L'enfant 4 qui on lit, chaque soir, quelques pages, aura le désir renouvelé de connaitre la suite de l'histoire. Quand il lira cou- ramment, il en viendra, de lui-méme, 4 découvrir le bonheur d'avoir un livre entre les mains, 4 devenir non pas un lecteur occasionnel mais ce que j'appellerai un "liseur" comme on est mangeur ou buveur. C'est le premier pas vers la culture. Dans le domaine de |'imprimé, le livre aujourd'hui a un concur- rent sérieux : la BD. Je ne tire 4 boulets rouges ni sur Tintin ni sur Titeuf. L'enfant lit dans les bulles, |'image peut |'aider, et c'est peut-étre le premier pas vers l'amour des choses impri- mées. Les BD sont d'ailleurs, au méme titre que les "polars", d'excellents divertissements. Mais il faut savoir que ce sont 1d, précisément, des divertissements, méme si certains atteignent un niveau de connaissances assez pointu. Ce n'est pas de la littérature. Personne ne peut nier le réle de |'école dans la propagation de la culture. Cette mission est-elle remplie ? Je ne connais pas suf fisamment les programmes de |’ enseigne- ment canadien pour en faire la critique. Mais j'ai su récemment comment ceux de France viennent d'étre aménagés et je crains de voir la francophonie éparse dans le monde influencée par cet exemple regrettable. Est-ce sous le prétexte fallacieux d'une politique égalitaire qu'on en est arrivé a niveler par le bas les acquis culturels ? Autrefois, dés l'dge de 12 ans, nous faisions connaissance avec «Iphigénie » et « Le Cid », nous apprenions par cour des poe- mes de Ronsard et de Verlaine. Aujourd'hui, on propose d'ana- lyser un article de journal plutét qu'une page des Essais de Montaigne ou une lettre de Madame de Sévigné. Merci 4 Geor- ges Brassens, 4 Léo Ferré d'avoir chanté Victor Hugo, Rute- beuf et Prévert ! Grace a eux, quelques vers de grands poétes ne seront pas totalement ignorés. Encore faut-il que ceux qui chantent « Sous le pont Mirabeau coule la Seine » sachent que les vers sont d'Apollinaire ! Suite en page 25 14