jeux, de “Fumeries” d’Opium, de maisons de débauche et de maisons garnies (chambres a louer).* Les registres de détention de la police de Vancouver indiquent que les ruelles Shanghai et Canton faisaient, également, parties de ce district (elles étaient paralléles a la rue Carrall et perpendiculaires a la rue Dupont; elles furent fermées en 1948 pour raisons sanitaires, faisant place a des entrepots). LES AUTORITES VIS-A-VIS DE LA PROSTITUTION Les autorités se contentérent, tout d’abord, de contrdéler les allées et venues des prostituées, les limitant a leur district, ainsi que l’illustre cet entrefilet du “City News Column” dans le Daily News Advertiser: “Mabel Brown, jeune femme du soir bien connue sur la rue Dupont, a regu une amende de $5.00 pour s’étre promenée a bicyclette sur le trottoir de la rue Hastings, hier.”° Mais tout change en 1910, sous la pression de l’opinion publique. La ville grandissait et les réclamations s’accumulaient auprés des autorités demandant de nettoyer ce secteur. Un certain Monsieur Bird alla, méme, jusqu’a menacer la police de tourner un film pour en montrer la situation dans les rues de Vancouver, qu'il présenterait a Seattle, si rien n’était fait pour enrayer la prostitution.° Les prostituées furent chassées de leurs domiciles et la police ferma le district de la prostitution. Les réglements municipaux devinrent progressivement plus rigoureux ainsi que permet de conclure l’augmentation considérable du nombre de femmes arrétées pour prostitution entre les années 1898 et 1917, sous les man- dats divers de: services de prostituée, résidente de maison close, vagabondage, péripatéticienne, tenanciére de maison de débauche, racolage sur les voies publiques. Les punitions de ces délits allaient alors d’une simple amende (de $15 a 75) jusqu’a un emprisonnement de deux ans.’ Les prostituées se dispersérent dans la ville, mais ce n’est qu’aprés la deuxiéme guerre mondiale que les maisons closes disparurent tandis qu’apparaissaient les péripatéticiennes professionnelles.® LIDENTITE DES PROSTITUEES Il existe peu d'information sur l’identité des prostituées avant 12 LA PROSTITUTION A VANCOUVER AU TOURNANT DU SIECLE 1898, année ou la police commenca a contrdler le monde de la prostitution de la rue Dupont; ainsi qu’en témoignent les listes des registres de détention de la Police de Vancouver, les recensements des résidentes de cette rue étaient faits assez souvent (premier recensement Avril 1900, deuxiéme recensement en mai de la méme année). Une liste comparable datant de 1901 se trouve dans les archives du Major J.S. Matthews, premier archiviste de Vancouver. L’étude comparée de ces diverses listes permet de penser que la prostitution n’est qu’un travail transitoire pour un nombre de femmes dont les noms n’apparaissent qu’une fois, bien que pour certaines il semblerait exister une certaine constance de résidence. Les informations de ces listes d’arrestation permettent de faire mieux connaitre les caractéristiques générales de ces femmes prosti- tuées, leur origine ou nationalité. Entre 1898 et 1907, cinquante pour cent des femmes détenues |’étaient pour prostitution; leur moyenne d’age: 29 ans, la majorité d’entre elles ayant de 19 a 25 ans; les deux tiers d’entre elles étaient anglo-saxonnes (61%), 16% étaient francophones et 23% étaient noires venues des Etats Unis; le nombre total de femmes arrétées entre 1898 et 1907 était de 51. Les francophones venaient de France et ce n’est qu’en 1912 qu’apparaissent les noms de Canadiennes francaises. En conclusion, quel qu’ait été le caractére moral du travail des femmes ayant vécu de prostitution lors des débuts de la communauté de Vancouver et du développement de la C.B., ce travail s’inscrit dans le contexte de histoire des pionniéres de cette province et il ne peut pas étre ignore. NOTES INFRAMARGINALES 1. Deborah Nielsen, “The Social Evil”: Prostitution in Vancouver, 1900-1920”, dans Barbara Latham et Cathy Kess, ed., In Her Own Right, Victoria: Camosun College, 1980, p. 206. 2. Vancouver Daily News Advertiser, “Echoes of the Street”, Mai 28 1886, aoat 24 1886, octobre 10 1886. 3. Manuscrit rassemblé par le Major J. S. Matthews a propos de la rue Dupont. Ce manuscrit se trouve aux Archives municipales de Vancouver. 4. Section of Fire Insurance Map of Vancouver, November 1889. Chinatown.