RN I LE ATE ET TES — li ae REACTIONS D’ICIETLA ... Par-dela la défaite de M. Bennett — Ainsi que cela se produit souvent dans le cas d’une machine rongée par |’usure, il aura fallu quelques accidents de parcours déplo- rables pour mettre fin au regne apparem- ment éternel de M. W.A.C. Bennett en Co- lombie-Britannique. Il y a dix jours a peine, le chef créditis- te paraissait assuré d’une huitieme victoire consecutive. S’il a suffi, selon plusieurs observateurs, des indiscrétions d’un collé- gue trop ambitieux et des manifestations de. atigue du chef pour renverser la vapeur, c’est qu’un changemert important était déja- en cours dans !’esprit des électeurs. M. Bennett a donné pendant vingt ans a la Colombie-Britannique un gouvernement intellectuellement assez court mais, tout compte fait, tres efficace, financiérement sain et fort spectaculaire. Depuis un cer- tain temps, le vieux chef commengait ce- pendant a radoter et l’on voyait s’éloigner de lui quelques-uns de ses meilleurs colla- borateurs. Cette expérience trop centrée sur la personnalité d’un homme ne pouvait guere prendre fin que par un affaissement. L’é- tonnant, c’est qu’elle ait duré si longtemps dans une province qui est a bien des égards Yune des plus avancees du Canada, puis qu’el- le ait soudain pris fin de facon aussi brus- que. _ @ Tout en devant se contenter de 39% des ‘suffrages, les néo-démocrates ont ample- ment merité. la victoire que M. Bennett a d’ailleurs été l’un des premiers a leur con- céder. Des trois partis principaux qui se faisaient la lutte, celui celui qui a enregistré les gains les plus impressionnants quant au total des voix re- cueillies. Comme personne, ou a peu pres, ne conteste en Colombie-Britannique le sys- teme de représentation uninominal a un tour, il lui revenait, en toute logique, de former le prochain gouvernement. Et personne, 1a- bas, ne criera au viol de la democratie ou au meurtre. é : Cette volonté du systeme n’efface aucune- ment, toutefois, le fait que les néo-démo- crates ne soit remontés a la surface que grace a l’éclatement de la coalition qui groupait depuis vingt ans les éléments con- servateurs de la province autour de M. Ben- nett. Conservateurs et créditistes (sans compter les libéraux, qui sont loin de ne compter dans: leurs rangs que des réformis- tes) ont remporté mercredi 582,000 voix, contre 3¢2,000 pour les néo-democrates. C’est dire que, si ces derniers ont pu profi- ter de divisions qu’accentuaient gravement chez leurs rivaux la rentrée en scene des conservateurs, ils ne représentent pas né- cessairement pour autant l’opinion majori- taire en Colombie-Britannique. Le parti de M. Barrett, 4 moins de vou- loir courir au suicide. ne pourra qu’opter, e M. Barrett est . dans ce contexte, pour la voie modérée qu’incarnent David Lewis, Ed Schreyer et Allan Blakeney. Le scrutin de mercredi n’en ouvre pas moins, pour lui et les. néo-démo- crates de tout le pays, des perspectives fort intéressantes quant a l’avenir. ‘ ® Avec sa traditionnelle vingtaine de dé- putés aux Communes. et ses succes petite ciaux longtemps confinés a la seule Saskat- chewan, le NPD fut longtemps consideéré, a juste titre; comme un parti marginal. On louait volontiers sa générosité et la qualité de ses représentants élus. On se montrait compréhensif a l’endroit des facteurs par- ticuliers qui avaient pu favoriser son suc- ces dans quelques regions. Mais on refu- sait de le prendre au sérieux comme parti de gouvernement. ‘ajoutant a celles de MM. Schreyer et - Blakeney, la victoire de M. Barrett modifie ces perspectives. Elle éléve a l'état de parti majeur un groupe qui tire son inspi- ration de la social-déemocratie plutét que du libéralisme traditionnel. Prenant es choses de plus haut (sans pour cela les déformer), on pourrait ajouter qu’a travers la NPD-Ontario et le Parti québécois, le courant social-démocrate occupe aussi, désormais, une place importante sur Y’échiquier politique dans les provinces centrales du pays. Par-dela certaines diffé rences d'étiquette, ne serait-il pas déja, de fait, l'un des deux courants dominants dans la politique provinciale a l’ouest de Québec? Nous avons souvent souligné qu’une facon, pour le Canada, d’échapper a l’enveloppement ameéricain, consisterait a se doter de véhicu- ,les d’action politique inspirés de modeéles eu- ropéens plutdt que du modéle états-unien. C’est peut-étre ce qui est en train de se pro-_ duire dans la politique provinciale, pendant sb la politique fédérale est encore sous la omination des marchends d’images. La responsabilité historique qui pese, en raison de ces implications, sur MM. Schreyer, Blakeney et Barrett est enorme. Ils doivent d’abord, certes, doter leurs provinces res- pectives de gouvernements plus efficaces que ceux que peuvent offrir leurs rivaux. Mais ils doivent aussi songer a la dimension nationale de leur expérience. Si la social-démocratie réussit.a établir hors de tout doute sa crédibi- lité, sa solidité et son efficacité dans les trois provinces ow elle détient désormais le pou- voir, ce pourrait étre la premiére phase d’un renouvellement en profondeur de la politique canadienne qui aurait l’ incontestable avanta- ge de n’étre pas une révolution mais de s’ins- crire en méme temps dans l’un des grands courants réformistes de la politique contem- poraine. Apres la victoire isolée de M. Schreyer au Manitoba, on pouvait parler avec vraisemblan- ce d’un accident imprévu. Depuis les victoi- res successives de MM. Blakeney et Barrett, cette interprétation n’est plus guere possible. C’est presque toute une region tres importante__ du pays qui opte ainsi pour la social-democra- tie. Cela vaut plus qu’un coup de chapeau su- , perticiel. Il convient de s’y arréter pour en mesurer la portée. Il vaudra ausgj la peine de suivre avec beaucoup d’attention le déroule- : ment de l’expérience: & Sire ee Pour le Crédit social de M. Bennett, la défaite de mercredi soir annonce Ja fin d’une expérience qui n’aurait jamais’ été possible sans la forte personnalité du’ chef vaincu par l’usure et par l’avenement d’une génération nouvelle qu’il ne pouvait plus comprendre. : Las des coalitions impuissantes qui reus- sissaient mal -a enrayer la menace que re- résentait la CCF, les conservateurs de la Colombie-Britannique s’étaient regroupés en 1950 autour du Crédit social. M. Bennett disparaissant, on doute que la coalition su-. rficielle survive a son départ. Dans la: aune politique contemporaine, le Crédit so- cial de M. Bennett se situe en effet a un point ‘tres difficile 4 définir. Il est a la fois tres conservateur et trés radical par certains co- -tés. On doute que ses contradictions, qui. purent se maintenir sous la forte direction de M. Bennett, puissent résister aux tensions inhérentes a l’action quotidienne sous un. leadership plus gris. : Les éléments conservateurs de Colombie- Britannique sont déja, de toute facon, aux prises avec un probleme aussi aigu que celui auquel doivent faire face leurs amis manito* bains. Regroupés, ‘ils constitueraient vrai- semblablement la majorité de la population. Divisés comme ils le sont présentement, ils- _risquent de faire longtemps le jeu des néo- démocrates. _< A propos des néo-démocrates. notons au ssage que leur succés en Colombie-Bri- nnique n’est aucunement le fruit du hasard. - L’existence de forts noyaux de pehsée poli- tique radicale en Colombie-Britannique re- monte a plus d'un demi-siécle et plonge a des sources intellectuellement tres riches. Déja, en 1945, l’ancienne CCF formait opposition officielle 4 la législature de Colombie-Britannique; depuis ce temps, elle n’avait jamais cessé, jusqu’a sa_ victoire @hier, de former !’ opposition officielle. Le long et patient itinéraire suivi depuis les jours d’Harold’ Winch (pére) pourrait servir d’utile theme de réflexion a nos fa- bricants québécois de manifestes électoraux. Ils apprendraient a cette école que la per- sévérance et le travail au ras du -sol sont beaucoup plus importants pour réussir en polnne que -les querelles de chapelles et le radicalisme de salon. poe ut-étre Colombie-Bri Une dé 20 ans VANCOUVER — Le dernier ouvernement créditiste du anada est tombé mercredi, apres 20 ans de reégne, pour faire place au.troisieme gou- vernement provincial néo-dé- mocrate, du pays. La retentissante défaite du. Crédit social de la Colombie- Britannique est survenue un.an exactement apres le renverse-- : 1972 NPD 415,307 (39% Pes) 337,252 (32% Lib 171,475 (16% PC 133,555. (13% Autres partis: 1,862 Totaux 1,059,451 2 z Qui est L COQUITLAM garcon s'est bien débrouillée’: © commentaire de Mme ‘Barrett, nouveau premier ministre de la | Britannique, _ alors qu’elle mercredi soir parmi la foule co! centre sportif de Coquitlam a | de son fils Dave yers le pendant vingt ans par le M. William Bennett. uvc rédit Amateur de biére, grassoul combatif, le chef victorieux du NI ‘bien vient de réaliser un vieux réve ‘Tl n’a.cessé en effet: de harceh dit social depuis son entrée au | en 1960, apres une carriére comme travailleur social. Il a | defait le parti au: pouvoir en m campagne modérée. Refusant d’emprunter le langag ses adversaires qui le traitaien' les noms — ‘“‘traitre au peuple” ’ le plus dangereux qu’ait eu le NF Barrett s’en est tenu aux enje ques de la campagne: il a ainsi pee de la législation ouvriére ¢ et l'institution immédiate de “I: torale la plus sévére au Canada.” - Entré en politique en 1959, de 41 ans était auparavant trav. cial et responsable de la formatic sonnel au pénitencier Haney. Ses tions publiques du systéme pénite lombien lui attirérent l’inimiti Robert Bonner, alors. procureu de la province et maintenant a ‘Le Devair,| Claude RYAN -Ons‘interroge sur ‘impact de ce vote OTTAWA - \- Si les résultats de la consultation électorale de mercredi, en Co- lombie-Britannique, ont donné Yoceasion de se réjouir aux néo-démocrates et aux conser- vateurs fédéraux, ils semblent n’avoir pas trop profondément touché les libéraux. . : On déclarait volontiers hier, en effet, dans les milieux li- béraux de la capitale, que la renversante victoire du néo- démocrate David Barrett se- trait vraisemblablement sans effet sur les élections fédé rales qui selon toutes les in- dications se tiendront le 30 octobre. Pour sa part le premier mi- nistre Trudeau, qui avait a une occasion taxé de bigoterie le précédent premier minis- tre colombien, M. W.A.C. Bennett, n’a eu hier que des -mots généreux a l’égard de Vhomme politique qui avait di- rigé le gouvernement de sa pro- vince pendant 20 ans. Le leader du NPD, quant 2! lui; s’est dit convaincu que son parti bénéficierait d'une partie de 1’élan populaire ma- nifesté en Colombie-Britanni- que, lorsque la population du’ pays serait appelée aux urnes fédérales. _ Enfin le leader du parti con- servateur, M. Robert Stanfield,’ a vu dans la défaite du Cr1é- dit social le signe selon lequel il se développe a l’heure ac- tuelle un vaste mouvement d’o- pinion qui pourrait se réper-- cuter dans les résultats de: n‘importe quelle élection. Le leader parlementaire du meme parti, le député Gerald Baldwin, estime de son coté ~ que la victoire néo-démocrate rendra les électeurs prudents au niveau fédéral.