout pour avoir dans leur bagage la ligne européenne. Frangois Dubeau aura la sienne, sous les traits d’un critique d’art italien, qui en échange de certaines faveurs, ouvrira les portes les plus difficiles 4 notre jeune ambitieux. L’auteure se glisse dans l’univers des intellectuels et en retire, goutte 4 goutte, son essence. «Ce qu'il y a de bien, quand on se croit intellectuel, c’est de se regarder vivre» «Le spectacle prend le pas sur la douleur, on se sait pile, tiré, =m esseulé, livré aux verres sales et aux nuits blanches et on tient enfin le décor de la désillusion sans laquelle il n’y aura pas le détachement dont on fait les maitres». Choses crues délaie 1’amour, l’admiration, les trahisons, les impostures. Frangois Du- beau prend souvent les traits d’un arriviste, mais souvent d’un étre sensible qui aime mieux dire les choses crues, plutét que de s’enliser dans les choses fausses. Lise Bissonnette, Choses crues, Boréal, Montréal, 1995, 138 p- Poésie, amour et révolution Parfois poésie, amour et politique révolutionnaire se mé- lent pour produire une histoire que certains diraient excel- lente, et d'autres confuse, comme c'est le cas dans II postino, dernier film du metteur en scéne anglais Michael Radford, histoire d'un trés humble facteur qui apporte le courrier du poéte chilien Pablo Neruda, lorsdesonexilen Italie en 1953 a cause de ses idées communistes. PAR RICHARD BEAMISH é Est-ce que cela mar- py che, ce mélange de CY, poésie et de révolu- — tion? Parmoments, oui, surtout lors de la prremiére moitié du film ot Mario (Massimo Troisi) tom- be amoureux d'une barmaid et cher- che 4 apprendre comment faire la cour auprés du poéte, Pablo Neruda (Philippe Noiret) que Mario croit expert dans ce domaine car le pauvre Mario est incapable des'exprimer.A ce point-la, J] Postino semble une histoire d'amour tout court, c'est-a- dire l'amour de Mario pour Béatrice (Maria Grazia Cucinotta), histoire assez amusante puisque la tante de Béatrice s'oppose 4 toute relation éventuelle et fait son possible pour l'empécher. Cependant, derriére cette his- toire d'amour, c'est la poésie et le langage qui dominent, parce que c'est par la poésie que Mario, un des rares hommes 4 pouvoir lire sur l'jle, apprend a vraiments'exprimer etune ' étrange amitié se développe entre les deuxhommes, amitié qui s'‘appuie sur la poésie. Lhhistoire d'amour finit bien mais c'est presqu'un fait accom- pli, parce quel'amitié entre les deux hom- mes devient plus im- « portante. L'histoire | d'amour passe trop vite et donc tombe un peu plat. Alors, pour- , quoinepasenfinirla , au lieu de prolonger | les choses? Aprés le | départ de Neruda | pour son Chili natal, Il Postino se trans- forme en film politi- {: que ou le communis- te semble le seul re- méde aux problémes de I'Italie, un trés beau pays gouverné par des politiciens corrompus 4 la solde dela pégre italienne. Mario passe son temps a travailler dans un café et 4 militer au sein du parti communiste mais il a toujours l'éme d'un poéte. Tout se passe lentement. Le film se termine de fagon nostalgique lorsque Neruda revient pour rendre visite 4 son ami, le fac- teur italien. Le résultat est quelque peu incohérent mais acceptable. Philippe Noiret, qui joue souvent dans des films italiens, est 4 la hauteur de son Massimi Troisi dans The Postman (Il Postino) de Michael Radford. talent. Il est douteux qu'en utilisant un Italien, on aitpuchoisir un meilleur acteur pour jouer le role de Pablo Neruda, mémesi la voix de Noiret est doublée. Massimi Troisi, mort peu aprés le tournage du film est aussi a la hauteur de son réle, celui d'un marin timide et peu instruit. L’actri- - ce, Maria Cucinotta, n'a pas grand chose a faire dans ce film, donc c'est difficile de faire une critique valable de sa performance. Il Postino (Le facteur), un film de Michael Radford. Enitalien, sous-titré en anglais. Caprice Showcase Cinema a Vancouver. ***