Le vendredi 28 novembre 1997 5 ECONOMIE ET DROITS DE LA PERSONNE Les représentants de i ’Organisa tion de la coopération Sconomique Asie-Pacifique se sont rencontrés & Vancouver, du 19 au 25 novembre 1997, pour officiellement parler de A mise sur pied d’une zone de libre échange. Mais la crise financiére que connait —_actuellement certains pays de la région était dans tous les esprits. Au méme moment, les gens oeuvrant dans le domaine des droits de la personne ont tenu leur sommet dit du peuple afin de faire comprendre aux politiciens et aux gens daffaire que les considérations d’ordre social, environnemental... ne doivent pas étre exclus de leur ordre du jour. sia-Pacific Economic Cooperation (APEC) est un organisme fondé en 1989, dans le but de gérer linterdépendance économique des pays de I’Asie-Pacifique. La premiére réunion de ’APEC a eu lieu A Blake Island, au large de Seattle, il y a quatre ans. La rencontre de Vancouver aurait di normalement étre consacrée @ la promotion des échanges commerciaux. L’ob- “jectif majeur de ?APEC est la création d’une zone de libre échange en 2 010 dans les pays industrialisés membres et en 2 020 dans les pays en voie de développement. Les tenants du néo-libéralisme envisageaient de parler, depuis la _ capitale économique de la Colombie- Britannique, du dynamisme de P’économie des pays du Sud-Est asiatique et de s’appuyer sur cette donnée pour: chanter les louanges du libéralisme économique. Malheureusement pour cux, la cinquiéme réunion de PAPEC s’est tenue au moment méme ot nombre de pays asiatiques traversent l’une des plus graves crises financiéres de leur histoire. La Thailande, ’'Indonésie, les Philippines et la Corée du Sud ont successivement fait appel au Fonds monétaire mternational (FMI). pour trouver les crédits nécessaires A leur redressement économigue. En dépit de la banalisation du phénoméne a la fois par Jean Chrétien, qui estime que les pays asiatiques sont loin de la économique ct par Bill Clinton qui considére quill ne s’agit 1A que de petits pé pins, le Agcosinn monétaire qui sévit en Asic était bel ect bien inclus dans Vordre du jour officieux de PAPEC, récession Ainsi, le président mexican Ernesto Zedillo, dont le pays a rencontré des — problémes similaires, il y a deux ans, n’a pas ménagé ses efforts pour expliquer & ses collégues les mesures qu'il. convient de prendre pour faire face & une telle crise : « Il vous faudra mettre sur pied, le plus tét possible, un solide programme de stabilisation ». Notons au passage que le Mexique a remboursé la totalité de la dette contractée & cette époque et a renoué aujourd’hui avec la croissance économique. En fait, cette crise financiére, qui prend des allures d’épidémie, peut s’avérer, d’un point de vyue _ strictement économique, — profondément salvatrice pour les pays en question. Ce sera pour eux Voccasion de mettre sur pied une réglementation qui leur per- mettra de maitriser leur croissance économique jusqu ici phénoménal. Mais il leur faudra attendre 3 4 5 ans pour résoudre le probléme. REMISE EN CAUSE DE L’ORDRE DU JOUR Les participants au Sommet des peuples reprochent & PAPEC de n’avoir pas inclus ates son ordre du jour les questions touchant aux droits de la. personne, aux droits. des travailleurs, & la situation des femmes et des enfants... Selon les porte-paroles des organismes humanitaires, il est impossible d’établir une ligne de démarcation nette entre l’économique et le social. La pression exercée sur les autorités politiques par les groupes soucieux du respect des droits de la personne a fini par obliger certains représentants des pays membres de APEC a prendre position sur les questions relatives aux droits des travailleurs, & la liberté d’expression... Ainsi, suite & son entretien avec les dirigeants d’Amnesty International, _ le ministre canadien des Affaires étrangéres, Lloyd Axworthy, a dit aux représentants de PAPEC ct aux gens d'affaires « plusieurs personnes remettront en question une organisation qui ne se soucie que des affaires. L’APEC risque de rencontrer énormément de problémes si Pon contmue a négliger les droits de la personne, l’en- vironnement... » Le président américain Bill Clinton a, quant 4 lui, déclaré : « Des rencontres, comme celles de PAPEC, permettent — aux autorités politiques de s’entretenir, en privé, de la question des droits de la personne, Le premier ministre du Canada, Jean Chrétien, a ainsi promis d’aborder cette question avec le président chinois Jiang Zemin. Les organisateurs du Sommet des peuples ont allumé des bougies pour saluer le courage de tous ceux et de toutes celles qui sont victimes d’oppresssion de toutes sortes parce qu’ils entendent faire triompher les droits de la personne dans_ les pays asiatiques. Maria Rhie de United Korean Women Workers Association, Wan Yan Hai de Love and Knowledge (Chine), Palden Gyatso de Tibetan Centre dor Human Rights and Democracy qui a passé 30 ans dans les prisons chinoises, Win Myint Than de _ Burmese Dee. M30: sae a td Organization/Canadians Friends of Burma et Law Yuk Kai de Hong Kong Human Rights Monitor se sont succédé & la tribune, vendredi dernier, pour dénoncer les atrocités que commettent les gouvernements de la Chine, de l’Indonésie, de la Birmanie... Ils ont demandé aux autres pays de l’ APEC de cesser toute activité commerciale avec ces régimes autoritaires. Mais est-ce une solution, est-ce réaliste ? UNE APPROCHE PRAGMATIQUE L’exportation joue un réle de premier plan _ dans ?’économie du Canada. En effet, 40 % du Produit national brut ° des : Dans le méme ' la moitié des ° canadien exportations. ordre d’idée, exportations de la Colombie- Britannique est destinée aux pays asiatiques. Comment, dans provient ces conditions, demander au - Canada d’arréter toute relation - commerciale avec les pays qui - portent atteinte aux droits de la - personne ? Si le Canada refusait de faire du commerce avec la Chine, par exemple, les autres pays industrialisés se feraient un plaisir de le remplacer sur ce marché chinois que lon dit prometteur. Si boycottage il doit y avoir, cela doit étre global. C’est Pensemble des pays, ceux du G7 notamment, qui doivent, en méme temps, arréter de faire du commerce avec la Chine. Mais ga, c’est une autre histoire, et peut-¢tre un halo d’intentions pleuses Par ailleurs, plus de 50 % échanges — commerciaux effectués par les pays asiatiques se font & Vintérieur de leurs propres. frontiéres. C’est, en partie, pour cette raison qu’ils sont plus enclins de créer une zone de libre échange en Asie du Sud-Est, plutét qu’avec Amérique du Nord. Qui des deux entités économiques, lasiatique et le nord américain, a plus besoin de l’autre ? des Les représentants d’Amnesty International ont, eux, choisi dayoir une approche beaucoup plus pragmatique. « Le Canada ne doit pas cesser toute relation commerciale avec les pays dans lesquels la répression est monnaie courante, déclare Pierre Sané, secrétaire général d’Amnesty International. Un sommet comme celui de ?PAPEC fournit aux représentants des pays soucieux des droits de la personne une occasion pour exercer toutes sortes de pression sur des pays comme la Chine, l’Indonésie, la Birmanie... » Son collégue, Alex Currie, chargé des relations avec les gens d’affaires a Amnesty International, ne dit pas autre chose lorsqu’il affirme : « Les droits civils, sociaux et politiques sont inséparables des considérations économiques. Si APEC signifie affaires, alors les droits de la personne sont l’affaire de ’ APEC. » Selon Alex Currie, il est dela responsabilité des — gens d’affaires de rendre disponibles pour leurs employés des informations portant sur les droits de la __ personne, d’encourager la liberté d’expression et d’association au travail et d’adopter publi- quement des lois non discrimi- natoires en matiére d’emploi. « Les droits de la personne, ajoute- til, sont bons pour les affaires, car celles-ci nécessitent stabilité et sécurité. C’est pourquoi une compagnie comme Shell a fini par accepter de _ travailler réguligrement avec Amnesty International. » Les 18 représentants des pays membres de |’APEC ont quand méme parlé du sujet qui les intéressait au premier chef, a savoir le libre échange. D’ici 2010, les barriéres douaniéres seront supprimées pour 15 secteurs économiques. La suppression des barriéres en question doit étre effective dans des délais relativement courts pour 9 d’entre-eux, incluant la péche, les produits forestiers, deux domaines_ diactivité fondamentales pour I’économie britanno-colombienne. LipassE NIANG Pour mieux vous servir CARREFOUR CHRETIEN EVANGELIQUE @ Coquitiam service tous les dimanches matin 10 h 30 2665, Runnel Dr. Coquitlam V3E 1$3 Pasteur Normand Cholette. Tél. : (604) 464-2086 @ Vancouver Pasteur Robert Lapointe. Tél. : (604) 552-3589 @ Victoria Pasteur Dany Duguay. 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