aed wget 4 a - _ —_ oa ae ee — Halloween. Roger Dufrane / Halloween! Ce mot sonne 4 nos oreilles comme l’hallali de 1’été. D’od vient-il 7 Il provient, disent les tymolo- gistes, de l’expression an- glaise ‘‘Holly Even’’, qui signifie ‘‘Veille de la Tous- saint’’. Pourtant, sous cette appellation christiannisée se maintient une commémora- tion ancestrale, remontant a bien avant le christianisme< Les peuples de la préhis- toire célébraient des céré- monies “excorcisantes, que nous commémorons au cours de l’année et dont les pro- fanes ignorent le sens pro- fond. Halloween est de celles-ci. Exposés aux in- jures d’une nature qu’ils ne savaient comment domesti- ‘quer, les hommes primitifs recouraient 4 des paroles magiques et 4 des rites sin- guliers. Ils espéraient ainsi apaiser cette mére impito- yable qui, rieuse 1’été, hur- lait ’hiver par la voix des loups et des tempétes. Et comme, dans ses pro- fondeurs, la nature humaine se ressemble partout, on re- trouve aux quatre coins du globe les mémes gestes, les mémes rites. Pour n’ensig- naler qu’un, disons qu’entre les deux guerres, dans les bourgs du Hainaut, non loin de la frontiére frangaise, en fin octobre, creusaient dans une betterave un masque de sorciére. Ils allumaient une bougie A l’intérieur, et ils allaient balancer cet épou- vantail, le soir, auxfenétres des bonnes gens. Une cou- tume de ce genre existe 4 Vancouver, ot les enfants Belgique, les jeunes gens, | taillent une citrouille qu’ils plantent au seuil de la mai- son Aa l’occasion de Hal- loween. Halloween représente la survivance en notre vingt- iéme siécle de traditions remontant A des milliers d’ années et associées 4 la ré- surgence de l’hiver. A cela s’ajoute le vague souvenir des croyances aux gnomes et aux lutins, qui sortaient de terre pour souffler des étincelles A la barbe des campagnards et jouaient d’ autres tours pendables. Dans la féte d’Halloween telle que nous la connais- sons, les enfants sont les acteurs principaux. Ce sont eux qui assument le rdle des lutins; et les étincelles qu’ ils font jaillir 4 notre barbe -proviennent des pétards a- chetés dans le magasin chi- nois du coin de la rue. Pour en revenir aux lutins de ja- dis, disons que, sans €tre méchants, ils se montraient capricieux. Mais on pouvait se les gagner par des ca- deaux, comme aujourd’hui on se ménage les espiégleries des enfants 4 Halloween en leur distribuant pommes, noix et bonbons. Les coutumes de nos an- cétres, nées de la peur et de 1’ignorance des lois de la nature, sont descendues du monde des adultes 4 celui des enfants; et, grands en- fants que nous sommes, nous y participons. Derriére les jeux d’aujourd’hui se per- coivent les motifs profonds qui les ont suscités. Motif principal: la peur du destin. Mais faut-il avoir peur de 1’ hiver ? Il le fallait jadis. Les fauves, le feu qui pouvait dans une rafale s’éteindre, les maladies, autant de me- rnaces qui faisaient de l’hiver un passage redoutable. Nous voici bien au chaud derriére la porte. On toque. Y a-t-il de quoi s’alarmer? Non! Au-dehors éclatent les pétards et les rires. Le vingtiéme siécle nous laisse rarement seul. La société veille autour de nous. Mais reportons-nous au moyen age. Toc! Toc! Qui va 14?Si- lence, peur et solitude. Sera- ce un messager de bonheur ou de malheur? Non! nous retombons au _ vingtiéme siécle. Je reconnais les en- fants du voisin: la petite Margaret sous la mantille de Carmen et son frére en Zorro masqué. Ils me tendent leurs sacs de toile blanche et j’y jette des bon- bons. Ii faut donner un gage pour s’épargner les mauvais tours des gobelins. Les pionniers de 1’Amérique du Nord, sous la hantise des grands arbres, se sont sou- venus des Halloweens de leur pays natal. Ils ont gardé cette tradition, alors qu’ils en ont oublié d’autres. Tis habi- taient, ceux de l’ouest com- me ceux de l’est, une cabane de rondins. La lumiére de leur plus proche voisin bril- lait, le soir, aufonddes bois. Et les enfants 4 la fenétre croyaient voir la-bas, dans les taillis, la lueur rou- geoyante de la maison de |’ ‘Ogre out allaient frapper le Petit fréres. Poucet et ses sept Arts “PEINDRE est un’ vieux réve pour moi. J’ai tou- jours eprouvé un amour et un grand respect pour la peinture, et la confiance en mes_possibilités créatrices a été longtemps freinée par _ ce respect que j’avais de- vant les oeuvres d’autres artistes. Mais maintenant je ne doute plus de mon pouvoir de création.- Tout homme a en lui un désir profond de pureté et de beauté.” C’est chaque jour qu'il nous faut reinventer la grandeur de l‘homme, me dit Michel Bourguignon. Depuis un an, il peint sans relache. Il cherche des images qui soient sien- nes, et dans lesquelles’ il puisse se reconnaitre. Per- sonne n’est completement a labri des influences, avoue-t-il, cependant cest cette lutte pour se conqué- rir soi-méme qui est satis- faisante. Bourguignon con- nait la peinture pour avoir, en autre, travaillé pendant 7 ans dans le domaine de la diffusion des arts plasti- ques, notamment chez “Ar- tistica”. C’est au contact de reproductions de mai- tres. et de lithographies ori- ginales qu'il a conservé cette ferveur_ pour la pein- ture. ee lui tres Une volonté de vie authentique — Ce qui frappe chez Bour- guignon, c’est cette volonte de vivre, par son art, d'une facon plus authentique et _ personnelle, au prix méme de renonciations et de sa- crifices cofiteux. Ce besoin d’atteindre une certaine qualité de vie, une qualité d’étre, transparait dans ses oeuvres. Bourguignon a be- soin de se conquérir lui-mé- et de redécouvrir chaque geste, chaque forme, cha- que couleur. Il travaille ra- pidement, a la_ spatule, avec de la peinture acryli- que, et jamais sur de grands formats. I peint par séries, insistant parfois sur les structures qui ren- dent son unité a l’oeuvre, ‘ou. encore sur les rapports intimes qui se nouent entre deux ou trois couleurs. Sur des fonds Adominante noire, des formes se con- tractent ou se gonflent, les volumes se découpent, les nuances de teintes s’adou- cissent. On y découvre un espace propre, ou chaque chose évoque toutes choses. C’est une premiere expo- sition pour Michel Bourgui- gnon. qui présente 40 oeu- Michel Bourguignon a la Boutique Soleil Sur des fonds a dominante noire vres a la Galerie de la Boutique Soleil. La décou- verte de ce jeune peintre montréalais sera sans doute: peur =: '&, tres ‘intéressante.” son art®’ que’! qu'il veut assuimer ses choix et ses responsabilités ‘d’homme. Peindre, c’est pour lui une nouvelle fagon de vivre, une facon de ten- ter de maitriser les choses oti ites eases de j ae