page 6 - L'Entrepreneuriat francophone: la clef du succés Suzanne Bugeaud Stradecki et Alda Huel Des femmes qui ont le sens des affaires Geneviéve Gouin Femmes, francophones hors- Québec, et en affaires. Elles existent ces femmes qui ne voient par leur condition comme un handicap mais plut6t comme un atout inestimable, et plusieurs d’entre elles l’ont prouvé. Suzanne Bugeaud Stradecki, avocate, et Alda Huel, gérante des ventes pour la compagnie New York Life assurances en sont deux exemples probants. Elles ont toutes deux pris le taureau par les cornes et témoignent aujourd’hui des difficultés mais aussi de la satisfaction que leur a apporté leur vie de “femmes d’ affaires”... Le droit comme outil d’intervention... A 42 ans, aprés 14 ans de pratique dans le droit familial, Suzanne Bugeaud Stradecki projette l'image d’une femme décidée qui sait bien défendre ses opinions. Mais derriére l'image, on en apprend La semaine nationale des Petites et Moyennes entreprises m’offre l’occasion de féliciter tous les beaucoup. plus. sur_ les motivations et les choix - l’ont conduit a.une carriére qu’elle méne avec brio. Elle constate maintenant que son succés en tant qu’avocate n’est pas étranger au fait qu’elle ait suivi un cheminement sans prendre d’engagements auxquels elle n’était pas préte a faire face. C’est pourquoi elle franchira, en septembre, une nouvelle étape de sa carriére: un partenariat avec la firme Bertram, Scrivens & Prior, a Régina. Cette nouvelle situation s’avére €tre un pas important qui indique que tous les sacrifices et les compromis auront tout de méme porté ses fruits. Native de |’ Alberta, madame Stradecki a entrepris ses études de droit en anglais, 4 Edmonton. Toutefois, elle portait un vif intérét pour les beaux-arts, domaine dans lequel elle a également obtenu un dipléme. C’est par le jeu des circonstances qu’elle s’est dirigée vers des études qui COMMISSIONER OF LANGUES OFFICIELLES OFFICIAL LANGUAGES COMMISSAIRE AUX CANADA OBJECTIF COMMUN: , UN SERVICE DE QUALITE En qualité d’ombudsman linguisti- | que, je partage ce code d’éthique qui veut que le client ait toujours n’avaient rien 4 voir avec l’harmonie des couleurs et les coups de crayon. En 1970, elle se rend 4 Montréal au beau milieu de la crise felquiste; en fait, son arrivée concorde avec la macabre découverte du corps de Pierre Laporte. Cet événement n’aura fait que déclencher en elle une crise de conscience, puis le choix d’une nouvelle orientation. “Je réalise ce qui se passait au nom de la langue, au nom de la politique, et je me suis dite que ce n’était pas le temps d’étre artiste mais de faire une analyse des caractéristiques, des traits et des aptitudes que je possédais afin de pouvoir ajouter mon grain de sel a de telles situations”, raconte-t-elle. Le défi stimulant assurances... Originaire de Gravelbourg, Alda Huel n’a rien 4 voir avec ce qu’elle décrit elle-méme comme image du vendeur d’assurances vétu de polyester des: chefs d’entreprise qui, en plus d’agir comme moteur de l’économie canadienne, permettent a leurs concitoyens et concitoyennes de travailler et d’étre servis dans les deux langues officielles. Ils contribuent ainsi au rayonnement de nos deux cultures principales tant au pays qu’a 1’étranger. raison. Je dois veiller 4 ce que les Canadiens et les Canadiennes soient traités équitablement en francais et en anglais par le gouver- nement fédéral. Cela s’applique | aussi bien dans les services et communications avec le public que dans le milieu de travail des fonctionnaires. La notion d’équité | résume tout le sens et toute la valeur de la Loi sur les langues officielles. | Le Commissariat aux langues officielles est a votre service ! Si vous croyez que certains de vos droits linguistiques ne sont pas respectés, n’hésitez pas a nous en informer. Victor C. Goldbloom Commissariat aux langues officielles, 110, rue O’Connor, Ottawa (Ontario) K1A OT8. Téléphone : (613) 996-6368. Nous acceptons les appels a frais virés. Télécopieur : (613) 993-5082. et de bas blancs qui cogne a votre porte. Ce n’est d’ailleurs pas ce qu’on devrait s’imaginer, puisque loin d’étre une profession risible, le domaine des assurances est plutdét un milieu ot les compagnies se font une féroce concurrence. Cela fait maintenant sept mois qu’ Alda Huel occupe le poste de gérante des ventes. En plus d’étre épouse, mére de deux enfants, de s’affairer 4 faire de l’entratnement, du recrutement et de s’occuper de ses propres clients; elle trouve quand méme le temps de s’impliquer au sein de la communauté et de faire du conditionnement physique! La décision d’entreprendre une carriére est née de raisons d’ordre financier. La famille avait besoin d’un revenu supplémentaire puisqu’il devenait difficile pour l’époux de Mme Huel de continuer a oeuvrer dans le domaine de la construction. Au lieu de travailler a l’épicerie du coin ou d’étre secrétaire dans une entreprise locale, Alda Huel a opté pour une carriére dans les assurances, non parce qu’elle refusait de prendre un emploi a rémunération moindre, mais parce qu’elle sentait que l’expérience acquise grace a son implication devait lui permettre d’effectuer un travail plus stimulant. Tout comme Suzanne Bugeaud Stradecki, l’aboutissement a cette nouvelle carriére fait partie d’un cheminement. “Lorsque j’étais plus jeune, je n’avais pas assez de confiance en moi- méme; je n’aurais jamais pu faire ce que je fais maintenant”, explique-t-elle. Pourquoi pas le Québec? Pratiquer le droit ailleurs que dans l’Ouest canadien n’a jamais vraiment effleuré |’ esprit de Suzanne Bugeaud Stradecki. “Je savais que quel que soit mon choix de carriére, il fallait qu’il incorpore un élément francophone, mais ce n’était pas nécessaire pour moi de travailler en frangais.” De fait, 1’€lément francophone est présent dans la profession de Mme Bugeaud puisqu’il constitue une certaine part de sa clientéle. Pour sa part, Alda Huel n’aurait jamais songé a faire démarrer sa carriére au Québec. Elle voit surtout la chose comme un prolongement de sa carriére, un nouveau défi qui pourrait bien se présenter a elle dans le futur, mais le Québec n’était pas pour elle le choix incontournable. Exceptions 4 la régle? Or, si l’on est femme et francophone, est-il possible de réussir en affaires sans s’exiler au Québec? “Pas de problémes”, selon Alda Huel, mais “ga dépend des domaines”, souligne Mme Bugeaud Stradecki; “il y a des domaines ot ces atouts sont plus facilement appréciés et reconnus que dans d’autres (...). Ces domaines sont moulés par la scéne_ politique et économique de jour en jour”. Dans le monde des assurances, Alda Huel a déja remarqué que le fait d’étre femme peut étre un atout. Certains clients jugeront qu’une femme est plus réceptive et plus attentive a leurs besoins, explique-t-elle, “donc, ils se sentiront plus en confiance”. Certes, étant femme, on doit parfois se heurter au scepticisme et au chauvinisme des hommes, a l’agressivité de ses semblables et au fameux “male bonding” qui fait en sorte que les hommes du bureau jouent au golf entre eux et pas avec vous, mais ce ne sont que quelques tracas qui viennent avec |’emploi et qui ne vous empéchent pas de réussir si vous étes armés de motivation et d’ ambition. Quant au frangais, il ne s’agit pas d’un “must” au travail, et si V’ attitude des femmes francophones hors-Québec vis- a-vis leur langue en est une des plus fidéle, cela n’empéche pas qu’elle s’adapte a la réalité linguistique de leur milieu. Le Québec ou tout autre marché francophone plus grand ne constitue pas nécessairement une aspiration qu’elles ont toujours eu; au contraire, il peut se présenter comme une nouvelle étape de leur carriére, sinon tant pis. Pour elles, il y a tout autant de possibilités ici qu’ailleurs, et quelque chose d’encore plus profond les y retient qu’elles ne retrouveront nulle part ailleurs: leurs racines. Le monde des affaires, lui, peut sourire 4 qui en a le “sens”. Que vous soyez Japonaise, Mongole, Néerlandaise ou Zoulou, si ce domaine correspond a “votre” choix et que vous possédez la motivation nécessaire, il s’ offre tout grand a vous... Donnez I’ espoir qui fait vivre. Merci de votre aide bénévole. g LA FONDATION CANADIENNE DU REIN