Saint-Mihiel en Lorraine (suite) En 843, l'empire de Charlemagne fut divisé en trois parties : a l'ouest la Francia, a l'est la Germania, la partie médiane échut a Lothaire et fut appelée la Lorraine. Cette position intermédiaire valut a ce territoire d’étre souvent tiraillé au cours de son histoire entre la France et 1’ Allema- gne. Et méme d’appartenir en 1736 a Stanislas Leszcynski, roi de Pologne, chassé par les Russes, qui renonga a sa couronne mais recut en compensa- tion la Lorraine. C'est lui qui dotera Nancy de sa trés belle place Stanislas. En 1766, la Lorraine est rattachée au royaume de France. Saint-Mihiel dut son rayonnement 4 son abbaye fondée dés 709 par l'abbé Smaragde, conseiller personnel de Charlemagne, et transférée en I'an 815 a la place qu'elle occupe toujours aujourd'hui. L'abbaye est confiée a des Bénédictins et dédiée a l'archange Saint-Michel d'ou le nom de I'ab- baye, de l’église et de la ville. Les Bénédictins encouragent les arts qui s'épanouissent pleinement au seiziéme siécle, le grand siécle lorrain avec ses orfévres, ses tapissiers, ses verriers, ses sculpteurs, etc.. En 1506, nait a Saint-Mihiel le sculpteur Ligier-Richier qui crée une école a laquelle appartiendront par la suite ses fils et petits-fils. Il a laissé de nombreuses sculptures en Lorraine mais son chef-d'ceuvre se trouve dans |’autre église de la ville, I'église Saint-Etienne. C'est la Mise au tombeau, ou le Sépulcre, comprenant une scéne de treize personnages un peu plus grands que nature, taillés dans la belle pierre de la région. Au pre- mier plan, Joseph d'Arimathie et Nicoméde soutiennent le corps du Christ dont Marie-Madeleine agenouillée baise les pieds. Au second plan, la Vierge éplorée est retenue par saint Jean tandis que dans le fond deux sol- dats jouent aux dés sur un tambour. Le Sépulcre frappe par I'harmonie de sa composition, la perfection de l'anatomie, l'expression des visages, le naturel des poses, la précision des moindres détails; le Sépulcre constitue un ensemble d'une rare beauté. La maison et I'atelier de Ligier-Richier existent toujours au numéro 7 de la rue Haute-des-Fosses. Les Bénédictins se distinguent également par leurs écrits. En 1775, perpendiculairement au palais abbatial, ils font construire un bel édifice pour leur bibliothéque riche d'ouvrages trés anciens et fort rares. Aujourd'hui, le fonds bénédictin contient prés de 9000 livres dont 74 ma- nuscrits du IXéme au XVI éme siécles et 86 incunables (livres imprimés au 8