Volume6 - 2¢ édition

Le Moustique

L'histoire que raconte Philippe Labro dans La
traversée n'est pas imaginaire. II s'agit d'un épisode
vécu lors d'un séjour de six semaines a I'hépital
Cochin, dont dix jours passés en salle de
réanimation. Incapables d'identifier la maladie, un
cedéme qui I'empéche de respirer, les médecins
attendent les résultats de l'analyse des
prélévements envoyés au laboratoire. Philippe
Labro reste donc attaché sur son lit, en reanimation,
perfusé, tubé, délirant. C'est la qu'il fera l'expérience
de mort approchée que les Américains appellent
Near Death Experience.

Il va entreprendre de raconter ce voyage
immobile sur un lit d'hépital, voyage qui le conduira
aux portes de la mort. II utilise "des mots simples,
authentiques et sincéres", et on retrouve dans ce
livre le style de Labro, qui est avant tout homme de
“communication”, célébre en France dans la presse
écrite et télévisuelle. La dizaine de romans qu'il a
écrits ont comme point de départ des éléments
précis de sa vie, et son style est toujours clair, sans
affectation, en fait, comme devrait I'étre le style
journalistique.

Au cours de cette traversée, l'auteur, assommé
par les médicaments, est la proie de cauchemars et
d'hallucinations au cours desquels il perd la notion
du temps et revoit des moments de sa vie passée. II
sent aussi, qui se livre en lui, un combat entre les
forces de la vie qui veut lutter pour vaincre la
maladie et celles de la mort qui apparait sous
diverses formes et lui fait signe de venir le

Nouveaux membres :

ISSN 1496-8304 Février 2003

rejoindre. Tantét elle est représentée par la
présence d'une infirmiére de nuit dont il croit
entendre les paroles, tantét par de petits
bonshommes qui essaient de I'attirer. Ce combat
est celui des deux aspects de sa personnailité, l'un
prét a se résigner, a accepter la mort, l'autre qui
est I'instinct, ou le désir de vivre, et qui donne a
son esprit et a son corps la volonté et la force de
se battre.

Pour Labro, cette rencontre avec la mort n'est
pas le seul fait des médicaments hypnotiques ou
morphiniques qui lui sont administrés. Il rejette
comme trop simple ou trop raisonnable une telle
explication. Il partagerait plutét l'opinion de
Balzac qui, a plusieurs reprises dans ses
ouvrages, parle de “puissance inconnue" qui visite
ceux qui ont connu cette expérience de mort
approchée.

Paul Genuist
Philippe Labro, La traversée, Gallimard, Paris,
1996, 301p

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