Lettre ouverte : colére froide. Dans le numéro du mois d'Aott de notre sympathique "Moustique", j'ai lu, page 17, que I'école Pie XII et son directeur se sont montrés intéressés par le Prix Hubert Reeves. Quelle excel- lente idée de baptiser un Prix du nom d'un scientifique aussi sym- pathique que célébre et connu mondialement! Mais ai-je bien lu? Est-ce vraiment Pie XII le nom de cette école? Ou bien ce qu'on appelle une coquille involontaire au moment de impression ? Peut-étre était-ce Pie XI au lieu de Pie XII ? En ce cas je n'aurais rien a dire. Une école catholique a bien le droit de s'orner du nom d'un pape! Mais si l'impression du journal n'est pas a mettre en accusation, s'il s'agit réellement de Pie XII , je reste confondue de- vant un tel choix. Ne saurait-on pas, dans les écoles de Chateau- guay, que ce pape favorisa la montée du nazisme? Quill n'a ja- mais élevé la voix pour blamer Hitler? pour fustiger les camps de concentration? qu'il a fermé les yeux et sa conscience devant la volonté d'extermination des Juifs? On rétorquera peut-étre que le Vatican a caché, justement, quelques Juifs. Je sais, tous les colla- borateurs de cette €poque ont eu a leur actif quelques bonnes ac- tions pour sauver la mise. Fort heureusement, de nombreuses communautés religieuses des pays occupés - monastéres, couvents - se démarquérent alors de la papauté et accomplirent, connaissant tous les risques, leur de- voir de chrétien (cf. a ce sujet I'émouvant film de Louis Malle, "Au revoir les enfants", qui retrace un souvenir de I'auteur). Le choix, pour le nom de baptéme d'une école catholique, a toujours été large : héros, personnages mystiques, grandes figures de la reli- gion. . .Mais choisir Pie XIl ? Non! C'est incongru, immoral, ou bien c'est faire montre d'une ignorance historique totale que l'on n'attend pas des membres du corps enseignant. Je reviens juste d'Auschwitz. J'ai visite les camps | et Il, le deuxieme, Auschwitz-Birkenau, étant un camp d'extermination. J'ai vu les espaces restreints réservés a la paille des "lits" ot l'on se couchait téte-béche avant d'y mourir.