6 - Le Solel, VENDREDI 22 suiLteT 1994 . a pis ef Spectacles Festival de musique folk de Vancouver Un évéenement suspendu dans le temps La musique folk compte encore beaucoup d’émules partout au Canada et nous en avons la preuve a chaque année que ce soit & Winnipeg, Edmonton ou Vancouver. En fait, on a beau comparer ces festivals sous tous leurs aspects, il reste que la foule est A peu prés la méme partout. Armée de petites chaises pliantes et de jumelles, elle s’installe et aplatit l"herbe qui couvre l’avant de la scéne principale et des autres durant trois jours, qu’il pleuve, qu’il gréle ou qu’il neige! Ce fait indiscutable ne fait pas exception a Vancouver, d’autant plus que le soleil était au rendez-vous pour la majeure partie du Festival. Cette année, 27 000 personnes ont assisté au Festival de musique folk de Vancouver. Le coitélevé des billets (40$ par jour) ne semble pas avoir. nuit a la popularité de l’événement qui cumule jusqu’é maintenant un déficit de plus de 200 000$. De fait, les férus de musique folk, jeunes ou vieux, n’ontreculé devant rien pour assister aux différents ateliers de musique, pas méme la pluie du dimanche aprés-midi! Certes, aprés avoir franchi l’entrée principale, on avait LP impression d’effectuer un retour dans le temps. Plusieurs semblaient tout droit sortis de Woodstock avec leurs «Birkenstocks», barbes et cheveux longs, jupes bigarrées et sacoches rapiécées. Bref, on peut dire que le Festival de musique folk est resté suspendu dans le temps: une musique qu’on écoute encore aprés 20 ans et un style vestimentaire qui a subsisté aprés autant d’année. Ou serait-ce un autre de ces retours en arriére a la mode? i Le fait que le folk ne se soit jamais «démodé» n’empéche guére les artistes d’innover etd’ exploiter ce genre musical de différentes fagons. Outre la diversité que l’on retrouve en écoutant la musique " bulgare, haitienne ou amérindienne, on découvre que l’instrumentation peut également varier d’une formation 4 |’ autre. Ainsi, le Robert Minden Ensemble, de Vancouver, avait parfois recours a des instruments insolites comme le coquillage, des flites faites de bouteilles et une scie. Il s’agit-la d’un groupe qui mérite d’étre vu et entendu! On refaisait également connaissance avec des instruments archaiques ou trop peu utilisés comme c’était le cas avec la mandoline, la harpe et certains cuivres utilisés par le groupe autrichien Die Kndédel. Par-dessus tout, le public recherchait l’originalité, et dans cette voie, plusieurs groupes ne lésinaient pas. C’était notamment le cas pour Narasirato Are’Are Panpipe, un groupe d’ une vingtaine de joueurs de flite de Pan des iles Salomon qui a impressionné la foule d’abord par son nombre mais aussi par son exotisme. Leurs spectacles valaient le coup d’oeil mais l’enregistrement est ‘a déconseiller puisque sa qualité est médiocre et que la musique est en somme trés répétitive. La New-Yorkaise Ani DiFranco était également de la partie et gagne de plus en plus de popularité sur la scéne musicale folk. L’ artiste, qui se produisait samedi soir sur la grande scéne, a enregistré pas moins de cing albums jusqu’a présent. C’est dire que personne ne se lasse d’entendre son jeu de guitare et sa belle voix. Parmi toute cette pléiade d’artistes, on en retrouvait quelques-uns d’expression francaise soit D’Gary (Madagascar), Boukan Ginen (Haiti), ainsi que /es Freres Labri (Québec). En fait, aucun de ces derniers n’ est un authentique Labri. Alors pourquoi Labri? «Pourquoi pas?», demande Normand Miron, l’accordéoniste du groupe. C’est Musique ensoleillée Des cuivres en plein air Deuxléme chronique de musique estivale : un récital de culvres en plein air. Trols étolles sur cing pour ce groupe, ensemble Comucople qul, non sans talent, pourra mieux fatre a l'avenir. J'adore les concerts enplein air mais peut-on parler de diver- sion plutét que de récitals sérieux ? Diversion ? Eh bien oui. La Commission des Parcs de Vancouver Nord aeu la bonne idée d'inviter des musiciens, qui sortent del'ordinaire, pour jouer dans trois des parcs du district. Le groupe en question porte le nom Cornucopia. Ce sont des cuivres: l'inspirateur et organisa- teur de l'ensemble, M. Steve Denroche, est lui-mémecorniste et arrangeur. Les oeuvres jouées ce dimanche aprés-midi étaient des classiques, arrangées pour des cui- vres par Steve, ou alors dujazz. Le style était informel. Ces messieurs était habillés de short et bavar- daient allégrement avec leurs fa- milles. Mais hélas ce groupe a bien des progrés a faire. I] faut jouer beaucoup et souvent pour trouver une approche d'ensemble a de tel- les partitions. Surtout transposées. Les oeuvres que l'on nous a propo- sées étaient écrites pour un orches- tre 4 cordes, ou pour le piano (Debussy). M. Denroche les a ar- rangées avec une musicalité aigiie. Ce qu'il faudrait, si les Cornucopia désirent jouer des oeuvres con- nues (un concerto Brandelbourg, un opéra de Rossini) transposer aussi bien le rythme que la tonalité et la coloration. Les transpositions Cornucopia sont presque toujours andante. M. Denrochem'expliquait que la musique de cuivres est sou- vent lente. Mais pendant l'ouver- ture du Barbier de Séville, le rythme était tel que l'auditoire a cru a la fin de l'ceuvre et s'est mise a applaudir. Les musiciens ont eul'airde trouver bien dréle cette méprise. Un peu plus de rigueur musicale et professionnelle aidera les sixmem- bres de l'ensemble a percer. Des inégalités de toutes sortes ont nuit au programme dont le nombre s'est avéré insuffisant. M. Denroche, les fréres Nicholson aux trombones et sur- tout le talentueux Chris Robertson sont de trés bons musiciens. Qui veut les entendre a leur meilleur n'a qu'a bien écouter leur disque. La Pavane de Fauré, superbe de mélancolie, risque de vous sur- prendre. Le concerto de Bach était trés bien rendu par l'ensemble qui s'est surpassé. ensemble ne soit pas mieux connu. On peut aussi leur souhaiter bien plus de préparation, en présence peut-étre d'un mélomane expert... en plus de la rigueur nécessaire aux concerts publics. Mais c'est avec beaucoup de plaisir que, di- manche prochain, j‘irai écouter M. Robertson. Nigel Barbour Vous pouvez vous procu- rer le disque compact de l'en- semble Cornucopia, intitulé Ambrosia, au Magic Flute Re- cords. Dimanche soir prochain, ne manquez pas Chris Robertson avec Gloria Wong, pianiste ainsi que la soprano montréalaise Ann Golden- Fisher a I'Eglise Ryerson a 20h45. C'est gratuit. la deuxiéme fois que le musicien se produit 4 Vancouver. «La premiére fois, dit-il, c’était lors d’ Expo 86.» Mais pour lui et les autres membres du groupe: Jean-Claude Mirandette (violon, guitare), Jean-Paul Loyer (banjo, guitare) et André Marchand (guitare), le Festival de musique folk de Vancouver constituait une premiére. Au Québec, il n’existe rien qui soit vraiment comparable a ce genre d’événement, sans compter que les «reels» des Fréres Labri risquent de passer inapercus aux cétés des Roch Voisine et Céline Dion. Dans la Belle province, le folk est discret, ce qui ne déplait pas 4 Normand Miron pour autant: «Un peu comme le jazz, le folk n’est pas une mode et j’espére que ga ne le deviendra jamais parce qu’une mode ga s’efface, ga disparaib». Chose qui nerisque pas de se produire ici, 4 en juger par la foule qui, Achaque année, semasse au Festival de musique folk de Vancouver. Genevieve Gouin Sculptures natures Roger Brassard sculpte depuis |’ Age de neuf ans. Amoureux de la nature, il aime s’ installer en pleine forét, en banlieue de Dawson Creek, oi il immortalise dans le bois tout ce qu’il voit et qu’il aime. Pour puiser cette inspiration dont il a besoin pour créer, il ne peut rester dans le cadre de la ville, entouré de bruit. «il faut que je sorte de la ville et que je m’isole», dit- il. Dans le calme de la forét, il peut enfin créer, entouré de ce qu’il respecte le plus au monde. «Je sculpte les choses comme jeles ressens», explique-t-il. Aussi, on comprendra pourquoi ses oeuvres respirent le calme et latranquilité. Les sculptures et les peintures de Roger Brassard sont exposées au Centre culturel francophone de Vancouver, au 1551, 7° Avenue ouest jusqu’a la fin du mois de juillet.