: 4 Une université francophone en Ontario? par Jacqueline Pelletier une université franco- ontarienne, rien de moins. L’ Association canadienne-frang¢aise de l’Ontario (ACFO) en a fait une de ses priorités depuis son assemblée annuelle de juin 1989. «C’est un modéle qui, bien sir, va affecter les institutions ac- tuelles» reconnait Rollande Soucie, présidente de 1’ ACFO. «Mais ce n’est pas parce que cela demande un changement, méme un changement impor- tant, qu’il ne faut pas y penser! Il faut s’adapter aux réalités nou- velles de notre société actuelle». L’ACFO a provoqué un dé- bat orageux parmi les universi- taires. Le débat est fondamenta- lement simple: laquelle, entre l’université bilingue et l’univer- sité frangaise peut le mieux ser- vir 1’Ontario frangais? Mais une autre question, celle-la plus complexe, vient compliquer les affaires: c’est celle de la viabili- té. L’urgence saute aux yeux: proportionnellement, la fréquen- tation universitaire par la popu- lation franco-ontarienne est deux fois moins élevée que celle des anglophones. Pourtant, 14 600 francophones étudiaient a temps partiel ou 4 temps plein dans les universités de la province, au cours de l’année scolaire 1987/ 1988. Mais seuls 66 program- mes étaient offerts en frangais contre 334 en anglais! L’Université Laurentienne de Sudbury et son collége affilié de Hearst offrent quelques pro- grammes entiérement en fran- gais. A Toronto, le Collége bi- lingue Glendon de l’université York offre une dizaine de pro- grammes, tous dispensés dans les deux langues officielles. A l’université d’ Ottawa, exception faite des sciences et de la méde- cine, la majorité des program- mes sont offerts en francais. Mais la population étudiante anglo- phone augmente, tandis que la population francophone de- meure relativement stable. Selon certains, l’écart gran- dissant entre les deux groupes produit un résultat inéluctable: la disponibilité de cours en fran- ¢ais diminue. On parle d’une grave pénurie de manuels et on déplore l’existence de cours dits «francais» mais en réalité of- ferts en anglais. Plusieurs affir- ment ne plus sentir un «milieu de vie» frangais a 1’ Université d’ Ottawa. Succés a Moncton En réponse 4 ceux et celles qui font valoir l’importance du bilinguisme et de]’ouverture sur le monde que favorise la cohabi- tation, les partisans et partisanes de l’université franco-ontarienne brandissent les données statisti- ques sur l’assimilation. Aussi, l’Université de Moncton ov tout se fait en francais, est cité en exemple. En 1963, Moncton accueillait quelques 600 étudian- tes et étudiants. Aujourd’hui, plus de 5 000 sont inscrits dans une centaine de programmes des premier, deuxiéme et depuis peu, du troisiéme cycle. Fernand Arsenault, doyen de la faculté des Arts, a1’ Universi- té de Moncton, déclare que «l’université a déja donné au- dela de 25 000 gradué-e-s au marché du travail. Méme dans le domaine de |’industrie et du commerce, on fait de grands progrés.» Le milieu des affaires acadien estime que 1’existence de 1’Université de Moncton est un facteurdéterminanta lacrois- sance économique du Nouveau- Brunswick: la province connait, depuis une dizaine d’années, le taux de création de petites et moyennes entreprises nettement le plus élevé au Canada. Il est vrai qu’au moment dela fondation de l'Université de Moncton, la région de 1’ Atlanti- que possédait peu de ressources pour sa population acadienne. En Ontario au contraire, il fau- drait aujourd’hui démanteler le réseau des universités bilingues. «Ameéliorons plut6t réclament certains. Mais les partisanes et partisans de l’université franco- ontarienne partagent la convic- tion que seule une institution distincte peut éveiller 1’intérét des jeunes francophones pour les études universitaires: ce fut le cas en Acadie avec la création de 1’ Université de Moncton. Les adversaires du concept d’une université entiérement frangaise y opposent leur con- viction qu’il serait impossible de recruter un nombre suffisant d’étudiantes et d’étudiants pour offrir une gamme compléte de programmes. Difficile aussi de constituer un corps professoral: les compétences seraient insuf- fisantes et on ne voudra pas s’associer aune institution d’en- vergure reStreinte, notamment, enrecherche. On affirme de plus que forcément petite, l’univer- sit€é franco-ontarienne ne pour- rait s’attirer le respect des mi- lieux universitaires. Enfin, 1’ ar- gument pragmatique et sans doute le plus facile 4 démontrer: jamais, 4 moins d’y étre forcées, les uniyersités dites bilingues renonceront aux sommes consi- dérables qu’elles regoivent pour soutenir leurs services et pro- grammes francais. Au service de la communauté De leur cété, les concepteurs de l’université franco-ontarienne veulent innover. Ilsencouragent la notion d’une université au service de sacommunauté. Point de ralliement, outil de promo- tion culturelle et de développe- ment social et économique, cette université serait fondée sur le «bon sens»: structure souple, élaboration d’un devis pédago- gique conforme aux ressources, intéréts et besoins de 1’Ontario francais, reconnaissance des retards historiques qu’a subi la communauté et nécessité d’in- nover pour y pallier. En méme temps, la princi- pale du Collége Glendon, Ro- seann Runte considére que «peut-étre y a-t-il place pourune université francophone. Mais il doit aussi y avoir une place pour une institution comme la nétre qui, par sa politique de bilin- guisme intégral, crée des ponts entre les cultures. Les universi- tés bilingues de 1’Ontario pour- suivent leurs efforts de collabo- ration pour mieux répondre aux besoins de ]’Ontario frangais». Finalement, sous le gouver- nement de David Peterson, la tendance est aux institutions distinctes en Ontario: Conseils scolaires de langue francaise; Cité collégiale dans 1’Est, col- lége frangais d’ arts appliqués et de technologie; cliniques de santé communautaire francaises; deux chaines a la télévision éducative provinciale. Ces faits: représentent-ils un indice vala- ble pourle dossier universitaire? Chose certaine, les enjeux sont grands et plusieurs hésitent encore a prendre position. Mf Jacqueline Pelletier est ani- matrice @ la Chaine francaise de TVOntario. (a Grand'Terre; ¢ modification de la loi scolaire provinciale afin qu'elle reconnaisse le droit a l'éducation en francais pour sa minorité de langue officielle ainsi que le droit de gestion; * soutien aux parents de Labrador City pour le maintien de leurs acquis en éducation et e classes d'alphabétisation. LA FEDERATION DES FRANCOPHONES DE TERRE-NEUVE ET DU LABRADOR TRAVAILLE ACTIVEMENT AVEC LE MOUVEMENT DE PARENTS PROVINCIAL POUR QUE CEUX-CI PUISSENT VOIR LEURS ENFANTS INSTRUITS DANS LEUR LANGUE MATERNELLE ET QU'ILS PUISSENT BENEFICIER D'UNE EDUCA- TION DE QUALITE Notre implication dans le domaine de l'éducation est vaste: * ouverture de la premiére école francaise de la province en février 1989, le Centre scolaire et communautaire Ste-Anne a La * soutien aux parents francophones de St-Jean qui sont présentement devant les tribunaux pour l'obtention de classes francaises; ¢ implantation de programmes frangais de qualité partout ot il y a des communautés franco- phones dans la province; L'EDUCATION, UNE PRIORITE ee ing 4 & 6 O66L "Ae Z Np eUjEWeS ‘}]| EWN|OA-«jeUOHeEN NelUy» :uo}eonpyZ .